La ville de Paris lance le colossal projet d'aménagement des Halles, l'ancien marché du coeur de la capitale transformé dans les années 1970 en un vaste complexe commercial vieilli et contesté.

Le projet, d'un coût estimé à 760 millions d'euros et qui dont le chantier doit s'achever en 2016, a été voté lundi par le conseil de Paris, malgré la crise, sept ans après le début des discussions sur cette rénovation.L'actuel forum, énorme centre commercial désormais dépassé notamment en matière de sécurité, sera recouvert par la Canopée, une gigantesque feuille de verre, pas plus haute que la cime des arbres.

Sur trois niveaux et 14 000 mètres carrés, elle abritera une bibliothèque, un conservatoire, un lieu dédié à la culture hip hop, une salle de spectacles, et un ensemble de commerces et cafés. Le centre commercial du sous-sol sera conservé.

Autour du Forum, l'espace public sera réaménagé: les rues piétonnes seront rénovées et le jardin actuel, morcelé, sera remplacé par «une grande clairière dans Paris» qui s'étendra sur 4,3 hectares, selon l'architecte David Mangin, choisi pour mener le projet.

La gare métro et RER du Châtelet, véritable «porte de Paris» où transitent chaque jour 800 000 personnes, sera modernisée, notamment la grande salle d'échanges qui sera agrandie avec une multiplication des accès directs depuis la rue.

L'enjeu du projet de réaménagement est de réinventer un visage pour ce centre historique, économique et culturel de la capitale, sinistré par les problèmes d'insécurité et de circulation.

Après la destruction en 1971 des élégants pavillons Baltard des anciennes halles, décidée par le président Valéry Giscard d'Estaing, le quartier avait été remodelé sous la houlette de Jacques Chirac, alors maire, qui s'était déclaré «architecte en chef».

Ce premier aménagement avait abouti à ce qui est considéré comme un symbole de l'échec de l'architecture des années 1970, avec son esthétique médiocre et ses jardins morcelés, et une insécurité difficile à juguler.

Pour ce dossier-phare, la mairie de Paris, malgré la crise, apportera environ 500 millions d'euros, soit les deux tiers du projet.

«Ce projet, nous devons plus que jamais le faire avancer maintenant, dans une période de crise», a estimé le maire socialiste Bertrand Delanoë. «Car si le contexte difficile doit nous amener à une extrême vigilance sur les dépenses de notre collectivité, il ne doit pas nous conduire à renoncer à des investissements structurants», a-t-il ajouté.

Tous les groupes ont voté pour, à l'exception des Verts qui se sont abstenus. Ils avaient réclamé un recentrage sur les questions de transport, rejetant l'aspect commercial du projet.