Le gouvernement réunissait jeudi les acteurs du secteur aérien pour décrypter la pagaille constatée dans les aéroports parisiens en décembre due à la neige et dévoiler d'éventuelles pistes et responsabilités pour éviter qu'un tel dysfonctionnement ne se reproduise.

Souhaitée par la ministre de l'Ecologie et des Transports, Nathalie Kosciusko-Morizet, une table ronde devait se tenir dans l'après-midi en présence de représentants d'Aéroports de Paris (ADP), pointé du doigt dans cette désorganisation, des compagnies aériennes, des voyagistes et des associations d'usagers.

Les uns et les autres ont transmis leurs propositions en vue de la publication d'un rapport demandé au Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD).

Les compagnies aériennes affirment avoir été contraintes d'annuler des vols en raison de la perspective d'une pénurie de glycol. Elles mettent en cause le gestionnaire de Roissy confronté à des difficultés d'approvisionnement de ce liquide utilisé pour le dégivrage des avions et dont les réserves étaient insuffisantes.

Le PDG d'ADP, Pierre Graff, n'a eu de cesse d'affirmer que le glycol n'est «pas la cause» du désordre.

Il a toutefois annoncé la semaine dernière qu'il proposerait au gouvernement de doubler les stocks de glycol voire de créer un «stock stratégique».

Face à des hivers plus rigoureux, des investissements pourraient justifier qu'ADP se «suréquipe», avait-il alors argué.

Chez ADP, on se disait «confiant» peu avant la table ronde.

Interrogé sur le détail des propositions, une porte-parole n'a pas souhaité faire de commentaires.

Selon Le Figaro, Pierre Graff, nommé par le gouvernement, proposerait un investissement supplémentaire de 80 millions d'euros en engins de déneigement et 20 millions en matériel de dégivrage des avions.

La Tribune faisait état de son côté d'un investissement de 50 et 60 millions d'euros.

«Air France aborde cette table ronde dans un état d'esprit extrêmement constructif et entend prendre toute sa part dans cette nouvelle phase de dialogue», a déclaré de son côté un porte-parole de la compagnie.

Son président exécutif Pierre-Henri Gourgeon avait suscité la polémique le 24 décembre en annonçant avoir été contraint, la veille, d'annuler des vols en raison de la perspective d'une pénurie de glycol. Il avait alors expliqué que quelque cinquante avions avaient dû faire demi-tour à leur point de stationnement, faute d'avoir été correctement informés de la situation.

«Notre grand reproche est le manque d'information fournie à nos professionnels ce jour là» (le 23 décembre), a déclaré jeudi à l'AFP Georges Colson, président du Syndicat national des agents de voyage (Snav). Il a suggéré la mise en place d'«une tour de contrôle de l'information in situ à Roissy». «Il faut qu'ADP (...) donne la vraie information et non des promesses», a-t-il expliqué. «Un passager peut tout entendre (...). Si la mauvaise nouvelle doit être annoncée, il faut l'annoncer. Il n'y a rien de pire que le doute, le silence et l'incertitude», a-t-il encore commenté.

D'autres souhaiteraient que le gouvernement sanctionne le gestionnaire aéroportuaire mais, souligne un patron d'une compagnie française sous couvert d'anonymat: «personne n'a le courage d'écrire qu'il faut recentrer ADP sur sa mission aéroportuaire».

Le syndicat des compagnies aériennes autonomes (Scara) relevait dans une note mercredi que «le dysfonctionnement d'ADP pendant l'épisode neigeux n'est pas une nouveauté» citant des précédents en janvier 2003, janvier 2009 et janvier 2010.

L'ancien secrétaire d'Etat des Transports, Dominique Bussereau, avait lui-même évoqué «des défaillances inadmissibles d'ADP», écrit le Scara.