Crise oblige, les Français sont plus nombreux à passer leurs vacances en France cet été, tout en serrant leur budget, alors que les touristes étrangers se font plus rares sur les plages et dans les rues de Paris, selon des données recueillies mercredi par les bureaux de l'AFP.

Adeptes de formules à moindre coût comme les campings ou gîtes ruraux, les Français raccourcissent leurs séjours, réservent à la dernière minute et n'hésitent pas à négocier les prix des chambres d'hôtel. Face à une fréquentation en berne, les hôtels ont multiplié les promotions.

Symbole du tourisme parisien, la Tour Eiffel n'échappe pas à la désaffection des touristes espagnols et britanniques. La fréquentation a baissé de près de 10% au premier semestre, avant de remonter en juillet, «un peu plus que l'an dernier», selon une porte-parole qui a recensé «davantage de Français».

Les hôteliers parisiens, dont certains ont dû baisser les tarifs, font grise mine: «le remplissage a reculé entre 10 et 12% en juillet qui est loin d'être aussi bon que l'année dernière», commente Bertrand Lecourt, président de la chambre syndicale des hôteliers de Paris.

Malgré un soleil radieux, la Côte d'Azur a connu un début de saison difficile, avant de se rattraper en juillet grâce aux réservations de dernière minute: «C'était la divine surprise. Les hôtels sont remplis à 80 ou 85%», note Michel Tschann, président du syndicat des hôteliers de Nice Côte d'Azur.

«Il reste encore des places en août, mais cela se remplit», dit-il. Si les Russes et Britanniques font défaut, «il y a un peu plus de Français dans les hôtels».

Les visiteurs étrangers se font également plus discrets dans le Nord. «Si l'on voit un peu plus de Belges ou de Néerlandais, ils ne compensent pas la nette désaffection des Britanniques, notre principale clientèle étrangère», déplore le Comité du tourisme du Nord-Pas-de-Calais.

Dans l'Ouest, après un début de saison prometteur, le temps parfois pluvieux après la mi-juillet a joué les trouble-fête: «Beaucoup de gens sont partis. Ils vont dans le Sud», assure Myriam Lucas, gérante d'un camping dans le Finistère.

Le luxe n'est pas épargné: le Grand Hôtel de Dinard enregistre une baisse d'activité pour juillet «de l'ordre de 20%». Et certains clients «négocient les prix» et tentent d'obtenir le petit déjeuner gratuit, confie son directeur Rémy Papoz.

Dans les restaurants aussi, l'heure est aux économies. «Certains clients ne prennent qu'un seul menu qu'ils se partagent», témoigne Isabelle Lhuillery, restauratrice à Bayeux (Calvados).

Le moral est meilleur sur les plages du Sud-Ouest: malgré «une baisse remarquée» des Britanniques, échaudés par la livre faible, «le bilan est positif» pour la première quinzaine de juillet. Les Français ont compensé en partie la désaffection des étrangers, selon le Comité de tourisme d'Aquitaine.

En Midi-Pyrénées, la fréquentation des campings et chambres d'hôtes est stable, mais celle des hôtels baisse. «Le téléphone et le fax ne sonnent pas, il n'y a ni passage ni réservation», se lamente Jean-Claude Dobbelaere, propriétaire de l'Hôtel de la Paix à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne).

En Alsace, les hôteliers sont plutôt pessimistes pour les deux mois d'été, alors que juillet s'annonce très bon pour les Gîtes de France. Les campings sont plébiscités en Franche-Comté.

Quant à la montagne, juillet est jugé «plutôt correct» par les professionnels en Savoie et Haute-Savoie. Mais les Néerlandais, férus de vacances dans les Alpes, sont moins nombreux.