Les petits villages désertés de Sicile ont décidé de combattre l'inexorable dépeuplement dont ils sont victimes en vendant à prix cassés leurs maisons abandonnées aux Européens du Nord, comme les Anglais et les Russes.

«On vient de signer 140 ventes avec des Anglais, des Français, des Polonais et des Norvégiens, mais aussi avec des Chinois et des Canadiens», raconte enthousiaste à l'AFP Salvatore Sansemi, maire de Cianciana, un petit village près d'Agrigente (sud de la Sicile) qui a été parmi les premiers à tirer profit de son dépeuplement.

Un des derniers acquéreurs étrangers ayant succombé à l'humanité et au doux climat de Cianciana est Ray Winstone, l'acteur et producteur anglais (interprète du nain Trajan dans Blanche-Neige et le chasseur), qui vient d'acheter un vieux manoir à 50 000 euros et va le rénover pour... 1,3 million d'euros!

«Les prix sont en effet très bas: une maison en ruine peut coûter de 10 000 à 30 000 euros, un appartement ou une petite maison rénovée de 60 000 à 80 000 euros», explique M. Sansemi.

L'arrivée des étrangers, dont notamment 800 Anglais depuis 2003, représente une manne pour ce village de 3500 habitants, où la moitié de la population - qui était partie en Allemagne, en France ou au Canada pour essayer de faire fortune - avait abandonné des quartiers entiers.

«Désormais, quand on va à la pizzeria, il arrive souvent de rencontrer plus d'étrangers que de Siciliens», observe M. Sansemi en expliquant que parmi ces pionniers il y en a certains qui ont définitivement déménagé à Cianciana.

«Grâce à notre hospitalité, ici ils ont l'impression d'être chez eux. Peut-être qu'ils se sentent encore mieux vu qu'ici il fait toujours beau et qu'on est à vingt minutes de la mer», dit en plaisantant à l'AFP Raffaele Impallari, adjoint au tourisme de Cianciana.

Après le succès de Cianciana, le village voisin d'Aragona - qui ne compte plus que 9.500 habitants après le départ à l'étranger de 8.317 de ses résidents - a lancé l'an dernier une campagne pour essayer de persuader Russes et Belges d'y déménager.

«L'année dernière, j'ai profité d'une délégation de Russes qui était allée en visite à Agrigente et je les ai invités ici. Achetez tout, je leur ai dit, achetez! Ici, il fait chaud toute l'année», a raconté au quotidien La Stampa le maire d'Aragona, Salvatore Parello.