Ses murs couverts d'objets hétéroclites et bariolés, rejetés par la mer sur les plages européennes, un éphémère «hôtel poubelle» a vu le jour à Madrid pour dénoncer les dangers de la pollution et la face cachée du tourisme de masse.

Le bâtiment en bois, entouré d'un enclos sablonneux planté de palmiers, est l'oeuvre d'un artiste allemand, Ha Schult, qui dénonce «la société de consommation» au moment où la capitale espagnole accueille le Salon international du tourisme.

«Nous voulons montrer le contraire des sites merveilleux» vantés par les agences de voyage, «montrer ce que peuvent devenir nos vacances si nous ne nettoyons pas les plages», explique Rosa Piqueras, la directrice de la communication du projet installé jusqu'au 23 janvier sur la place de Callao, au coeur de Madrid.

Pour ce faire, l'artiste et son équipe sont partis à la recherche d'objets abandonnés sur les plages de France, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, d'Espagne et d'Italie. Les plus sales? «Les plages du sud de l'Italie», assure Rosa Piqueras.

«J'ai créé le Beach Garbage Hotel parce que les océans de notre planète sont devenus la plus grande décharge d'ordures de notre temps», affirme Ha Schult.

Bidons en plastique, cadres en bois, instruments de musique, chaussettes rayées, pneus ou livres pour enfants s'entassent sur les murs du «premier hôtel poubelle du monde».

«30% à 40% de ces objets ont été récupérés sur des plages européennes», souligne Rosa Piqueras.

Les autres ont été glanés dans des décharges ou marchés aux puces, comme les lits de bois sculpté, les lampadaires dorés, les buffets campagnards bancals ou tapis persans déchirés qui meublent les cinq chambres aménagées pour accueillir des lauréats sélectionnés sur Facebook.

Très sérieusement, des panneaux d'information tirent la sonnette d'alarme.

«Un Espagnol sur dix (11%) ne va plus à la plage à cause de leur mauvais état», explique l'un d'eux. «14% des autres Européens font de même. Parmi les étrangers qui fréquentent nos plages, les Allemands sont les plus nombreux à avoir déserté leurs sites préférés comme les Canaries et les Baléares, à cause du manque d'entretien des plages».