À coup d'amendes plutôt salées, Pise a décidé de lancer une grande campagne contre la vente de souvenirs jugés indécents et portant atteinte à l'image de ses monuments, notamment la tour penchée qui fait la gloire de la ville toscane, a indiqué mercredi la municipalité.

Au premier rang des accusés: un caleçon reproduisant la tour de Pise en lieu et place d'un phallus, qui a valu lundi «une contravention de 500 euros à cinq vendeurs ambulants», a indiqué à l'AFP Francesco Paletti, responsable de la communication de la ville de Pise.Motif invoqué: «Marchandise portant atteinte aux convenances».

Autres souvenirs mis au banc des accusés: un tablier de cuisine à l'effigie de la célèbre sculpture de David par Michel-Ange (attributs dénudés compris) ou encore des sous-vêtements ornés des peintures coquines retrouvées à Pompéi.«Des horreurs qu'il faut éliminer des étalages des marchands de souvenirs», a tranché le maire de Pise Marco Filippeschi, membre du Parti démocrate (PD, gauche), cité par la presse transalpine. Une position partagée par l'Église locale, qui les juge «vulgaires et offensantes pour les fidèles».

Ces objets «manquent de respect pour les lieux. Il y a des règlements municipaux qui spécifient clairement quelles marchandises peuvent être vendues ou non: ceux qui ne les respecteront pas seront sanctionnés», a averti le maire.Cet accès de pudibonderie est contagieux: mardi, Pise, mais aussi Florence et Sienne ainsi que deux villages toscans de caractère, San Gimignano et Pienza, ont demandé à la Région Toscane que leur soient reconnus davantage de pouvoirs en matière de protection de l'environnement urbain.

En octobre, l'architecte britannique Norman Foster avait protesté contre les panneaux publicitaires recouvrant une soixantaine de palais vénitiens en cours de restauration.«Il existe une éthique de respect de notre patrimoine, il faudrait de temps en temps avoir le courage de se le rappeler», estime le critique d'art et animateur de télévision Philippe Daverio, qui dit «non à la vente de ces choses sur la place des Miracles», là où se côtoient la cathédrale et la tour de Pise.«Toutes les places devraient être libérées des étals de souvenirs qui les envahissent», conclut-il.