Voyager, c’est comme rouler sur une route de montagne. Mais parmi les hauts et les bas, il restera toujours ces souvenirs indélébiles qu’on emporte avec soi toute sa vie. La Presse raconte les aventures, petites ou grandes, de voyageurs qui n’ont pas froid aux yeux. Aujourd’hui : une famille qui a entrepris un tour du monde en pleine pandémie.

L’idée a été lancée presque à la blague en avril 2021 : tout liquider pour faire le tour du monde avec les enfants. À la grande surprise de Dominique Proulx, 38 ans, son conjoint, Pier-Olivier Monfette, 37 ans, s’est pris d’enthousiasme pour le projet. « Je m’attendais plutôt à ce qu’il me dise : “Tu es folle !” », s’amuse-t-elle.

La maison a été vendue en juin. Et en août, après avoir quitté leur emploi, les deux parents se sont envolés avec leurs enfants Alice et Rafaël, âgés de 5 et 7 ans, pour un voyage de 10 mois.

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La famille, en randonnée à l’île Maurice, dans l’océan Indien

Un rêve avorté de construction de maison a certainement un peu provoqué le destin. Tout comme un besoin de liberté accru par le confinement de 2020.

La pandémie a remis en question nos choix de vie. On ne se sentait pas en contrôle de nos décisions, elles nous étaient plutôt imposées. On s’est dit qu’on voulait faire l’expérience de plein de choses, voir le monde…

Pier-Olivier Monfette, ingénieur

« Les enfants étaient super emballés, même si ça voulait dire qu’on vendait leurs jouets, ajoute Dominique Proulx, orthophoniste. Et comme ils sont au primaire, on a pu assez facilement les scolariser nous-mêmes. »

Un saut dans le vide

Incapable de planifier un itinéraire précis avec les restrictions sanitaires, la famille a acheté des allers simples pour Paris, réservé trois nuits d’hôtel, puis fait un grand « saut dans le vide ».

Ça fait peur, mais c’est vraiment libérateur de ne pas savoir où tu t’en vas le lendemain. Il faut juste lâcher prise, ce qui était un gros défi pour moi.

Dominique Proulx

Après Paris, la famille a visité les Alpes, puis la Grèce, où elle a séjourné deux mois. De retour en France, elle a visité la Loire, puis mis le cap sur La Réunion, et Maurice, dans l’océan Indien, où elle a passé Noël.

Le variant Omicron a alors joué les trouble-fête. Des frontières se sont refermées. Tant pis pour l’Indonésie, l’un des objectifs du voyage. Après une dizaine de jours à Dubaï, les Monfette-Proulx se sont plutôt dirigés vers San Francisco. Un long vol de 16 heures pendant lequel… ils ont attrapé la COVID-19. « On est restés en isolement dans une chambre d’hôtel, avec les enfants qui voulaient grimper aux murs. Mais ça aurait pu être pire », philosophe Dominique Proulx.

  • La Polynésie française a été un gros coup de cœur pour les Monfette-Proulx.

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    La Polynésie française a été un gros coup de cœur pour les Monfette-Proulx.

  • La famille a loué un bateau pour explorer le lagon de Bora-Bora, en Polynésie française, où elle a nagé avec les raies.

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    La famille a loué un bateau pour explorer le lagon de Bora-Bora, en Polynésie française, où elle a nagé avec les raies.

  • Explorer la Nouvelle-Zélande en véhicule récréatif a été un moment fort du voyage.

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    Explorer la Nouvelle-Zélande en véhicule récréatif a été un moment fort du voyage.

  • Moment de plaisir sur la plage de Cathedral Cove, dans la péninsule de Coromandel, en Nouvelle-Zélande

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    Moment de plaisir sur la plage de Cathedral Cove, dans la péninsule de Coromandel, en Nouvelle-Zélande

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Les voyageurs ont ensuite visité la Polynésie française pendant plus d’un mois : un gros coup de cœur. « Faire de la plongée en apnée avec des requins, des raies et des tortues, c’était merveilleux », se souvient Dominique Proulx. Ils ont aussi fait la rencontre à Bora-Bora d’une famille qui les a épatés. « Ces gens-là n’avaient pas grand-chose, mais ils nous ont accueillis à bras ouverts, se souvient Pier-Olivier Monfette. C’était tellement agréable comme relation humaine. »

Après un passage en Nouvelle-Calédonie, l’assouplissement des mesures a permis au clan d’apprendre à surfer en Australie. La famille a même pu aller en Nouvelle-Zélande pour conclure l’épopée, en mai. « Ç’a été notre pays bonbon, précise Dominique Proulx. Se déposer pour la nuit en camping-car, tout seuls dans un décor qui ressemble à un tableau, tu te pinces, tu es au bout du monde. »

Une vie changée

Que rapportent-ils de l’aventure ? De belles leçons de vie, disent les deux parents. « Rapidement, on s’est rendu compte que ce n’est pas le matériel qui nous rend heureux, mais d’être ensemble tous les quatre, en santé, observe Pier-Olivier Monfette. C’est l’essentiel, avec les besoins de base et l’éducation. »

Les Monfette-Proulx concèdent que l’empreinte écologique de leur voyage est lourde. Ils ont essayé de la limiter avec des vols directs et peu d’achats. Mais pour des enfants qui grandissent dans une société de surconsommation, « ce voyage aura plus d’effets positifs pendant toute une vie que d’effets négatifs immédiats sur la planète », croit Pier-Olivier Monfette.

Depuis juin, la famille est de retour dans les Laurentides, où les enfants ont profité de l’été avec leurs grands-parents. Pier-Olivier Monfette s’est trouvé du boulot. Dominique Proulx pense le faire sous peu. Et le couple cherche une maison. « Le retour, c’est la bête noire, reconnaît Pier-Olivier Monfette. On applique le lâcher-prise appris pendant le voyage. Pour l’instant, on a surtout le sentiment d’avoir accompli quelque chose. »

« On sent maintenant qu’on a le choix de faire ce qu’on veut dans nos vies », ajoute Dominique Proulx, qui se promet de réaliser son rêve d’écrire et d’illustrer des livres pour enfants où il sera question… de voyages.

Consultez la page Facebook de la famille Monfette-Proulx