Fouetté par les vagues immenses de l’Atlantique, le Portugal séduit toujours autant les vacanciers. La région du nord du pays est sans doute moins connue des touristes, mais ses lieux chargés d’histoire et sa scène viticole en pleine émergence méritent la découverte.

En quittant la ville de Porto vers le nord-est, les voitures filent sur l’autoroute A4. La voie neuve et impeccable est une petite révolution pour les gens du coin. Les infrastructures du Portugal, qui a longtemps été l’un des pays les plus pauvres de l’Union européenne, n’ont pas toujours été au point.

Miguel Pereira de Abreu en sait quelque chose. Producteur de vin dans la région d’Amarante, il effectue le trajet entre Porto et ses vignes à la Quinta de Carapeços toutes les semaines en 45 minutes. « Quand j’étais petit, nous habitions à Porto et on mettait près de deux heures pour venir voir ma grand-mère au vignoble », se souvient-il.

L’autoroute le mène aujourd’hui sans mal aux collines verdoyantes et luxuriantes qui lovent Travanca, le village de son enfance. Ce coin de pays reculé cache néanmoins de superbes trésors comme le monastère de San Salvador de Travanca. La tour médiévale datant du Xsiècle témoigne du riche passé de la région.

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La tour médiévale de Travanca

Ce n’est pourtant qu’un avant-goût, car à une trentaine de kilomètres au nord, Guimarães offre un étonnant spectacle avec son château médiéval et son palais des Ducs du XVe siècle. Loin des grandes agglomérations, le centre historique a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.

La ville s’affiche même comme le berceau de la nation portugaise. Les façades de céramique colorée s’y amoncellent dans des rues alambiquées implantées il y a des siècles. Le mélange est de toute beauté.

« Le premier roi du Portugal est né à Guimarães. La ville s’est toujours présentée comme le lieu historique du pays », indique le guide Vitor Marques.

Les étonnantes pâtisseries d’Amarante

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Les populaires bolos de São Gonçalo sont réputés pour leur goût, mais encore davantage pour leur forme singulière.

À l’entrée de la ville d’Amarante, une autre époque de l’histoire s’inscrit dans les pierres. C’est sur le pont de São Gonçalo, au-dessus de la rivière Tâmega, que s’est déroulée en 1809 une bataille contre les invasions napoléoniennes. Or, 200 ans plus tard, ce n’est pas pour sa victoire qu’Amarante fait parler d’elle. C’est plutôt pour ses pâtisseries.

À la sortie du pont, dans la rue 31 de Janeiro, les étalages des cafés débordent de papo de Anjo, de petits gâteaux à base de jaunes d’œufs, et de brisa de Tâmega, une tartelette à l’amande en forme de coque de bateau. Le dessert le plus populaire est toutefois un chou fourré à la crème, le bolo de São Gonçalo. Il est réputé pour son goût, mais encore davantage pour sa forme singulière : celle d’un pénis.

« São Gonçalo est le saint de la fertilité, raconte Gonçalo Rowett Rodrigues, de la Commission des vins de Vinho Verde. Après leur mariage, de nombreux couples viennent prier à Amarante pour avoir une famille nombreuse. La tradition veut qu’ils mangent aussi les pâtisseries. »

Boire pas cher à Barcelos

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Des vignes très hautes, conduites en palissade, typiques 
des vignobles du Nord.

Séparé de l’Espagne par le fleuve Minho, au nord, et par le Douro, au sud, le Nord portugais ne détonne pas par rapport au reste du pays : la vigne y est partout. Le vin est d’ailleurs le premier produit agricole d’exportation. Quelques reliques de vignes très hautes, conduites en palissade, distinguent toutefois les vignobles du Nord, le Vinho verde.

« Le roi avait interdit aux habitants de la région de planter la vigne au centre des terres, afin de favoriser la culture des légumes et des fruits pour lutter contre la famine, raconte Antonio Borges Vinagre de la Quinta do Tamariz. Elles étaient donc plantées en hauteur et sur les contours pour laisser de la place à la culture au sol. »

Derrière la maison familiale, tout près de la ville de Barcelos, les habituelles rangées de vignes ont remplacé peu à peu celles en palissade. Car l’autorisation est récente : elle date des années 70.

Ce changement tardif explique ce qui distingue le Nord du Douro, où la structure des vignobles, l’œnotourisme et la commercialisation sont beaucoup plus développés. Or, la relative jeunesse de l’industrie viticole du Nord n’est pas, pour le consommateur, un désavantage : il peut découvrir ici des vins à base de cépages locaux peu connus du reste du monde et vendus à très bon prix.

Les infrastructures touristiques se mettent doucement en place pour les amateurs de vin. Près de l’entrée où fleurissent les orangers, la Quinta do Tamariz a ouvert une petite boutique. Outre ses bouteilles, elle commercialise des coqs colorés, emblèmes du Portugal, fabriqués par des artistes de Barcelos. C’est dans cette ville que la légende du coq tient son origine.

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Les coqs colorés sont emblématiques du Portugal.

Le plus bel exemple d’œnotourisme se trouve cependant à Teloes, où un splendide hôtel a récemment été construit au milieu des vignes de Quinta da Lixa, le Monverde. Ses bâtiments de granit mettent en valeur la pierre omniprésente dans la région, et qui marque le terroir. Les chambres se trouvent dans deux pavillons au cœur du vignoble et, signe que le Nord est de plus en plus prisé, un troisième est en construction. Le bâtiment principal, où se trouvent le restaurant, le spa et le chai, offre un coup d’œil mémorable sur les montagnes des environs.

Au coucher du soleil, sur la terrasse panoramique, en dégustant un vin blanc aromatique de la région, le dépaysement est complet.

Repères

Y aller : Air Transat propose des vols directs en partance de Montréal vers Porto. Une fois à Porto, des trains desservent les villes de Guimarães, Barcelos et Amarante. La location de voiture est une option plus flexible, mais assurez-vous d’avoir un système de guidage (GPS).

À voir : Vous cherchez où célébrer la Saint-Jean le 24 juin ? À Porto, sans aucun doute. Les habitants y font une fête grandiose. La journée est aussi animée à Guimarães, qui commémore la bataille du 24 juin 1128. Une célébration médiévale a également lieu dans la cité la première semaine d’août.

À savoir : Le trajet entre Porto et Santiago est l’un des nombreux parcours du chemin de Compostelle. La ville de Barcelos se trouve sur la route, à mi-chemin de Porto et de la frontière espagnole. Un coup rendu, on fait un détour au sanctuaire Bom Jesus do Monte de Braga, mémorable avec son escalier baroque.