Les côtes de la Basse-Normandie regorgent de lieux de mémoire, petits et grands, publics et privés, consacrés au débarquement et à la longue bataille qui a suivi. Au coeur de cette grappe touristique, les musées sont incontournables. La Presse vous en suggère quatre.

Airborne Museum

Lieu: Sainte-Mère-Église

Le village de Sainte-Mère-Église fut capturé par les parachutistes des 82e et 101e divisions aéroportées américaines dans la nuit du jour J. Le musée leur rend hommage et expose divers objets, dont certains donnés par les anciens combattants. Il possède entre autres des médailles de John Steele, cet homme dont le parachute est resté accroché au clocher de l'église comme on le voit dans le film Le jour le plus long. L'établissement se distingue grâce à son expérience immersive. Les visiteurs entrent à l'intérieur d'un réel planeur Waco utilisé le jour J, de même que la carlingue d'un (vrai) avion C-47 ayant servi au transport des parachutistes. La visite du C-47 est émouvante. À l'intérieur, la lumière est tamisée, le bruit des moteurs est étourdissant, et des bribes de conversations radio sont diffusées. La sortie de l'appareil donne l'impression qu'on saute en parachute avec le village à ses pieds.

Musée du Débarquement

Lieu: Arromanches

Inauguré en 1954, il s'agit du premier musée consacré à la mémoire du débarquement. L'endroit est petit, un peu vieillot, et les collections sont serrées les unes sur les autres. Mais au lieu d'être un brin agaçant, cela confère à l'endroit un caractère intimiste et chaleureux. Dès l'entrée, on découvre une grande maquette des plages du débarquement. En levant les yeux, on constate que les fenêtres donnent sur les vraies plages et les vestiges du port artificiel Mulberry destiné au déchargement des troupes, véhicules et matériel alliés. Et au-dessus des fenêtres, un film d'animation explique la fabrication du port. La combinaison de ces trois «couches» de renseignements permet de comprendre parfaitement ce qui s'est passé.

Centre Juno Beach

Lieu: Courseulles-sur-Mer

Au terme des festivités du 50e anniversaire (1994), des anciens combattants canadiens déplorent ne pas avoir leur propre lieu de mémoire sur les plages normandes. À force de travail, ils créent le Centre Juno Beach, inauguré à temps pour le 60e anniversaire. À l'image du Canada, le lieu est modeste dans ses moyens mais néanmoins sympathique. À l'extérieur, le design tout en courbes du bâtiment et la sculpture Le souvenir ranimé attirent le regard. Contrairement aux autres musées visités, le Centre Juno Beach fait moins étalage d'objets létaux et verse davantage dans le panneau éducatif et narratif, ce qui risque de lasser certains visiteurs. À l'extérieur toutefois, un très intéressant projet de désensablage de vieux bunkers des troupes allemandes, vestiges du mur de l'Atlantique, est en cours. Accompagné d'un guide, on peut déjà visiter ceux qui ont été mis à jour.

Musée du Débarquement de Utah Beach

Lieu: Sainte-Marie-du-Mont (Plage de la Madeleine)

Le plus complet des quatre musées visités. Construit, dans sa partie d'origine, à même un ancien bunker allemand, le musée voué au débarquement des troupes américaines est riche en collections de toutes sortes: morceau d'une toile provenant d'un ballon de défense, poignard de combat, lettre abîmée d'une Américaine à son fiancé tué sur la plage, vieux obus, costumes, équipements lourds, dont un avion, etc. Ne manquez pas d'aller sur la plage. Par temps brumeux, on a la nette impression de replonger dans l'histoire. En face du musée se trouve Le Roosevelt, un petit café où des milliers d'anciens combattants passés par là ont laissé mots et autographes sur les murs, les tables, etc. Le propriétaire, Daniel Daburon, a plein d'anecdotes à raconter et quelques trésors à montrer.

Photo André Duchesne, La Presse

Le Centre Juno Beach (musée canadien)