Les drapeaux mexicains et les banderoles à l'effigie de Tecate et Dos Equis, deux bières du pays, flottent au vent. Une douce odeur de viandes grillées et de tortillas bien chaudes nous chatouille les narines alors qu'au loin, des notes de banda et de cumbia se font entendre. Ayant lieu chaque année à Denver, au Colorado, le festival Cinco de Mayo, qui commémore la victoire du Mexique sur l'armée française le 5 mai 1862, représente une excellente façon de découvrir la culture du pays de Diego Rivera, et ce, en plein coeur des États-Unis.

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Et à voir les milliers de Mexicains qui débarquent en famille, chapeaux sur la tête, le drapeau dans une main et l'assiette remplie de tacos dans l'autre, on a vraiment l'impression de se retrouver au sud du Rio Bravo, le fameux ruisseau qui sépare le Mexique et les États-Unis.

Ainsi, avec les nombreux stands de tacos fraîchement préparés, les comptoirs qui vendent de la tequila du pays et des micheladas (mélange de bière et de Clamato), les spectacles de danses folkloriques et même le fameux concours de mangeurs de tacos - le gagnant l'année dernière en a engouffré 20 -, le visiteur peut aisément se plonger dans la culture mexicaine. Pour leur part, les Mexicains d'origine ont un peu l'impression de retourner à la maison.

Pour pleinement profiter de l'événement, il faut débarquer à Denver les 4 et 5 mai. Le festival a lieu au Civic Center Park, à quelques rues du centre-ville, donc tout près des nombreux hôtels. Pour prendre part aux festivités, nul besoin d'avoir un gros budget, puisque l'entrée est gratuite, aucune activité n'est payante et chaque taco coûte environ 1,75$. Sur place, les nombreux espaces verts permettent d'étendre sa couverture, de déguster tranquillement son repas tout en écoutant les rythmes latinos qui fusent de toutes parts.

«C'est une façon de nous réunir et de partager», lance Erica Martinez, tout en préparant son comptoir de tacos au boeuf et au porc. Sa famille, originaire de Zacatecas, possède plusieurs restaurants mexicains dans la région et elle participe depuis plusieurs années au festival Cinco de Mayo. Combien de tacos vend-elle pendant l'événement? «Je ne sais pas trop, par contre, je sais que nous n'arrêterons pas une minute.» Et la file qui s'est rapidement formée en matinée devant son immense plaque de cuisson a confirmé ses dires.

Non loin de là, au centre du parc, des enfants vêtus de rouge, vert et bleu donnent un spectacle de danse folklorique. C'est le cas d'Ava Castro, qui bouge sur les rythmes de ses ancêtres depuis qu'elle a 3 ans. Née aux États-Unis, la fillette ne parle pas l'espagnol et sa mère, malgré son physique latino-américain, éprouve elle aussi des difficultés à s'exprimer dans la langue de Cervantes. Elle souhaite néanmoins transmettre à sa fille un héritage mexicain. «C'est une façon pour moi de lui faire connaître notre culture», mentionne Andréa Castro. À voir sa fille, sourire aux lèvres, tourbillonner autour de nous avec sa grande robe, tout porte à croire qu'elle a gagné son pari.

Photo David Boily, La Presse