(Gustavia) Avant même les autres territoires d’Outre-mer, l’île française de Saint-Barthélemy dans les Antilles accueille de nouveau, depuis le 22 juin, des touristes de toutes nationalités, dont des Américains, soulevant l’inquiétude de la population locale.

Ce confetti de 21 km2 situé au nord de l’arc antillais ne vit que du tourisme haut de gamme.

Contrariée par la décision du gouvernement de maintenir jusqu’au 11 juillet une « septaine » des voyageurs à l’arrivée, associée à un test réalisé dans les 72 heures avant le départ, la collectivité locale dirigée depuis 25 ans par Bruno Magras a décidé de prendre les devants, s’appuyant sur le fait que l’île n’est pas membre de l’espace Schengen.

Elle annonce la couleur dans un communiqué publié le 12 juin en français et en anglais : « L’île de Saint-Barthélemy est heureuse de pouvoir accueillir à nouveau tous ses visiteurs dès le 22 juin 2020. Membre de la famille ou ami de résidents, propriétaire d’une résidence ou simple amoureux de notre île souhaitant y passer quelques jours, Saint-Barth vous souhaite la bienvenue ».

Fin mai, le conseil territorial de Saint-Barthélemy s’était déjà réuni en urgence pour demander officiellement au gouvernement la réouverture immédiate de l’île. Depuis février, l’île de 10 000 habitants a recensé six cas positifs de COVID-19, tous sans gravité. Le dernier remonte au mois d’avril.

L’île est officiellement ouverte à toutes provenances hormis la Guyane, où l’épidémie augmente. Des touristes sont déjà sur place, et entre le 29 juin et le 5 juillet, environ 200 visiteurs sont arrivés depuis les États-Unis, via Porto Rico. Dans le quartier-capitale, Gustavia, des grappes de touristes font les boutiques et fréquentent les restaurants, en majorité des Américains.

Cette ouverture aux États-Unis, où l’épidémie est très forte, a soulevé des craintes dans la population locale, d’autant que l’île voisine de Saint-Martin est toujours fermée aux vols américains.

« Bouffée d’air »

PHOTO VALENTINE AUTRUFFE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

L’île est officiellement ouverte à toutes provenances hormis la Guyane, où l’épidémie augmente. Des touristes sont déjà sur place, et entre le 29 juin et le 5 juillet, environ 200 visiteurs sont arrivés depuis les États-Unis, via Porto Rico.

Une inquiétude constatée par le président du Comité du Tourisme et vice-président de la Collectivité, Nils Dufau : « Il y a de l’inquiétude, mais quelque part c’est sain, car cela permet de rester alerte, même si ça ne doit pas virer à la psychose ».

« L’avantage de Saint-Barth c’est qu’il n’y a pas de tourisme de masse, ce sont des petits volumes, plus faciles à gérer [...] les gens ont besoin de travailler, notamment les indépendants et les commerces ont besoin d’une bouffée d’air », explique-t-il.

Le placement en quarantaine étant incompatible avec la reprise de l’activité touristique, la Collectivité, qui a investi dans des machines de tests de dépistage PCR rapide, a rédigé son propre protocole. Les arrivants peuvent présenter un test réalisé dans les 72 heures avant départ, ou alors se faire dépister sur place, dans les 24 heures suivant leur arrivée.

Ils sont invités à se confiner dans leur villa de location ou leur hôtel le temps d’avoir les résultats. Ensuite, il leur est demandé d’effectuer un second test à J+7.

Pour autant, les tests ne sont pas formellement obligatoires et aucun contrôle n’est effectué sur le respect de ce protocole. Les voyageurs sont depuis cette semaine accueillis par des agents de sécurité employés par la Collectivité pour prendre leur température, vérifier le test effectué à J-3 ou à défaut, les orienter vers le « drive » de dépistage COVID. Ce dernier a réalisé 345 tests PCR ces deux dernières semaines, tous négatifs.

Un protocole bien respecté selon Nils Dufau : « La majorité des arrivants joue le jeu, c’est même un argument de vente. Ils ont le sentiment d’arriver dans un endroit préservé. »

Par ailleurs, les résidents des Antilles françaises peuvent circuler librement d’une île à l’autre.

Les restaurants et bars de Saint-Barthélemy ont pu rouvrir leurs portes avant ceux de métropole, dès le 13 mai, mais sans touristes ou presque la reprise est difficile. Les plages sont accessibles normalement. Le vaste parc de 850 villas de location est opérationnel.

Côté hôtels, la plupart des grosses unités (Cheval blanc, Eden Rock...) resteront fermées cet été, mais les établissements indépendants sont prêts.