Avec un lièvre en course comme symbole, Italo, le premier train à grande vitesse privé d'Italie, a été dévoilé mardi à Nola, près de Naples, par la société italienne NTV qui entend défier la compagnie nationale Trenitalia dès le début 2012.

«S'ouvre enfin une période de concurrence, de choix pour les voyageurs, les touristes, les citoyens», s'est félicité le président de NTV, Luca di Montezemolo, ex-président de Fiat et actuel patron de Ferrari, lors de la cérémonie d'inauguration.

L'Italo doit toutefois attendre son homologation, qui devrait arriver «très très vite», selon Giuseppe Sciarrone, directeur général de NTV. Ses promoteurs prévoient une mise en circulation autour de mars 2012.

Le train doit desservir sept villes de la Péninsule: Turin, Milan, Bologne, Florence, Rome, Naples, Salerne.

NTV a été créé par un groupe d'entrepreneurs italiens dont M. de Montezemolo, et le patron du maroquinier Tod's, Diego della Valle. La compagnie française SNCF détient 20% du capital.

Devant un millier de salariés de NTV, rassemblés dans un grand hangar du nouvel entrepôt créé tout spécialement pour ce train, le rideau est tombé sous les applaudissements, dévoilant le train effilé, rouge bordeaux et orné d'un simple liseré d'or.

«C'est le train le plus moderne du monde, la dernière génération du TGV» s'est enorgueilli M. de Montezemolo selon lequel «une attention maniaque a été portée à la qualité du service au client».

Fenêtres panoramiques, voitures plus larges qu'un TGV classique, fauteuils en cuir, l'Italo offre trois niveaux de confort (smart, prima et club) et est doté sur toute sa longueur du wi-fi, accessible gratuitement.

Les prix des billets «seront forcément resserrés, nous y serons contraints puisqu'il y aura la concurrence», a assuré M. de Montezemolo à quelques journalistes dont l'AFP.

Alors que les privilégiés de la classe club disposeront d'écrans individuels où ils auront accès à la télévision par satellite, ceux de la smart disposeront d'une voiture-cinéma.

Pour le patron d'Alstom, qui fournira 25 trains à grande vitesse à NTV pour un investissement de 1,5 milliard d'euros comprenant aussi 30 ans de maintenance, l'Italo «combine la rapidité et le respect de l'environnement».

Circulant à une vitesse de 360 km/h, sa consommation d'énergie est de 10% inférieure aux autres TGV et 95% de son équipement est recyclable, a assuré Patrick Kron.

La flotte des Italo sera produite entre le site d'Alstom à La Rochelle (ouest de la France) et celui de Savigliano, près de Cuneo (nord-ouest).

Le maire de Nola, Geramia Biancardi, a refusé de venir à la cérémonie, déplorant que seulement 250 emplois seront créés à terme dans l'usine de maintenance installée dans sa ville. «Pour nous, ce n'est pas une fête car trop de jeunes diplômés ont été laissés de côté à cause de logiques industrielles faites de transferts vers d'autres sites de production».

Lors de l'inauguration, M. di Montezemolo a souligné toutefois que 2000 emplois seront générés en Italie grâce à Italo: 1000 par NTV et 1000 postes chez les sous-traitants. Il a aussi insisté sur les 90 millions d'euros investis dans l'usine de Nola.

Pour le président de la SNCF, Guillaume Pépy, Italo s'inscrit dans la stratégie du groupe consistant à «préparer la SNCF à la concurrence, en étant présente» dans des compagnies privées comme elle l'a fait en Autriche, en Grande-Bretagne ou en Allemagne.

«Il y a un appétit énorme pour les nouveaux entrants» sur le marché du rail, a noté le président de la compagnie nationale française. «Si l'opérateur historique reste figé, 'il est mal'», a-t-il dit.

Cette inauguration intervient deux jours après le lancement de Thello, co-entreprise de l'italien Trenitalia et du français Transdev. Thello est le premier opérateur privé à se lancer sur le réseau français depuis l'ouverture à la concurrence en 2009 des lignes de voyageurs, qui a effectué dimanche son premier «Paris-Venise». Une attaque frontale contre la SNCF.