Le Marais est un quartier ancien qui a évolué au fil des siècles. Chaque époque a laissé des traces... que l'on découvre au détour d'une rue ou en passant une porte. Tournée.

LE MARAIS MÉDIÉVAL

Épargné par les travaux d'urbanisation qui ont modernisé Paris au XIXe siècle, le Marais a conservé des traces de son passé moyenâgeux. Ces vestiges sont assez importants pour que des visites guidées portent exclusivement sur le sujet.

Enceinte de Philippe-Auguste

Construite entre 1180 et 1213, avant le départ de Philippe Auguste pour les croisades, cette muraille délimitait autrefois les frontières de Paris. Des vestiges sont visibles rue des Francs-Bourgeois, mais surtout dans la cour du lycée Charlemagne, en plein Village Saint-Paul, une des parties les plus anciennes du quartier.

Angle de la rue Charlemagne et de la rue des Jardins Saint-Paul

Les maisons de la rue François-Miron

À quelques mètres de là, empruntez la rue du Prévôt, petite allée coupe-gorge datant du XIIIe siècle, et débouchez près de la rue François-Miron, où vous trouverez deux maisons à colombages qui comptent parmi les plus anciennes de Paris (XIVe et XVIe siècles).

11 et 13, rue François-Miron

Le cimetière mérovingien

Vous voulez approfondir vos connaissances? Sachez que les vestiges d'une nécropole mérovingienne, mise au jour en 1994, sont exposés là où on les a trouvés, c'est-à-dire dans le stationnement souterrain de la mairie du 4e arrondissement... Comme quoi, ici, la culture est partout!

Place Baudoyer

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Le cimetière mérovingien

LE MARAIS DES HÔTELS PARTICULIERS

Il y en a presque 200 dans tout le périmètre. Tous ou presque se présentent sur le même modèle: une cour pavée pour accueillir les carrosses, un passage à travers le bâtiment, un jardin français de l'autre côté. Ces petits palais, construits pour la grande part au XVIIe siècle, quand le quartier était à la mode chez les aristocrates, sont indissociables de l'histoire du Marais. Abandonnés à la Révolution, repris par les artisans et le petit peuple, ils abritent aujourd'hui des appartements de luxe, des sièges sociaux ainsi que plusieurs galeries d'art renommées. N'hésitez pas à y jeter un coup d'oeil, certaines cours sont tout à fait accessibles.

Hôtel Lamoignon

L'un des plus vieux du genre à Paris. De grands écrivains, comme Racine et Madame de Sévigné, y ont passé des soirées. Pas étonnant que l'endroit soit devenu la Bibliothèque historique de Paris.

24, rue Pavée

Hôtel de Soubise

Impressionnante cour intérieure, avec hémicycle et péristyle. Le bâtiment accueille aujourd'hui le musée des Archives nationales.

60, rue des Francs-Bourgeois

Hôtel de Coulanges

Q.G. de la Maison de l'Europe à Paris, cet ancien manoir abrite un passage «secret» menant vers une cour intérieure, qui débouche elle-même sur la rue des Rosiers.

35-37, rue des Francs-Bourgeois

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Hôtel Lamoignon

LE MARAIS VINTAGE

Que reste-t-il du Marais «popu»? Celui des échoppes, des bouis-bouis et des artisans? À dire vrai, pas grand-chose. Mais deux ou trois adresses nous renvoient quand même à cette page de l'histoire du quartier... qui n'est pas encore complètement tournée.

Au petit fer à cheval

Bar parisien de style ancien, avec resto en fond de salle. Fondé en 1894, Au petit fer à cheval n'a presque jamais changé, si ce n'est quelques modifications mineures. Son comptoir en forme de fer à cheval est pratiquement le dernier du genre à Paris.

30, rue Vieille du Temple

Izraël

Entre «épicerie du monde» et caverne d'Ali Baba, cette version exotique du magasin général existe depuis 72 ans. Un repère.

