Économiser le stationnement onéreux de l'aéroport tout en gagnant de l'argent pendant ses vacances, c'est devenu possible grâce aux sites d'autopartage qui mettent en relation les propriétaires de véhicules avec les touristes souhaitant louer à petit prix.

«Les aéroports sont de véritables déserts en termes d'autopartage», explique à l'AFP Gui Bulaty, cofondateur de Carnomise, une des premières PME à offrir ce service depuis fin 2013.

Le principe: le passager en partance, plutôt que de laisser son véhicule au stationnement de l'aéroport, le confie à une société spécialisée, qui le loue jusqu'à son retour de vacances.

Implanté sur l'ancien site PSA d'Aulnay-sous-Bois, Carnomise a profité du programme de revitalisation de l'ancienne usine fermée l'an dernier pour lancer son agence et profiter d'un stationnement à moindre coût.

«Pour nous, ça tombe à pic. On est à huit minutes des terminaux de Roissy. C'est un endroit très stratégique», s'exclame l'entrepreneur de 36 ans, d'origine brésilienne, ancien d'Okigo, un service de location racheté par le géant américain Avis.

Parties d'un double constat simple - la France reste le premier pays touristique du monde avec 84,7 millions de visiteurs étrangers, tout en étant l'un des plus onéreux d'Europe pour la location de voiture (152 euros par jour [environ 221 $], selon Deutsche Bank) - des jeunes entreprises se sont lancées sur ce créneau.

Et surfent ainsi sur la recherche permanente d'économies par les consommateurs.

Le modèle économique est fondé sur un modèle «gagnant-gagnant-gagnant».

Pendant que le propriétaire du véhicule économise les frais de stationnement et partage les recettes de location à égalité avec l'agence, le locataire bénéficie de tarifs compétitifs (le véhicule en lui-même ne coûte rien à la société) - entre 15 et 20 euros la journée - tout en profitant d'une large gamme de voitures et d'une assurance multirisque.

«Pour deux semaines de location j'ai payé 280 euros alors qu'ailleurs j'aurais payé 500 euros», confie à l'AFP Danny Collet, Niçois de 59 ans en vacances à Paris, qui a décidé dorénavant de boycotter les agences classiques.

Au bord de sa C4 Picasso, Hind Sissoko profite de l'option «voiturier» pour se faire accompagner avec sa famille gratuitement à l'aéroport.

«Grâce à ce système, on économise le taxi en plus du stationnement. Cela ne va pas me rembourser les vacances, mais au moins les maquillages des boutiques hors taxes!», plaisante la mère de famille de 34 ans, qui devrait gagner 175 euros pour une semaine de location.

Grogne des loueurs traditionnels 

Les perspectives s'annoncent prometteuses. Alors que le nombre de locations automobiles a augmenté de 7 % en 2013 à 18 millions, la part de marché de l'autopartage a progressé de 5 % à 9 %, selon le cabinet GMV Conseil.

«Tous les mois, nous doublons notre chiffre d'affaires. Si on avait dix fois plus de véhicules, on pourrait tous les louer tant la demande est forte», dévoile Gui Bulaty, dont l'entreprise n'est cependant pas encore rentable.

Avec 30 000 euros de capital de départ, il compte ouvrir 40 agences en 5 ans, contre 3 actuellement (Roissy, Orly, Beauvais).

D'autres sociétés comme TravelerCar dégagent déjà des bénéfices. «On vient de lever 750 000 euros auprès d'un fonds d'investissement au mois de juillet», annonce à l'AFP son PDG Ahmed Mhiri, qui revendique 5000 utilisateurs.

Dans la lignée des Drivy, Airbnb ou Ouicar, ces nouvelles compagnies d'autopartage s'inscrivent dans le mouvement de l'économie collaborative qui séduit de plus en plus de Français.

Ce phénomène n'est pas lié qu'à la crise, estime Philippe Moatti, coprésident de l'Observatoire des sociétés et de la consommation, pour qui le côté «fun» et pratique motive davantage les consommateurs.

Du côté des loueurs traditionnels, qui souffrent de l'irruption de ces nouveaux acteurs dans un marché estimé à 2,2 milliards d'euros en 2012, on conteste «une concurrence déloyale».

«Nous sommes sur le même secteur, mais nous ne jouons pas avec les mêmes règles du jeu», déplore Florent Portmann, secrétaire général de la branche loueurs du Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), se plaignant de payer une «redevance très élevée» pour utiliser les stationnements d'aéroport tandis que les plateformes d'autopartage profitent de sites de stationnement en périphérie «aux coûts bien moindres».