"La transparence de l'air", ce sont les mots qu'utilisait Vincent Van Gogh pour décrire la lumière toute spéciale de Provence. Ajoutez le soleil, le vent qu'on appelle le mistral, la pureté des couleurs, et vous avez un paradis pour les peintres. Tous ces éléments se trouvent dans la région de Saint-Rémy de Provence. 

Saint-Rémy est une petite ville entre Avignon et Arles, une halte sur la route du soleil et du pastis. La vieille ville est joliment restaurée et regorge de boutiques pour touristes, et quelques magasins de mode. Le tourisme basé sur les traces de Van Gogh est si intense qu'un commerçant, las peut-être de répondre aux questions, a cimenté une plaque sur la façade de son immeuble. "Vincent Van Gogh n'a jamais vécu ici."

Saint-Rémy a pourtant plusieurs beaux coins. Passez un moment sur la place Favier au plus fort de la chaleur et vous comprendrez l'emprise du soleil. Tout est immobile, les cigales stridulent, les rares passants cherchent l'ombre, les habitants se tiennent sous les platanes avec leurs pichets de vin rosé coupé de glaçons.

Van Gogh est arrivé à Saint-Rémy en mai 1889 en demandant d'être interné à l'asile de Saint-Paul de Mausole. À vrai dire, la population d'Arles où il résidait en avait marre de lui, allant jusqu'à formuler une pétition pour lui interdire le droit de séjour. C'est vrai, Vincent a mené une vie de tapage. Au bar Le Tambourin sur la place du Forum en Arles, il s'est violemment disputé avec Paul Gauguin, un autre peintre épris du soleil, et un concurrent sur la scène artistique. L'incident de l'oreille coupée a suivi; selon la légende, après cette automutilation, Van Gogh aurait offert son oreille à une fille de joie.

Au-delà des légendes, on sait que le peintre a séjourné à Saint-Paul de Mausole pendant une année, pas loin des ruines romaines qu'on appelle "Les Antiques", et qu'il y a fait ses meilleures oeuvres - plus de 150 tableaux et dessins. L'édifice a gardé sa vocation de maison de repos pour ceux qui souffrent des troubles mentaux, vocation qu'il a depuis le XVe siècle. Vous pouvez visiter la chambre (c'est plutôt une cellule) que Van Gogh a habitée et contempler le même champ de blé qu'il a peint à 15 reprises.

Mais Saint-Paul reste un centre vivant d'art-thérapie et les travaux des patients sont exposés à côté des reproductions du célèbre artiste. Une exposition nous raconte le trajet psychique de Van Gogh, la compréhension de la maladie mentale au XIXe siècle, et nous apprend qu'il souffrait probablement du syndrome bipolaire.

Saint-Paul offre une ambiance particulière. À la fois lieu de souffrance et de beauté, on y accueille encore ceux et celles qui sont aux prises avec les mêmes problèmes qu'a connus Van Gogh.

Si vous préférez le grand air et la randonnée, plusieurs promenades partent, par exemple, de Saint-Étienne du Grès. Vous pouvez traverser les forêts vers les Baux ou Fontvieille. Mais attention, l'accès est fermé en période "rouge", lorsque les feux de forêt menacent.

Pour compléter votre pèlerinage Van Gogh, il faut vous rendre à Arles. L'ancien Hôtel-Dieu de la ville a été transformé en Espace Van Gogh, un lieu de rencontre ouvert à tous les arts. Le cloître de Saint-Paul de Mausole est un joyau du XIe siècle; on ne peut en dire autant de l'hôpital d'Arles. Mais il y a à Arles une vie artistique et populaire qui vous fera oublier la gravité de Saint-Paul. Et la lumière est aussi transparente qu'à Saint-Rémy.