30, rue François-Miron

L'Atelier des Guillemites

Quand Marcel Laudermann est arrivé en 1974, le Marais des artisans commençait à disparaître. Aujourd'hui, cet antiquaire est devenu à son tour le témoin d'une autre époque. «J'aime ce qui est singulier», dit-il, en nous montrant sa brocante, qui fait aussi salon de thé.

3, rue des Guillemites

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Au petit fer à cheval

LE MARAIS JUIF

C'était autrefois le coeur du Paris juif. Hélas, la mythique rue des Rosiers se «déjudaïse» à la vitesse grand V, les commerces cashers cédant le pas à des magasins de vêtements génériques. «D'une visite à l'autre, je vois des choses disparaître», résume Danièle Louveau-Jouan, guide-conférencière touristique depuis plus de 40 ans. «Avant, il y avait trois librairies. Aujourd'hui, il n'y a que celle-ci», renchérit Eytan, jeune juif orthodoxe rencontré à la Librairie du Temple. Raison de cet effacement progressif: les vieux propriétaires se font offrir des sommes mirobolantes pour céder leur bail - ce qu'ils font sans hésiter, trop heureux de pouvoir assurer leur retraite. Malgré tout, la rue des Rosiers garde encore un peu de sa saveur. Mais faites vite, avant qu'il ne soit trop tard...

Synagogue de la rue Pavée

Un bâtiment unique, signé Hector Guimard, maître de l'Art nouveau. Construite en 1913, cette synagogue orthodoxe à la façade ondoyante, d'une largeur d'à peine 5 mètres, est l'une des plus célèbres de Paris.

10, rue Pavée

L'As du fallafel

Le meilleur falafel de Paris, dit la légende. Ça doit être vrai, à en juger par les files d'attente qui se forment chaque jour à l'heure du lunch. Ouvert depuis 37 ans.

34, rue des Rosiers

Boulangerie Murciano

Peintures de rabbins aux murs, strudels aux pommes sur les étagères. Vous ne trouverez pas plus casher que cette boulangerie centenaire. Devant vous en sortant, la petite place où fut tournée une scène du film Les aventures de Rabbi Jacob et où six personnes perdirent la vie dans une attaque terroriste en 1982.

16, rue des Rosiers

Librairie du Temple

Un choix abondant de livres en français sur le judaïsme ou l'histoire du peuple juif. Jouets et DVD de séries à succès ultra-orthodoxes.

1, rue des Hospitalières Saint-Gervais

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Synagogue de la rue Pavée

LE MARAIS GAI

Le «Village» de Paris, c'est ici. Ou plutôt, ça l'était. Car la communauté homosexuelle, qui a tant contribué à la revitalisation du Marais, est de moins en moins nombreuse à fréquenter le quartier. «Avec les applis maintenant, les gens n'ont plus besoin de sortir pour se rencontrer. Ça a fait beaucoup de mal à tout ce qui est communautaire», résume Olivier, vendeur chez Mister B, une boutique de mode «cuir et studs». Cela dit, l'arc-en-ciel n'a pas complètement disparu du Marais, puisqu'on y trouve encore trois bordels, autant de boutiques érotiques, au moins six bars et une librairie spécialisée.

Cox

Institution du Marais gai, le Cox fête ses 21 ans en décembre. Plus bar que discothèque. Bière pas chère. Habitués. Ou pas.

15, rue des Archives

Mister B

Ils se présentent comme une «boutique d'habillement» et non comme un sex-shop. N'empêche: pour les joujoux, les lubrifiants et les accessoires fétichistes, vous êtes au bon endroit.

24, rue du Temple

Les Mots à la bouche

Ouverte depuis 36 ans, cette librairie fut l'une des premières de ce genre à Paris et demeure un incontournable du Marais gai. Vaste choix pour clientèle LGBT mais aussi straight.

