(Varadero) Petit à petit, les vacanciers reviennent sur l’une des plages les plus emblématiques des Caraïbes, une bande de sable et une mer turquoise presque abandonnées depuis plus d’un an.

Varadero, la vedette en bord de mer de l’industrie touristique cruciale à Cuba, se prépare lentement pour la réouverture officielle de l’île aux visiteurs du monde entier prévue le 15 novembre.

Une poignée de touristes, principalement en provenance de la Russie ou du Canada, ont parcouru la plage de 22 kilomètres ces derniers jours à la recherche de restaurants qui ont rouvert, flânant dans les quelques kiosques d’artisanat réapparus.

Le personnel médical examine les visiteurs de l’hôtel à la recherche de signes de fièvre. Les serveurs, les réceptionnistes et les vendeurs de bibelots portent des masques doublés pour accueillir les visiteurs non masqués en maillot de bain. Des bus touristiques, presque vides, desservent le boulevard principal.

Au moins une soixantaine d’hôtels de Varadero demeurent fermés ou sont transformés en centres de quarantaine alors que d’autres ont déjà rouvert.

La semaine dernière, une centaine de personnes séjournaient à l’Iberostar Selection Varadero, un hôtel de 386 chambres.

Juan Carlos Pujol, le directeur de l’exploitation à Cuba pour la chaîne hôtelière espagnole, a déclaré que la société avait profité de la fermeture de l’établissement pour actualiser les services de restauration ou alors pour procéder à des ajustements en fonction des mesures sanitaires, par exemple en éloignant les tables les unes des autres ou en étendant la portée du wifi.

« Nous sommes très satisfaits et pleins d’espoir parce que maintenant vous pouvez voir la lumière au bout du tunnel et nous voulons reprendre les opérations et commencer à retrouver ce que nous avions », a-t-il déclaré.

La pandémie a asséné un coup terrible au tourisme à Cuba, qui dépend fortement de l’industrie, en particulier après une série de mesures d’embargo de plus en plus strictes imposées par l’ancien président américain Donald Trump — et qui n’ont pas été considérablement assouplies par son successeur, Joe Biden.

« J’ai eu de nombreux mois sans travail, je me sentais horrible », a déclaré Lizet Aguilera, une tisserande de 55 ans qui a récemment rouvert son kiosque de souvenirs fermé pendant 16 mois.

Malgré cela, elle dit qu’elle craint toujours d’être infectée par la COVID-19 au travail et de ramener le virus chez elle.

« Quand j’arrive chez moi, avant de saluer quelqu’un, je prends un bain », a-t-elle déclaré.

Un autre vendeur, Richard Martin, a estimé qu’environ 50 des 5000 artisans de la station balnéaire sont revenus sur place dans l’espoir de vendre leurs produits après des mois de difficultés.

« C’était très difficile », a-t-il déclaré. « Le besoin, la peur, la rareté. Nous avons confiance dans le vaccin. Il reste à ouvrir, à montrer que ça fonctionne ».

Cuba a annoncé son intention de vacciner 90 % de sa population admissible d’ici la fin du mois de novembre, profitant de son industrie biomédicale exceptionnellement avancée pour créer les seuls vaccins contre la COVID-19 développés localement en Amérique latine.

Cela a permis aux autorités de planifier une réouverture progressive aux visiteurs, en particulier à Varadero, à quelque 150 kilomètres à l’est de La Havane.

La ville elle-même ne compte qu’environ 6000 habitants, mais elle fournit des milliers d’emplois à la population des villes voisines de Cardenas, Boca de Camarioca et Matanzas. Elle compte quelque 20 000 chambres d’hôtel, ainsi qu’un certain nombre de résidences privées qui accueillent des visiteurs.

En 2019, Varadero a accueilli environ 1,5 million des 4,3 millions de touristes qui sont venus à Cuba, un nombre qui s’est effondré lorsque la pandémie a frappé et que l’île s’est en grande partie fermée aux visiteurs.

La réouverture posera néanmoins des défis : la faiblesse de l’économie cubaine et les sanctions américaines compliquent l’obtention de produits à vendre aux touristes. Une nouvelle politique monétaire signifie que de nombreux services doivent être payés avec des cartes bancaires étrangères — mais aucune qui ne soit reliée aux institutions bancaires américaines.