Haut perché dans la chaîne des Pyrénées, le pic du Midi de Bigorre offre non seulement des panoramas éclatants, mais promet aussi des rencontres de toutes natures jusqu'au sommet.

En chemin, nos qualités d'automobiliste sont mises à rude épreuve, puisque les sentiers pédestres menant au pic s'enracinent au col du Tourmalet - passage mythique du Tour de France -, où il faut délicatement doubler des hordes de cyclistes filant entre des silhouettes montagneuses déjà impressionnantes.

Laissons-les dévorer le bitume et gagnons les graviers, où un choix s'impose entre un très large sentier pour randonneurs modestes, faisant cohabiter marcheurs et vélos de montagne, et un réseau de «sentiers de muletiers», plus étroits et exigeants. Bien que les deux options garantissent des paysages alléchants, la seconde est idéale pour observer la faune. Vendu!

C'est d'ailleurs sous l'oeil intrigué de plantureuses blondes d'Aquitaine (restons calmes, il s'agit de vaches laitières locales) que nous nous engageons sur une piste touffue et tortueuse, les poumons légèrement comprimés par le brusque changement d'altitude (2000 m). Au loin, un phare blanc: sur le sommet visé se dressent un imposant observatoire astronomique et une antenne-relais; certains regretteront ces intrus métalliques dénaturant les lieux.

Bêtement pyrénéen

Entre crêtes, lacs et éboulis rocheux à la teinte de rouille, les résidants des lieux, à poils ou à plumes, commencent à pointer leur museau. Ici, une famille de marmottes prend son bain de soleil. Là, le tintement typiquement pyrénéen des cloches de moutons gambadant librement sur les versants.

Soudain, à l'entrée d'une vallée, un tremblement sourd. Des sabots. Un troupeau de buffles furieux? Non, une harde d'izards, sorte de chamois très farouches, défile comme des flèches sous nos yeux. Le temps d'une photo, ces grimpeurs hors pair s'évanouissent, après avoir escaladé un passage nous ayant coûté une demi-heure de descente!

Le silence retombe, discrètement rompu par la stridulation des sauterelles et le bourdonnement des abeilles butinant les chardons.

Après un jeu de montagnes russes, le sommet grossit dans notre ligne de mire. Tiens, revoici un mouton... ou plutôt, ce qu'il en reste: un squelette complet, parmi les rochers, laisse supputer le passage d'un ours, en cours de réintroduction dans les Pyrénées.

Dans les derniers kilomètres, les montées raidissent, la végétation se raréfie. C'est le souffle court que nous parvenons aux terrasses panoramiques du sommet. Au-dessus de nos têtes, une dernière escorte, formée d'imposants rapaces - aigles et vautours.

PHOTO SYLVAIN SARRAZIN, LA PRESSE

La blonde d'Aquitaine est une vache laitière locale plutôt docile.

Un sentiment de planage largement partagé, puisque d'ici, à plus de 2870 m au-dessus du niveau de nos soucis, notre regard embrasse une majestueuse chaîne de montagnes sur des kilomètres à la ronde.

Face à cette magie, on se prend même à rêver de métamorphose; qui ne souhaiterait pas devenir un animal de ces contrées, afin d'y vagabonder à jamais?

Quand monter?

Les sentiers sont enneigés et impraticables avant mai, voire juin, selon les guides de montagne locaux. Les randonnées se font donc en été ou au début de l'automne. Prévoir de quatre à cinq heures de marche. Un stationnement gratuit, juste après La Mongie, est situé au départ des sentiers. Un téléphérique existe. Attention à ne pas confondre le pic du Midi de Bigorre et celui d'Ossau, également dans les Pyrénées.

PHOTO SYLVAIN SARRAZIN, LA PRESSE

Un large sentier qui fait cohabiter cyclistes et marcheurs aux ambitions plus modestes s'ajoute au réseau de «sentiers de muletiers», plus étroits et exigeants, qui mène au sommet du pic du Midi de Bigorre.