Sous un soleil resplendissant, les enfants font du vélo, les couples flânent, les touristes se prennent en photo: les Champs-Élysées ont été rendus dimanche aux piétons et aux cyclistes de Paris pour une journée sans voitures qui se reproduira une fois par mois.

« C'est formidable, les gens sont heureux, cela se voit, il y a comme un air de fête », lance Alain De Mai, un sexagénaire venu du sud de la France qui se promène au milieu de l'avenue où claquent les drapeaux tricolores des commémorations du 8 Mai, organisées dans la matinée pour marquer la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Comme lui, ils étaient des milliers à profiter, sous un agréable soleil printanier, de la première édition de cette journée sans voitures, une initiative de la mairie socialiste de la capitale française.

« C'est une super idée, on peut vraiment sentir mieux la ville », se réjouit Alejandra Gomez, 34, une Mexicaine venue de Londres pour quelques jours.

Perspective dessinée vers 1670 à travers la forêt par André Le Nôtre, jardinier du roi Louis XIV, les Champs-Élysées avaient pour vocation d'être un lieu de promenade pour les Parisiens. Mais ces derniers la boudent aujourd'hui, découragés par la foule des touristes et l'intensité de la circulation automobile.

L'avenue, qui accueille chaque jour une moyenne de 300 000 visiteurs, dont de nombreux touristes, reste toutefois un lieu de célébrations pour les grandes occasions: la victoire française en Coupe du monde de soccer en 1998 ou le défilé pour la fête nationale chaque 14 juillet.

Redécouvrir la ville 

« Quand on est à pied, au milieu de l'avenue, qu'il n'y a pas de voiture, qu'il y a simplement les bruits de conversation, les enfants qui jouent, les perspectives magnifiques, on redécouvre sa ville », lance la maire Anne Hidalgo, qui espère convaincre les Parisiens de renouer avec « ce lieu emblématique ».

Au-delà de l'aspect festif, il s'agit aussi « de faire reculer la pollution à Paris, qui fait beaucoup de dégâts », dit la maire, qui multiplie depuis son élection en 2014 les initiatives pour faire diminuer la circulation automobile dans la capitale.

Au beau milieu de l'avenue qui accueille chaque année l'arrivée du Tour de France, une petite fille pédale avec application sur son petit vélo rose.

« Nous habitons le quartier », dit sa maman, Pauline Demeure. « D'ordinaire, on n'ose pas du tout sortir les vélos en dehors des zones piétonnes. Il y a toujours beaucoup de monde sur les Champs-Élysées mais aujourd'hui, les gens sont plus détendus, il y a plus de place, on marche mieux ».

Après des mois de tension sécuritaire qui ont suivi les sanglants attentats djihadistes dans la capitale en 2015, cette déambulation printanière a aussi permis aux Parisiens de renouer avec une certaine légèreté.

Des touristes photographient l'Arc de triomphe, bien campés au centre de l'avenue, et les terrasses des bistrots se remplissent.

Myrta Doelman et Thomas Klerks, un jeune couple de Néerlandais, sont à vélo: « On ne savait pas, c'est une super initiative », dit Thomas. « On se sent en sécurité, d'habitude on est coincés entre les voitures. Là les gens s'amusent, certains s'assoient sur la chaussée », s'amuse Myrta.

« Il faut faire cela plus souvent », propose Jérôme Cieza, venu de Norvège.