Il faudra encore patienter un peu avant de pouvoir s’envoler vers des destinations éloignées. En attendant, pourquoi ne pas explorer les archives de La Presse et lire des reportages touristiques d’une autre époque ? Certains ont assez bien vieilli, d’autres moins. Au cours des prochaines semaines, nous présenterons de petites trouvailles qui nous permettent de voir le monde à travers les yeux des voyageurs de l’époque.

Cela fait longtemps que les gens issus d’un milieu aisé voyagent à l’étranger. Mais il faudra attendre à la fin des années 1950 pour voir poindre le début de ce qui deviendra plus tard le tourisme de masse. La Presse s’est alors donné une section Tourisme et a commencé à offrir des articles sur différentes destinations. Ces premiers textes ressemblaient à ce qu’on trouve aujourd’hui dans les guides touristiques : une mise en contexte de la destination, une description des lieux à ne pas manquer, le tout un brin académique. On donnait aussi des conseils aux voyageurs et on présentait des nouvelles de l’industrie touristique.

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Puis, des journalistes ont commencé à se rendre eux-mêmes à l’étranger pour rapporter de véritables reportages touristiques, souvent rédigés avec une petite touche personnelle.

L’un de ces premiers textes émane de Nicole Mongeau, paru le 8 juillet 1961 sous le titre : Hawaii, îles du bonheur. La journaliste est revenue enchantée au point d’adopter un ton presque lyrique dans son introduction.

Hawaii m’attendait et je n’en savais rien !

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« Aloha » m’ont dit les palmiers géants, « Aloha » ont répété les eaux bleues du Pacifique étincelant, en signe de bienvenue sur leur territoire béni des dieux.

Non, ce n’était pas un rêve ! Le jet DC-8 de la compagnie Pacifique Canadien avait effacé la distance et permis de dévorer en quelques heures les 2700 milles qui nous séparaient de Vancouver. Avec les journalistes invitées sur ce bel oiseau d’acier, je franchis la passerelle pour me voir décorée, sur-le-champ, d’un « lei » de ravissantes orchidées et de pua melia. Après cinq heures et demie de voyage, nous étions à Honolulu.

La journaliste note que seulement 3 % de la population sont des Hawaïens d’extraction pure, alors que 32 % sont des Japonais, 29 % des Caucasiens, 11 % des Philippins, 6 % des Chinois et le reste, « un mélange des différentes nationalités ».

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Les Hawaïens ont conservé presque intact leur art de vivre, leur rythme, leur cordialité. Parce qu’ils sont heureux, ils transmettent la joie à l’étranger qui les approche. Leur amabilité est proverbiale et n’est égalée que par la splendeur du décor et la générosité de la nature dans laquelle ils vivent. D’ailleurs, cette amabilité, cet entregent n’existent pas que pour la galerie, ils sont innés et ont permis une intégration parfaite susceptible de donner une leçon au monde entier.

La journaliste fait la découverte d’une nature exubérante, de plages infinies et d’un sport inconnu.

« Les plus belles villes », a-t-on dit, « sont nées du mariage de la montagne et de la mer ». Honolulu n’y fait pas exception. Ses montagnes et plus particulièrement son « Diamond Head » (Cap Diamant), sa végétation audacieuse, ses couleurs voluptueuses demeurent inoubliables pour le touriste émerveillé.

Les plages blondes de Waikiki sont parmi les plus belles du monde entier. Des milles et des milles de rivage sont ainsi poudrés d’or et permettent aux baigneurs de se chauffer au soleil après la saine plongée dans des eaux d’environ 80 degrés F.

Les plus sportifs se livrent au « surf », qui se pratique sur des planches de fibre de verre en forme de table à repasser, d’environ 30 pieds de longueur et pesant 35 livres. Toutes sont équipées d’une petite dérive, capables d’atteindre une vitesse de 40 milles à l’heure si vous savez ployer les genoux à temps pour épouser les vagues du puissant océan azur.

« Sans aucun moustique, ni animal, ni reptile dangereux »

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Elle aborde brièvement l’histoire d’Hawaii, essentiellement pour souligner le rôle du roi Kamehameha 1er qui a su unir les îles en 1795. Puis, elle revient sur le climat, qu’elle a manifestement apprécié.

Dans ces îles du bonheur, l’œil est immédiatement séduit par le décor, mais le corps sait apprécier ce climat paradisiaque et les avantages de vivre sous les tropiques sans aucun moustique ni animaux, ni reptiles dangereux.

La journaliste promet un reportage additionnel sur Hawaii, mais une recherche dans les archives n’a pas permis de le retracer. Dommage, il semblait prometteur.

Dans un prochain article, je dirai un mot des développements modernes de la ville, de l’aspect des autres îles aux superbes filles bronzées souples comme des panthères.

On peut naviguer dans les archives de La Presse, et d’autres journaux québécois, sur le site de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BanQ).

> Consultez le site de la Bibliothèque et Archives nationales du Québec