Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : Jade et Yanouk, un couple qui a parcouru plus de 10 000 km à vélo, de l’Europe à l’Asie.

« L’idée de tout quitter et de partir, c’est la plus grande épreuve du voyage. Une fois qu’on a pris l’avion et qu’on a donné nos premiers coups de pédale, le reste, ce n’est que du plaisir et de l’aventure », estime Yanouk Paquette-Labonté.

En juillet 2021, le jeune homme de 27 ans a pris l’avion pour Paris avec son amoureuse, Jade Beaulieu, et leurs deux vélos. Au moment où on leur a parlé, au lendemain de l’Action de grâce, ils se trouvaient au Viêtnam, où ils s’apprêtaient à accueillir les parents de Jade pour de vraies vacances — sans vélos ! — de trois semaines.

Si leur destination était d’abord la Malaisie, ils ont choisi de se rendre finalement jusqu’à Singapour. Tant qu’à être si proches, se sont-ils dit…

Derrière eux, l’Europe, avec un Noël en Crète en compagnie d’autres cyclistes voyageurs rencontrés sur place ; l’Asie centrale, avec ses chemins escarpés ; puis la Corée du Sud, un détour complètement inattendu… Plus de 10 000 km parcourus à deux roues, contre vents et marées.

  • En bord de mer près de Thessalonique, en Grèce

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    En bord de mer près de Thessalonique, en Grèce

  • En chemin vers la frontière qui sépare la Grèce de l’Albanie

    PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

    En chemin vers la frontière qui sépare la Grèce de l’Albanie

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La partie la plus difficile de leur voyage ? Sans aucun doute l’Asie centrale, un segment dur pour le moral, qui les a menés des routes désertiques du Kazakhstan aux montagnes du Kirghizistan.

Il y a une journée où on a poussé les vélos durant cinq heures et on n’avait parcouru que 5 km.

Yanouk Paquette-Labonté

Puis quelques mésaventures sont venues teinter leur appréciation du Kirghizistan, notamment des cailloux lancés par des adolescents et le vol de leur précieuse réserve d’eau. « C’était vraiment la première fois où on s’est sentis en insécurité, assure-t-il. On avait les yeux grands ouverts toute la nuit en espérant qu’il ne nous arrive rien. Mais en fait, ce sont quelques petits incidents. Les mauvaises rencontres, on peut les compter sur les doigts d’une main ; mais les belles rencontres… ce serait long de tout énumérer. »

PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

Une famille de nomades rencontrée à plus de 3000 m d’altitude au Kirghizistan

Du rêve à la réalité

Ce tour du monde, Yanouk en rêvait depuis longtemps. Avant même d’avoir rencontré Jade, en 2018. Passionné de voyages à vélo, il avait déjà parcouru le Québec et les Maritimes en solo, avant de traverser le pays avec un ami, de Magog à Vancouver.

Son plan était de terminer l’université et de s’envoler vers son grand défi. Mais il est tombé amoureux entre-temps. Et contre toute attente, Jade est « entrée dans l’aventure » alors qu’elle avait « zéro expérience » des voyages à vélo — à peine deux semaines avec Yanouk, sur la Véloroute des Bleuets et dans les Laurentides…

« Je n’étais pas une personne très active dans la vie, mais j’aimais beaucoup voyager, raconte la jeune femme qui va bientôt fêter ses 30 ans. J’ai fait une maîtrise en géographie et plusieurs voyages en backpack, et je m’étais toujours dit que j’aimerais faire le tour du monde. Avec ce projet, Yanouk m’offrait l’occasion de réaliser ce rêve, même si je n’avais jamais pensé le faire à vélo. »

PHOTO FOURNIE PAR YANOUK PAQUETTE-LABONTÉ

Jade qui reprend son souffle à 3000 m d’altitude, au Kirghizistan

Évidemment, il y a eu un temps d’adaptation. Puis ils se sont divisé les tâches tout naturellement : elle s’occupe de la logistique, lui s’assure qu’ils se rendent au point fixé tout en alimentant en vidéos leur chaîne YouTube, Perdons les pédales.

Avec un budget de 40 000 $ pour deux ans, soit une moyenne de 50 $ par jour pour le couple, ils comptent être de retour au Québec d’ici l’été prochain.

Et même s’il leur reste quelque 5000 km de route à travers le Laos, le Cambodge, la Thaïlande et la Malaisie, avant d’arriver à Singapour, ils songent déjà à l’après. À redécouvrir le Québec à vélo. Mais aussi à continuer de bâtir la communauté de cyclistes qu’ils ont créée depuis leur départ, et en inspirer d’autres à tenter l’aventure.

« Notre idée à nous, c’est de montrer qu’on est deux personnes tout à fait ordinaires qui ont juste décidé de vivre une aventure et que n’importe qui est capable de le faire. On n’est certainement pas des athlètes ; c’est une question de temps, de volonté », conclut Yanouk.

Regardez la vidéo de leur arrivée en Asie centrale Consultez la chaîne YouTube Perdons les pédales