Voyager en prenant son temps, en flânant dans les rues d’une ville, en privilégiant les rencontres, tout en s’imprégnant de l’atmosphère qui y règne, n’est-ce pas cela, l’essence même du voyage ? Se reposer, ralentir, se ressourcer, c’est souvent ce qu’on recherche quand on part en vacances… Mais le fait-on vraiment ?

« L’idée des vacances, c’est l’envie de faire une pause et d’être en rupture avec le rythme effréné de la vie quotidienne », estime Jean-Michel Dufaux, auteur du livre Une année à l’étranger et fondateur du site web Siège Hublot, consacré aux voyages.

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Jean-Michel Dufaux, auteur du livre Mon année à l’étranger et fondateur du site web Siège Hublot

Il pense cependant qu’il faut faire des choix, se poser quelque part, accepter de ne pas tout voir, de tout visiter, en faire moins, mais mieux, et prendre le temps de vivre. « Le but des vacances est de se reposer. Tout le monde est fatigué, stressé, surmené, alors il faudrait privilégier la qualité et non la quantité, prendre le temps de découvrir de nouveaux paysages, d’être à la rencontre des habitants, de leur culture et leur gastronomie », dit-il.

Il évoque la popularité des Airbnb et des locations de maisons et d’appartements, qui vient justement de cette envie de séjourner plus longtemps dans un lieu, parfois loin des quartiers les plus touristiques de la ville, à la recherche de plus d’authenticité.

Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM, rappelle que le tourisme lent (slow travel) est apparu vers 1999, et que ce phénomène de vouloir voyager en prenant son temps est en croissance depuis des années.

Il y a une responsabilité sociale et environnementale à rester au même endroit plus longtemps. On privilégie les transports actifs comme le vélo et la marche, mais ça prend un peu d’expérience de voyage pour comprendre les effets positifs de ce tourisme lent.

Marc-Antoine Vachon, titulaire de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM

Car quand on commence à voyager, on pense souvent que l’important est de visiter le plus d’endroits possible. Mais l’expérience nous fait comprendre que les souvenirs sont importants tout comme les rencontres. « Le vieillissement de la population joue un rôle important, souligne-t-il. Plus on vieillit et plus on est en quête de sens, on veut diminuer le rythme, mieux profiter des choses de la vie. »

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Jean-Michel Dufaux s’est notamment posé à Chiang Mai, en Thaïlande.

C’est le cas de Jean-Michel Dufaux, parti un an en 2018. Il s’est posé principalement dans trois villes, Chiang Mai, en Thaïlande, Mazatlán, au Mexique, et Da Nang, au Viêtnam. « Il y avait cette réflexion sur la vie qui va trop vite et un questionnement lié à la cinquantaine. Ça fait du bien de sortir de son quotidien, de son confort. Mais je suis bien conscient que tout le monde ne peut pas se permettre cette parenthèse d’un an à cause du travail, de l’insécurité financière ou des enfants », relève-t-il.

Beaucoup de gens ont le rêve de partir un an, comme l’autrice Elizabeth Gilbert qui le raconte dans Mange, prie, aime (Eat Pray Love), ou encore comme Peter Mayle dans Une année en Provence. « J’ai envie de tenter l’expérience à nouveau et cette fois de m’installer un an dans une ville, peut-être en France », confie Jean-Michel Dufaux.

Il prône la découverte de villes moins connues où il y a une valeur ajoutée. Car séjourner un peu plus longtemps dans une ville qui voit moins passer de touristes rend l’expérience plus agréable et authentique, selon lui.

En Italie qui est victime de surtourisme, visiter Rome, Florence et Venise en haute saison est désagréable. On peut préférer Gênes, Turin, Pavie, Vérone. En Espagne, on peut explorer des villes comme Valence ou Malaga. En France, Lyon, Toulouse, Marseille, Bordeaux, Strasbourg. Il n’y a pas juste Paris !

Jean-Michel Dufaux

Il énumère quelques pays moins visités : Slovénie, Roumanie, Bulgarie, Belgique, la ville de Rotterdam, aux Pays-Bas, et Hambourg, en Allemagne.

Lyon a tout

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Lyon, une ville française à taille humaine, agréable à visiter

Lyon fait partie de ces villes qui méritent qu’on s’y attarde. Virginie Carton, directrice générale de ONLYLYON Tourisme et Congrès, souhaite inciter les visiteurs à rester plus longtemps à Lyon. Actuellement, la durée moyenne de séjour est de 3,5 nuits. Elle aimerait que ce soit de 5 à 6 nuits. « On offre plus de possibilités sur l’ensemble de la destination, dit-elle en entrevue. Il y a la gastronomie, la culture, et on travaille en partenariat avec les communes voisines, comme le Beaujolais, connu pour son vin. C’est un territoire magnifique avec de petits villages avec de beaux points de vue accessibles en train. »

Il y a aussi toute la vallée du Rhône à explorer ou le lac d’Annecy et même les Alpes, ajoute celle qui indique que Lyon, ville à taille humaine, a développé un tourisme responsable. « Notre réseau de transports en commun est très efficace. Il y a aussi de nombreuses pistes cyclables sécurisées, un label Accueil Vélo pour les hôtels et restaurants et la Lyon City Card, qui donne accès, à prix réduit, à de très nombreux sites et aux transports en commun. »

Les voyages hors saison sont d’ailleurs en progression, note Marc-Antoine Vachon, une façon d’éviter les foules et les grandes chaleurs d’été de certains pays. « C’est un choix de plus en plus populaire, pour des raisons financières notamment, mais aussi pour vivre une expérience plus près du quotidien des habitants, pour plus d’authenticité et d’échanges. »

Les efforts de Lyon

Deux initiatives de ONLYLYON Tourisme et Congrès montrent les efforts de la ville vers un tourisme lent, responsable, à la rencontre des habitants de la ville.

Les Greeters de Lyon

Les « Greeters » de la métropole de Lyon proposent de partager quelques heures en leur compagnie et ainsi partager leurs bonnes adresses et leurs coups de cœur de la ville. « Ce sont des résidants de Lyon, bénévoles, qui donnent de une à deux heures de leur temps pour une balade dans la ville, et ce, gratuitement. Il y a une communauté d’environ 70 bénévoles qui montrent leur petit coin de Lyon et leurs adresses de prédilection. C’est une belle façon de rencontrer des habitants », explique Virginie Carton.

Consultez la page des Greeters

Eau (en gourde) à volonté

« Lyon est une destination responsable. On fait la promotion de l’usage de la gourde. On identifie sur une carte l’ensemble des lieux où il y a des fontaines publiques, des cafés, restaurants, commerces et musées dans lesquels les visiteurs sont les bienvenus pour remplir leur gourde », explique Virginie Carton.

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