Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : un couple qui a traversé l’Europe et l’Asie sur deux roues, contre vents et marées.

L’automne dernier, nous avions parlé à Jade Beaulieu et à Yanouk Paquette-Labonté alors qu’ils se trouvaient au Viêtnam. Leur objectif : se rendre jusqu’à Singapour à vélo.

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Après avoir quitté le Québec en juillet 2021, ils avaient déjà parcouru plus de 10 000 km à vélo de Paris et s’imaginaient que « le pire » était derrière eux, ayant traversé l’Asie centrale et ses extrêmes entre montagnes et désert, où ils avaient pédalé à des températures frôlant les 50 oC. Mais c’était sans savoir que l’épreuve la plus difficile de leur voyage les attendait.

PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

Bivouac au bord de la mer, en Thaïlande

« Ce qu’on n’avait pas calculé, c’est que plus on descendait vers le sud en Asie, plus l’humidité montait et plus la température montait aussi de nuit », raconte Yanouk Paquette-Labonté.

On se levait le matin déshydratés, malgré toute l’eau qu’on buvait ; on roulait très tôt le matin et dès que le soleil était levé, c’était terminé. Il faisait trop chaud, trop humide.

Yanouk Paquette-Labonté

  • Traversée du désert au Kazakhstan

    PHOTO FOURNIE PAR JADE BEAULIEU

    Traversée du désert au Kazakhstan

  • La chaleur extrême de la Malaisie les empêchait d’avancer aussi vite qu’ils l’auraient souhaité.

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    La chaleur extrême de la Malaisie les empêchait d’avancer aussi vite qu’ils l’auraient souhaité.

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Pour Jade Beaulieu, qui venait de fêter ses 30 ans, le voyage a commencé à se compliquer à partir du Viêtnam. Vertiges et maux de tête sont venus s’ajouter à la grande fatigue qui ne la quittait plus en raison de la chaleur accablante. La découverte de cette portion de l’Asie du Sud-Est, qu’elle était impatiente de visiter, a rapidement pris une tournure inattendue.

Malaise au Laos

Puis est arrivé cet incident au Laos. « Je ne me sentais vraiment pas bien alors on s’est arrêtés dans une station-service, en espérant de faire du pouce pour que quelqu’un nous amène à l’hôpital le plus proche », se souvient la jeune femme.

  • Travailleuse dans le nord du Vîêtnam

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    Travailleuse dans le nord du Vîêtnam

  • Un rameur sur la rivière Bich Dong, au Viêtnam

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    Un rameur sur la rivière Bich Dong, au Viêtnam

  • Arrêt devant un temple, en Thaïlande


    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    Arrêt devant un temple, en Thaïlande

  • Les chutes d’Erawan, en Thaïlande

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    Les chutes d’Erawan, en Thaïlande

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La pompiste, à qui ils ont expliqué tant bien que mal la situation, a fini par appeler quelqu’un – une femme qui est arrivée avec une boîte remplie de médicaments, des seringues et un stéthoscope.

« Ça s’est passé super vite, dit Yanouk Paquette-Labonté. Jade commence à ne plus être toute là et je dois prendre des décisions... » La jeune femme a reçu deux injections et le couple a finalement réussi à rejoindre un hôpital, où un médecin l’a sommée de se reposer pour une semaine.

« Finalement, on a pris la décision de ne pas aller au Cambodge, d’annuler tous nos plans et de nous rendre directement à l’hôpital international de Bangkok », relate Yanouk Paquette-Labonté.

À ce moment-là, ils étaient prêts à revenir au Québec – c’était à la mi-décembre.

  • L’un de leurs plus beaux bivouacs au Laos

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    L’un de leurs plus beaux bivouacs au Laos

  • Un corridor pour éléphants en Thaïlande

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    Un corridor pour éléphants en Thaïlande

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Continuer ou rentrer ?

Quelques semaines de repos plus tard, rassurés par les résultats d’examens médicaux de Jade et le fait qu’elle n’avait plus aucun symptôme grâce aux médicaments qu’on lui avait prescrits, le voyage s’est néanmoins poursuivi – mais à un tout autre rythme et avec quelques compromis, comme ce trajet en autocar pour traverser la Malaisie et arriver enfin à Singapour, d’où ils devaient reprendre leur avion de retour.

PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

En Malaisie, à l’approche de leurs 13 500 km à vélo

À un moment donné, on s’est demandé pourquoi on continue. Est-ce qu’on le fait parce qu’on s’était dit qu’on le faisait ou parce qu’on a encore le plaisir de le faire ?

Yanouk Paquette-Labonté

Après près de deux ans à bourlinguer, il admet qu’avec l’épuisement, ils étaient devenus moins portés à faire des rencontres et beaucoup moins impressionnés par les paysages qu’ils découvraient. Comme un marathonien qui frappe un mur de fatigue, illustre-t-il.

Maintenant qu’ils sont de retour au bercail, 13 500 km, 21 mois (645 jours) et 25 pays plus tard, ils prennent le temps d’atterrir – « parfois, on a l’impression qu’on est sur une autre planète », intervient le jeune homme – et préparent quelques conférences sur leur aventure.

PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

L’arrivée à l’aéroport Montréal-Trudeau, en avril dernier

De nouveaux périples à vélo ? Ils y songent, bien entendu, mais les prochains ne seront plus aussi longs – ça, c’est certain. « Les réunions de famille qu’on manque, les activités à Noël... c’est difficile », confie Jade Beaulieu, qui avoue avoir trouvé l’éloignement ardu au terme de leur première année de voyage.

« Maintenant, on va sélectionner des parties du monde qu’on a envie de voir, dit Yanouk Paquette-Labonté. Un tracé qui va durer deux, trois semaines, un mois maximum, puis on va revenir. À 30 ans, on se dit aussi qu’il est temps d’avoir un chez-soi... C’est pas mal ça, notre quête, en ce moment ! »

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