Foule sur les plages, dans les bars et les casinos, la vie continue comme d'habitude à Slantchev Briag (Côte du Soleil), sur le littoral bulgare de la mer Noire, quatre jours après l'attentat-suicide anti-israélien à l'aéroport voisin de Bourgas.

La gigantesque station balnéaire, dont les hôtels ont une capacité de 80 000 lits, auxquels s'ajoutent des maisons et appartements de location, est depuis longtemps un lieu de vacances prisé des fêtards, malgré la côte bétonnée, le kitsch des étalages et les plages surpeuplées.

Et aussi monstrueux que cela peut paraître, elle n'a pas l'air de se soucier du terrorisme, du moins au premier abord.

«C'est une tradition: aller à Bourgas avant de faire l'armée», déclare Lior, 18 ans, venue de la troisième ville israélienne Haïfa avec quatre autres filles, deux jours après l'attentat ayant fait six morts, cinq Israéliens et un Bulgare, et plus de trente blessés.

«Je n'ai pas peur», assure son petit ami Gal, 17 ans, dont le t-shirt porte une inscription en hébreu indiquant: «Bourgas 2012 avant l'armée».

«Nous nous plaisons ici. Ce n'est pas le haut de gamme, mais c'est bien et moins cher qu'en Israël. Nous écumons les bars chaque soir et nous pouvons tenter notre chance au jeu», disent deux garçons de 23 ans, Amnon et David, dans un casino, alors que ceux-ci sont interdits en Israël.

«Les Bulgares paraissent plus effrayés que nous... La vie continue», s'exclame une autre Israélienne, Mazal, agente d'assurances de Tel Aviv d'une cinquantaine d'années.

La saison bat actuellement son plein à la Côte du Soleil, avec environ un millier d'Israéliens, qui représentent selon les tour-opérateurs environ 6% des touristes.

Le flux de vacanciers n'a pas été perturbé par l'attentat, témoignent plusieurs tour-opérateurs interrogés à l'aéroport.

«Nous n'avons pas d'annulations. Les gens demandent ce qui s'est passé, mais ne semblent pas trop s'inquiéter», déclare Denitsa, dont la société travaille avec l'Allemagne.

Ses clients montent dans un bus garé à quelques mètres du lieu de l'explosion.

«Les gens posent des questions, c'est normal, mais ils ne renoncent pas à venir», indique sa consoeur Stella, dont les clients sont Polonais, Russes et Roumains.

«Pas d'annulations à cette étape», confirme un autre tour-opérateur qui accueille des adolescents hollandais.

«Craindre quoi? Nous sommes là pour la mer, les divertissements et l'alcool», dit l'un d'eux, Joras, 18 ans.

L'insouciance des touristes tranche avec le climat anxiogène qui pèse sur l'aéroport, illustré par une forte présence policière et l'absence de toute indication sur l'horaire des avions de Tel Aviv.

«Tous les charters d'Israël ont été supprimés des tableaux d'information. Beaucoup d'autres mesures sont en vigueur», a déclaré le porte-parole du ministère des Transports, Gueorgui Andreev.

Témoin de l'attentat, Shoshi Ailer, 50 ans, enseignante originaire de Hod HaSharon, près de Tel Aviv, a fait état devant l'AFP de «très peu de mesures de sécurité» à l'arrivée de leur avion, qui transportait quelques 150 touristes israéliens le jour de l'attaque, mercredi 18 juillet.

Shoshi et son fils de 18 ans ont eu la chance de ne pas monter dans le bus qui a explosé.

Si la plupart des vacanciers israéliens ayant été confrontés à l'horreur de l'attentat sont repartis le lendemain, Shoshi et son fils ont décidé de rester. Mais elle estime que «beaucoup de gens réfléchiront avant de venir. La Bulgarie ne sera plus vue comme un pays très sûr».

Après avoir accueilli en 2011 quelque 8,7 millions de touristes étrangers, dont 140 000 en provenance d'Israël, la Bulgarie s'attendait une hausse de 8 à 10% de sa fréquentation cette année.

Actuellement, les tour-opérateurs croisent des doigts et espèrent que les répercussions de l'attentat, le premier contre des Israéliens en Bulgarie, seront limitées.