Les fantômes d'Oswiecimet de Brzezinka

Rebaptisés Auschwitz et Birkenau après l'invasion, la visite de ces deux villages de la région de Cracovie est pour le moins marquante. Outre l'horreur absolue des camps de concentration, on y apprend que les habitants des deux villages, pour éviter qu'ils ne deviennent des témoins gênants, ont tout simplement été embarqués et exterminés avec les Juifs. Puis, on a rasé leurs maisons dont les matériaux ont servi à construire un deuxième étage aux casernes transformées en prisons. Pour ceux qui s'intéressent au destin juif, la Pologne regorge de sites commémoratifs comme la Rotonde de Zamosc, près de la frontière ukrainienne, un lieu de torture, d'exécution ou de transit pour les malheureux destinés aux camps de la mort. On y sent encore les fantômes flotter. Avant la guerre, les juifs formaient quasiment le tiers de la population polonaise. Comme dans bien d'autres villes, le quartier Kazimierz de Cracovie nous renvoie dans ce passé.

La langue

Wroclaw! À lui seul, le nom de la ville constitue un cours accéléré de polonais 101. Le W se prononce comme un V, le C comme une combinaison TS, le L qui comporte une barre transversale comme un W et le W à la fin d'un mot comme un F, on dit Vrotsouaf. Si vous avez déjà le vertige, imaginez quand on ajoute les déclinaisons. Pourtant, il suffit d'y consacrer quelques heures pour au moins prononcer les mots correctement. Reste maintenant à les comprendre. Peu de gens parlent anglais et encore moins français.

Au-delà de Chopinet Jean-Paul II

En entendant Pologne, on pense d'abord Varsovie et Cracovie, Chopin et Jean-Paul II. Mais ce pays, aux voisins si nombreux et si gourmands, qui a été gobé par des pays plus puissants et est littéralement disparu de la carte de l'Europe pendant 120 ans, est toujours resté présent dans le coeur de ses habitants. Ceux-ci ont reconstruit à l'identique, à Varsovie comme à Gdansk ou ailleurs, ce que les guerres avaient détruit et bichonnent maintenant leur patrie et ses nombreux joyaux comme un bien précieux dont les malheurs leur ont appris la valeur.

Cornettes et soutanes

Sans vouloir manquer de respect, c'est comme l'oeuf et la poule. La Pologne a-t-elle eu un pape parce qu'elle est catholique ou est-elle toujours aussi catholique (à 98% dont 78% de pratiquants) parce qu'elle a eu un pape? On y voit constamment des prêtres et des religieuses de tous âges, vêtus des habits traditionnels et des églises bondées. Dans l'histoire mouvementée de la Pologne, la religion a toujours servi de ciment social.

Le mystère des pociag

Peu coûteux, le train polonais (on prononce potchong) se rend partout ou presque, mais recèle quelques mystères. Ainsi, le train le plus moderne qui s'avère aussi le plus cher peut fort bien s'appeler «Express», mais n'est pas nécessairement le plus rapide. Par contre, c'est un endroit super pour faire de belles rencontres. En fait, comme la première classe des trains, rien n'est bien cher en Pologne. Ni une chambre d'hôtel (60$ ou moins pour un trois étoiles avec petit-déjeuner gargantuesque), ni les taxis, ni les musées et excursions, ni la bouffe, fort bonne, ni la bière ou la vodka, excellentes.

Rynek, ratuszet talons hauts

Au Mexique, il y a les zocalos, véritables coeurs des villes. Ici, ce sont les ryneks. Le plus souvent, ils sont tout bonnement magnifiques, extraordinairement conviviaux et méritent qu'on s'y attarde tout comme leur ratusz (hôtel de ville) à l'architecture souvent spectaculaire. Les musiciens de rue qu'on y retrouve sont excellents et semblent souvent sortir directement d'un conservatoire ou d'un orchestre symphonique. Les Polonaises sont particulièrement bien mises et réussissent, on ne sait trop comment, à marcher avec aplomb et élégance sur les pavés inégaux des vieilles villes avec des chaussures-échasses que ne renieraient pas les fashionistas les plus exigeantes.