Une combinaison gagnante
« La semaine avant de partir, j’avais vraiment, vraiment hâte », se remémore Léa Quintana, 18 ans, qui a quitté le pays, accompagnée d’une amie, le 12 mai dernier. Bien qu’elle admette avoir trouvé émouvant de s’éloigner de ses proches pour les quatre prochains mois, elle s’est rapidement acclimatée à son nouveau mode de vie en Angleterre. « Finalement, ce n’était pas si difficile de partir », rigole celle qui planifiait son voyage depuis janvier. Lorsque La Presse l’a jointe, Léa se préparait déjà à rejoindre son père, qui voyage pour le travail en Finlande. La jeune femme, munie de son sac à dos, partira ensuite à destination du sud de l’Europe pour la seconde partie de son voyage.
En Angleterre, c’est surtout l’envie de découvrir de nouvelles villes qui la guidait. Lorsqu’elle a appris que l’une des connaissances de son père avait besoin d’animateurs dans son camp de vacances en Italie, Léa a saisi l’occasion. Même si la pandémie lui a coupé les ailes alors qu’elle planifiait étudier en Italie après ses études secondaires, aujourd’hui, elle entreprend une nouvelle étape qui, elle l’espère, forgera son parcours : « Le reste de l’été, j’ai l’impression que c’est une certaine émancipation. Comme je vais être toute seule, je vais apprendre encore plus à me connaître. Je me dis que j’ai vraiment besoin de cette aventure-là. »
Du bon temps entre amis
Quels sont tes plans des prochaines semaines ? demande-t-on à Séréna Byrnes. « Ça, c’est un gros mystère », répond celle qui, au moment de l’entrevue, venait d’appeler la compagnie aérienne pour repousser son vol de retour. Ses deux prochaines semaines n’étaient pas encore planifiées, mais Berlin, Amsterdam et Bordeaux étaient des destinations qui l’interpellaient puisqu’elle a des amis qui y sont installés cet été. C’est d’ailleurs la raison qui l’a poussée à partir en voyage. « J’ai beaucoup d’amis qui sont partis en Europe cette année. J’en ai profité pour aller les voir », explique-t-elle. En plus de la Turquie, la Grèce, la France et l’Italie, elle s’est arrêtée à Barcelone, en Espagne, pour rejoindre sa famille qui était de passage.
La pandémie et le confinement ont cultivé le désir que Séréna ressentait de « changer de paysage, rencontrer de nouvelles personnes, voir quelque chose de différent, parce qu’autant [elle] adore Montréal, [elle avait] besoin de sortir ». « De base, j’ai toujours aimé voyager, mais le fait d’être enfermée pendant si longtemps, ça m’a encore plus donné l’envie de partir », souligne-t-elle.
Parcourir le globe
Vivianne Queenton revient de son premier voyage en solo qui a duré un total de huit mois. « Au début, quand je suis partie, je n’avais aucune idée de mon horaire. J’avais des petites idées, mais j’y suis allée freestyle. » Guidée par la météo et le coût de la vie, elle a traversé quatre fois l’océan Atlantique. Montréal-Bordeaux, Porto-Punta Cana, Lima-Milan, Faro-Montréal.
Même si elle n’avait que très peu d’expérience dans ce type de voyage du haut de ses 18 ans, Vivianne savait depuis longtemps qu’elle prendrait une année sabbatique entre le cégep et l’université pour voyager. L’année précédente, elle a travaillé d’arrache-pied pour pouvoir se permettre de partir aussi longtemps.
Tourisme et immersion
Félix Bouffard, 21 ans, a, pour sa part, opté pour l’aventure que propose Explore : une expérience d’immersion intensive pour apprendre l’anglais dans une autre région du Canada. Pour les plus chanceux des inscrits, une grande partie des frais du séjour sont couverts par le gouvernement. C’est le cas de Félix qui est atterri dans l’Ouest canadien. « Je voyais que c’était un peu comme une expérience tout inclus : tu peux vivre ce qui t’a manqué pendant les dernières années tout en apprenant l’anglais. Tu as le temps de visiter Vancouver, la ville la plus chère au Canada, avec certaines commodités payées. Ça, c’est intéressant », indique-t-il, conscient qu’il n’aurait probablement pas voyagé autrement.
Celui qui dit ne pas être un « mangeur de kilomètres » reconnaît qu’il est plaisant de voyager et d’être confronté à de nouvelles cultures même quand on ne change pas de pays.
Soleil et détente
En direct de l’aéroport, Gabriella Viero nous appelle, soulagée que son stress de la veille soit finalement terminé. La jeune femme de 23 ans fait partie des centaines de Québécois qui ont fait la queue toute la nuit devant les bureaux de passeport. Soulagée d’avoir passé la sécurité, elle s’encourageait en pensant que, dans quelques heures, elle se reposerait au bord de la piscine, sous les rayons du soleil avec possiblement une douce boisson fruitée à la main pour récupérer ses heures de sommeil perdues passées sur sa petite chaise de camping. « J’ai tellement hâte ! Encore plus parce que j’ai attendu aussi longtemps », dit-elle.
Sa mère et elle prennent l’avion en direction des îles Turks et Caicos pour une durée de 10 jours. Pour Gabriella, ce n’était pas une option de partir pendant la pandémie. C’est donc ce voyage mère-fille qui inaugure le retour des voyages.
Voyager pour célébrer
Philippe Granger est de retour d’un voyage qui a duré un peu plus de deux semaines. Avec un ami qu’il s’est fait sur les bancs d’école à l’UQAM, il a parcouru les grandes villes de l’Europe (Londres, Paris, Barcelone) avant d’explorer la Côte d’Azur et de faire un arrêt au Festival de Cannes. Comme Séréna, Philippe avait d’abord pour mission d’aller à la rencontre d’amis qui étaient partis en échange. « Les destinations se sont définies rapidement en fonction d’où ils étaient », explique le voyageur de 22 ans.
« On n’avait rien en soute, toutes nos affaires étaient en cabine et on faisait les auberges de jeunesse », résume Philippe. Ce voyage leur a permis de « célébrer la fin de la session et de [se] remettre de deux ans et demi en pandémie, de temps passé à distance », alors que les deux amis qui étudiaient ensemble ne pouvaient se voir, estime-t-il.
Vacances en préparation
Valérie Nguyen est dans les préparatifs de son premier voyage entre amies. Elle s’envolera en juillet vers l’Espagne en compagnie de ses deux collègues d’université, puis rejoindra l’une de ses amies d’enfance en Italie pour une semaine. Pour la première partie du voyage, les voyageuses ont « fait un fichier Excel avec un plan fixe, les heures de départ et tout le reste ». « On s’est organisé des réunions Zoom pour réserver nos Airbnb », raconte-t-elle. « J’ai utilisé tout ce que j’ai pu apprendre avec mon premier groupe d’amies pour mieux organiser la seconde partie de mon voyage », ajoute-t-elle, rieuse.
Pour le moment, Valérie ne se fait pas de grandes attentes. Elle espère que ce voyage lui permettra « d’être plus indépendante, d’avoir du plaisir avec des amis et de pouvoir accueillir de nouvelles expériences ». « Ce ne sont pas nécessairement des destinations que j’avais en tête depuis longtemps, mais c’est de pouvoir profiter des vacances avec des amis qui me pousse à partir. »