Cultiver son propre cannabis, acheter de l'herbe dans la rue... à Maastricht, dans le sud-est des Pays-Bas, les touristes de la drogue belges et français se préparent à l'idée de ne plus avoir accès aux coffee shops néerlandais.

Confronté aux nuisances occasionnées par les millions d'étrangers qui viennent chaque année s'approvisionner en cannabis, le gouvernement néerlandais veut mettre en place une «carte cannabis», réservée aux résidents des Pays-Bas et obligatoire pour entrer dans l'un des 670 coffee shops du pays.

«On est en train de se renseigner sur la manière de cultiver du cannabis à la maison», explique à l'AFP une Belge de 27 ans, cliente régulière du «Mississippi», un coffee shop aménagé dans les cales d'une péniche à Maastricht, ville située à la frontière avec la Belgique et non loin de l'Allemagne.

Environ 1,4 million de Belges, Français et Allemands se rendent annuellement dans les 14 coffee shops de la ville, provoquant problèmes de circulation, tapage nocturne et prolifération de vendeurs de drogue dans les rues.

«Sur les 200 mètres entre l'endroit où je me gare et l'entrée du 'Mississippi', je peux me faire interpeller deux ou trois fois par des types qui veulent me vendre de la cocaïne», assure un étudiant français de 19 ans.

Les propriétaires de coffee shops de Maastricht, dont les étrangers constituent plus des deux tiers de la clientèle, redoutent le manque à gagner qu'entraînera la «carte cannabis» sur laquelle le Conseil d'État néerlandais doit se prononcer avant l'été.

«Ce sera une catastrophe économique pour nous, mais aussi pour le tourisme», prédit Marc Josemans, propriétaire du coffee shop «Easy Going» et président de l'Association des coffee shops officiels de Maastricht.

Adrian, un Luxembourgeois de 25 ans, assure pourtant qu'il continuera à fréquenter la capitale du Limbourg. «On va dans les coffee shops mais on va aussi visiter, faire les magasins, on continuera donc à venir ici, et on se débrouillera pour trouver de l'herbe dans la rue», explique-t-il.

«Si on ne peut plus venir, on en trouvera chez nous, en France, mais ce ne sera plus pareil, parce que la qualité de ce qu'on trouve dans la rue, ce n'est pas ça», regrette de son côté Kevin Armand, un Français de 22 ans.

Il est venu, avec deux amis, passer trois jours aux Pays-Bas, où la vente au détail et la consommation de moins de cinq grammes de cannabis sont tolérées depuis 1976. «Pour fumer tranquillement de l'herbe de qualité», dit-il.

La mairie de Maastricht avait envisagé dès 2005 d'interdire aux étrangers l'accès à ses coffee shops. Leurs propriétaires s'y étaient opposés, entraînant une procédure devant le Conseil d'État.

La Cour européenne de justice, saisie par le Conseil d'État, avait de son côté estimé en décembre que cette interdiction était «justifiée par l'objectif visant à lutter contre le tourisme de la drogue et les nuisances qu'il entraîne».

«La solution, c'est de déplacer la moitié des 14 coffee shops à l'extérieur de la ville, où il y aura des stationnements surveillés dans lesquels les vendeurs illégaux ne pourront pas venir», affirme Marc Josemans, le propriétaire de l'«Easy Going».

La municipalité de Maastricht est également favorable à cette mesure, explique à l'AFP le maire Onno Hoes : «On va voir si cela peut fonctionner. Mais si ce n'est pas le cas, alors, le critère de résidence est peut-être une solution».