Personnage coloré des campagnes, le quêteux fait aujourd'hui partie du folklore. À la Maison Saint-Gabriel, cette coutume disparue revit encore cette année avec la dixième Semaine des quêteux.
Depuis dimanche dernier, les quêteux se cacheront dans les recoins de la Maison Saint-Gabriel pour demander «la pitance au nom du bon Dieu» aux visiteurs qui suivront l'hôtesse de la maison. En échange de quoi, ils feront ce qui les rendait si intéressants: raconter. «Les quêteux étaient en quelque sorte les journaux du temps. Ils rapportaient des nouvelles des villages qu'ils avaient visités et racontaient leurs aventures», dit la directrice générale de la Maison, soeur Madeleine Juneau.
La Maison Saint-Gabriel était une maison de ferme à l'époque où Montréal était loin d'être une métropole. D'où l'idée de rappeler ici des traditions rurales, parmi lesquelles les quêteux. Ces hommes, des sans-abri, sillonnaient les campagnes. Chacun avait son territoire. Ils s'arrêtaient dans les fermes croisées sur leur route. On leur offrait alors le couvert et le coucher, parfois en échange de petits travaux tels que le tressage des chaises. Et, surtout, on les écoutait parler.
À la nuit tombée, les hôtes sortaient de derrière le poêle le banc du quêteux pour leur invité. Un exemplaire sera exposé à la Maison Saint-Gabriel. Semblable à un coffre assez grand pour accueillir un homme couché, il était garni d'une paillasse.
Soeur Juneau a elle-même de bons souvenirs de ce personnage marginal, aimé des uns, mais craint des autres. Certains le croyaient capable de jeter des sorts. Chez elle, il était toujours le bienvenu. «L'hospitalité et le quêteux lui-même faisaient partie des moeurs à l'époque. Il arrivait chez nous en mai, avec le beau temps. Ma mère lui servait toujours une soupe sur la galerie», dit-elle.
Il repartait avec son baluchon sur l'épaule, un lunch gonflant ses maigres bagages.
La Semaine des quêteux se poursuivra jusqu'au 26 octobre. Mardi, il y aura une soirée de contes organisée par le musée au restaurant Magnan. Les autres jours, en après-midi, les conteurs reprendront le chemin de la Maison Saint-Gabriel.
Le conte sera au centre d'une autre activité prévue le 1er novembre, jour de la Toussaint. En soirée, les participants pourront écouter des histoires d'outre-tombe à la lueur des lanternes, à l'extérieur si le temps le permet. On fêtera aussi la Sainte-Catherine, le dimanche 23 novembre. «On prépare toujours la tire ici même. On la cuit et l'étire devant les gens avant de leur faire goûter», souligne Soeur Juneau.
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