Tout le monde raffole des dinosaures. À commencer par les enfants. On le savait depuis longtemps. Depuis un certain Jurassic Park, cela ne fait de doute pour personne.

Si vous passez un de ces jours prochains à Paris en tout cas d'ici le 14 février 2011, et que vous avez quelques heures à perdre agréablement, courez au sublime Jardin des plantes, ce havre de paix et de beauté hanté par les fantômes de Buffon et autres Jussieu et Cuvelier.

 

Dans une aile de la Grande galerie de l'évolution, vous découvrirez une fascinante exposition sur la vie et la mort des dinosaures, apparus il y a 220 millions d'années et disparus pour la plupart 155 millions d'années plus tard. Avant-hier, en somme, puisque notre univers aurait quelques milliards d'années. Et la disparition des redoutables tyrannosaures et autres velociraptors, il y a 65 millions d'années, ne constitue que la cinquième et plus récente des «extinctions» massives de vie sur la Terre. Au vu de la disparition actuelle des espèces qui s'accélère sous nos yeux, une «sixième extinction» est-elle aujourd'hui à l'oeuvre?

Lors de la visite de presse, le Muséum national d'histoire naturelle avait aimablement invité les journalistes à amener leurs enfants et neveux, quatre fois plus nombreux que les adultes, et qui ont suivi, les yeux écarquillés, les explications de Philippe Taquet, l'un des commissaires scientifiques de l'exposition.

On commence par une curiosité en modèle réduit: l'Hypacrosaurus, long de 60 cm à peine, l'un des seuls squelettes de bébé dinosaure à avoir survécu dans la pierre malgré sa fragilité, depuis 68 millions d'années. À côté de lui, des oeufs vieux de 100 millions d'années, trouvés dans le centre de la Chine.

Vedette canadienne

Mais la grande vedette des lieux est un redoutable tueur, long de 9 mètres, resté dans l'ombre de son cousin, le célèbre Tyrannosaure rex, qui avait tout juste un mètre de plus que lui. Mais comme lui, il s'envoyait des velociraptors comme nous mangeons aujourd'hui des cuisses de grenouille. Le bestiau, démonté en six morceaux, a fait un long voyage en bateau, car il ne supporte pas l'avion et ses vibrations, puis a pris le train du Havre. À l'arrivée au Jardin des plantes, il a fallu lui ouvrir les portes monumentales de la Grande galerie vu ses dimensions. Roman Allain, spécialiste des dinosaures au Muséum d'histoire naturelle, fait part de son «émotion» lorsque, un mois plus tôt, il a vu pour la première fois en vrai cet autre prédateur géant du Crétacé, l'Albertosaurus.

Le rival malheureux du T-Rex est en effet originaire de l'Alberta, de la région des Badlands où on a trouvé un premier spécimen en 1884. Et où se trouve aujourd'hui le Royal Tyrrel Museum, qui possède l'une des plus importantes collections de squelettes de dinosaures du monde. Pour des raisons qui relèvent de la géologie, cette région de l'Alberta constitue, avec le Midwest, la Mongolie et une région de la Chine, l'un des endroits les plus riches en fossiles, à fleur de terre. «Autour de Tyrrel, explique son directeur, Andrew Neuman, on marche littéralement sur des restes fossilisés. On y a trouvé trois autres Albertosaurus.» Sans parler de ce bébé dinosaure, unique au monde.

Dans l'ombre des dinosaures, Muséum d'histoire naturelle, Paris, jusqu'au 14 février 2011.