Les Sanctuaires de Lourdes, dans le sud-ouest de la France, ont été dévastés par la crue exceptionnelle d'un torrent qui a aussi provoqué d'importants dégâts dans toute la région. La réouverture pour le début de la haute saison semble compromise, a-t-on appris jeudi auprès de la direction de ce haut lieu de pèlerinage mondialement connu.

Les autorités religieuses qui gèrent les sanctuaires étaient sceptiques jeudi sur une réouverture pour la saison d'été de ce haut lieu de pèlerinage catholique mondial.

Alors que toute la région située au flanc du massif des Pyrénées a été touchée par des crues exceptionnelles, le président François Hollande a décidé jeudi après-midi de se rendre compte sur place des dégâts en visitant le village de Saint-Béat, dont les routes étaient encore recouvertes de 30 centimètres d'eau.

À Lourdes, «aujourd'hui que l'eau se retire, on découvre au fur et à mesure les dégâts», a déclaré le directeur de la communication des Sanctuaires Mathias Terrier. «En toute honnêteté, objectivement, on est obligés de se poser la question» sur le fait de savoir si les Sanctuaires «pourront rouvrir cette saison», a-t-il ajouté.

La totalité du domaine et sa célèbre grotte, envahie par les eaux et où, selon la tradition catholique, la vierge Marie est apparue à Bernadette Soubirous en 1858, étaient fermés et inaccessibles au public jeudi. Le domaine comprend aussi 22 lieux de culte et deux structures d'accueil pour les malades.

La direction du site a lancé un nouvel appel aux dons pour faire face aux réparations, après avoir déjà fait appel à la générosité des croyants après de premières inondations en octobre, qui avaient fait 1,3 million d'euros de dégâts.

Des dégâts «colossaux»

Cette fois, les dégâts sont «colossaux» et devraient atteindre plusieurs millions d'euros, a dit à l'AFP l'économe diocésain responsable des Sanctuaires Thierry Castillo. «On a besoin de la solidarité de tous», a-t-il ajouté. Sans vouloir se prononcer sur le déroulement de la pleine saison, il a jugé qu'une réouverture «à brève échéance» n'était pas envisageable.

Le Gave de Pau avait regagné son lit jeudi. Mais le site, couvert d'une couche de boue de 40 cm d'épaisseur, allant jusqu'à 1,5 mètre par endroits, offrait un visage «apocalyptique», selon un employé. Les deux principaux édifices religieux, l'église Sainte-Bernadette, d'une capacité de 5000 personnes, et la basilique souterraine Saint Pie X, qui peut en abriter 25000, sont dévastés.

Les Sanctuaires accueillent chaque année plus de 6 millions de visiteurs. En juillet et août, au plus fort de la saison des pèlerinages, 20000 à 40000 personnes se rendent quotidiennement sur les 50 hectares du site.

Avec quelque 150 hôtels, Lourdes est la deuxième ville hôtelière de France après Paris. Beaucoup d'entre eux ont également été envahis par les eaux et les dégâts dans la ville devraient se chiffrer en dizaines de millions d'euros, selon son maire, Jean-Pierre Artiganave. Il a estimé que la crue a dépassé l'inondation record de 1937.

Mercredi, le ministre français de l'Intérieur Manuel Valls et sa collègue de l'Écologie Delphine Batho étaient venus témoigner de leur solidarité envers les sinistrés de Lourdes et de sa région.

Le Gave de Pau, devenu subitement mardi un puissant torrent, a fait trois victimes en quelque 36 heures. Une femme a été retrouvée noyée dans sa voiture jeudi matin dans les Landes, après que le véhicule a été emporté par une rivière en crue.

Deux personnes avaient déjà trouvé la mort dans des circonstances similaires.

Les orages et les pluies de ces derniers jours ont provoqué d'importants dégâts dans une grande partie de la France. En Bourgogne (est), des vents violents ont touché les environs de Châtillon-sur-Seine mercredi soir, détruisant entièrement plusieurs maisons.

Le président de la principale organisation agricole, la FNSEA, Xavier Beulin, a estimé jeudi à plus de 500 millions d'euros les dégâts agricoles causés par les intempéries en France.

«Il y a près de 300 000 hectares en France qui sont aujourd'hui, ou bien détruits, ou alors qui n'ont pas pu être sauvés», a-t-il déclaré sur Europe 1.