Tiens, une fleur rouge, là, près de ma main, sur une petite saillie au milieu de la paroi rocheuse. Elle a une longue tige élégante, des pétales étroits. Je serais bien en peine de l'identifier. Et je serais bien incapable de tirer de ma poche un guide sur les fleurs sauvages et de le consulter.

Je suis agrippée à la paroi, les doigts serrés dans de petites fissures, le bout des pieds placé sur des protubérances.

 

Mais ma position n'est pas vraiment inconfortable. Elle est même parfaitement sécuritaire: si je glisse, je serai retenue par une corde attachée à mon harnais. En bas, un copain, André, contrôle le glissement de la corde, sous les yeux attentifs de Maria, d'Horizon Roc.

Avec mes camarades, je participe à une activité d'initiation à l'escalade de roche, organisée par Horizon Roc, dans un endroit des plus exotiques, l'île Sainte-Hélène. On y trouve une petite paroi bien sympathique, gérée par la Fédération québécoise de la montagne et de l'escalade. C'est l'endroit idéal pour s'initier, à quelques minutes de marche de la station de métro Jean-Drapeau.

L'escalade de roche est cependant à prendre très au sérieux. Ma première constatation: c'est un sport très sécuritaire, pourvu qu'on sache comment s'y prendre. Heureusement, plusieurs organisations proposent divers niveaux de formation.

Mais avant de se lancer corps et âme dans cette discipline, une initiation est conseillée, histoire de vérifier si on aime suffisamment le sport, si on apprécie le fait de se retrouver dans un monde vertical, quelque part entre le ciel et la terre. D'où ma petite escapade à l'île Sainte-Hélène. La paroi n'est pas bien élevée, mais elle comporte plusieurs voies aux difficultés diverses.

Après avoir bien fixé nos noeuds, Maria nous envoie sur des voies assez faciles, de quoi nous mettre en confiance. Il fait beau et chaud, mais à l'ombre de la paroi, il fait bon, une petite brise fait bruisser les feuilles des arbres, tout en haut de la paroi. Même si le pont Jacques-Cartier est à deux pas, on se sent bien loin du brouhaha de la ville.

 

À Val-David

La température est un peu moins clémente lorsque je me retrouve à Val-David pour une initiation plus poussée. Il fait froid, le ciel est menaçant, la grande paroi grise me semble peu amène.

Vicente, de l'agence Karavaniers, choisit pour nous une section striée de fissures horizontales. En théorie, ce ne devrait pas être trop difficile. Mouais.

Avant d'affronter l'adversaire, nous apprenons à faire les noeuds qui nous retiendront tout à l'heure. Inutile de dire que nous sommes très attentifs. Heureusement, Vicente vérifie tout ce que nous faisons.

Bien attachée, coiffée d'un casque, je m'élance. Pour réaliser que les fissures, c'est bien beau, mais encore faut-il pouvoir y glisser les doigts et le bout des orteils. Ça me prend un bon moment, plusieurs montées, en fait, pour apprendre à faire confiance à mes extrémités et à mes petites chaussures d'escalade bien adhérentes.

Évidemment, je fais toutes sortes d'erreurs de débutante. J'essaie trop de me hisser par les bras, je n'utilise pas assez mes jambes, dotées de muscles bien plus puissants. J'ai les talons trop élevés, mes mollets commencent à trembloter et à se comporter comme une machine à coudre. J'oublie de baisser une main une fois de temps en temps pour relaxer mes muscles de l'avant-bras et ramener un peu de circulation au bout des doigts.

J'en arrive à une deuxième constatation: pour vraiment être efficace en escalade de roche, ça prend de l'entraînement. Il faut renforcer les muscles, pour se hisser plus facilement, mais il faut aussi de la technique, pour apprendre à utiliser ces muscles à meilleur escient. Je constate que mes camarades qui font de l'escalade sur des parois artificielles à l'intérieur sont beaucoup plus à l'aise que moi.

Il y a cependant de petits plaisirs bien particuliers à l'escalade à l'extérieur. Il y a d'abord celui de se rendre dans des régions sympathiques, comme à Val-David, où de petits cafés devraient nous attendre à la fin de notre dure journée sur les parois.

Il y a la marche d'approche, une jolie balade en forêt qui fait oublier le train-train de la vie quotidienne. À Val-David, je découvre un autre aspect à des sentiers que je connaissais en hiver sous la forme de sentiers de ski de fond ou de raquette.

Et il y a la roche elle-même, de très belles parois qu'on voit parfois de loin, et qui révèlent mille secrets lorsqu'on les voit de bien près: des couleurs, des creux, des bosses, de petites tablettes, un peu de terre et, parfois, une fleur qui subitement apparaît sous nos yeux après un passage difficile. Comme une récompense.

www.horizonroc.com

www.karavaniers.com

www.fqme.qc.ca

Photo: Marie Tison, La Presse

Le parc Dufresne, à Val-David, est un des coins préférés des grimpeurs au Québec. Avec la formation nécessaire, on peut y faire ses premières escalades.