6, rue Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Cox

LE MARAIS DES MUSÉES

Carnavalet, Picasso, Shoah, photographie, chasse et nature, poupées, arts et métiers... Le Marais abrite une impressionnante brochette de musées qui pourraient, à eux seuls, faire l'objet d'une visite sur plusieurs jours. Et si cette orgie de culture ne vous suffisait pas, sachez que le quartier est aussi celui des grandes galeries d'art contemporain, dont plusieurs de réputation internationale (Perrotin, Ropac, Lambert). À noter que le musée Carnavalet, consacré à l'histoire de Paris, vient de fermer ses portes pour rénovations. Durée estimée des travaux: deux ans minimum.

Musée Picasso

L'ancien hôtel Salé accueille depuis 1985 la collection personnelle de Picasso. OEuvres du maître, bien sûr, mais aussi des artistes qui lui furent liés. Comme Giacometti, à qui le musée consacre quelques salles jusqu'en février 2017.

5, rue de Thorigny

Musée de la chasse et de la nature

Coup de coeur pour ce musée à l'ancienne, qui présente la chasse sous un jour quasi mystique. Animaux empaillés, tableaux, bronzes, fusils, ambiance tamisée et somptueuse.

62, rue des Archives

Mémorial de la Shoah

Il y a le «mur des noms» érigé à l'extérieur (ceux de 76 000 Juifs français déportés), les habits de prisonniers d'Auschwitz, les étoiles jaunes, les films d'archives... Rien ici ne laisse indifférent.

17, rue Geoffroy-l'Asnier

Maison européenne de la photographie

Un haut lieu de la photo à Paris. Jusqu'au 29 janvier, brillante expo consacrée au portraitiste américain Andres Serrano.

5-7, rue de Fourcy

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Maison européenne de la photographie

LE MARAIS «HIP»

Le quartier se «boboïse». C'est une évidence. Mais ce n'est pas nécessairement une mauvaise nouvelle. Quelques endroits sympas s'inscrivent dans ce virage hipster.

L'Improbable

Café? Bar? Resto? Librairie? Atelier? Cet espace unique, aménagé dans un ancien garage, est tout cela à la fois. Vins bios et bouffe maison, déco surprenante: décalé et sympathique.

5, rue des Guillemites

Le Marché des enfants rouges

Haut en couleur, riche en saveurs. Plus qu'un marché couvert, ce complexe offre un vaste choix de petits restos sympas très fréquentés, qui vont du créole au chinois, au marocain et au bio bobo organico.

39, rue de Bretagne

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Le Marché des enfants rouges

LE MARAIS DU SHOPPING

De l'artisan pâtissier au maître chocolatier, en passant par les magasins de parfums, de perles, de plumes ou d'appareils photo en plastique, on trouve de tout dans le Marais. Mais c'est la mode - et de loin - qui se taille ici la part du lion, avec des dizaines et des dizaines de boutiques de fringues et de créateurs branchés. Sandro, Chanel, Muji, Biscote, Lancel, Perlot, Camper, Kiujten, Maje, Gerard Darel, Spontini et Eva Tralala, entre autres, sans oublier les grandes marques, qui viennent de s'établir dans le quartier. 

BHV

Roi du quartier depuis 1880, le Bazar de l'Hôtel de Ville est devenu, cette année, le premier grand magasin parisien à ouvrir le dimanche. L'établissement s'est offert un rebranding en 2013, en se rebaptisant BHV le Marais.

52, rue de Rivoli

Givenchy

On dit Givenchy, mais on pourrait aussi dire Gucci, Moncler, Fendi. Ces quatre boutiques de luxe ont ouvert côte à côte l'an dernier, à un coin de rue du BHV. Cette arrivée remarquée confirme l'embourgeoisement total du quartier, qui se prend un peu plus pour les Champs-Élysées.

13, rue des Archives

Photo Jean-Christophe Laurence, La Presse

Givenchy