Voler ne sera plus jamais comme avant. Aperçu en six mots de ce que la pandémie changera à l’aéroport et en avion.

Toilettes

ILLUSTRATION JULIEN CHUNG, LA PRESSE

Dorénavant, on ira aux toilettes en avion comme à la petite école : en levant la main et en demandant la permission d’abord. C’est du moins ce qui se produira dans les avions du transporteur au rabais Ryanair, apprend-on dans une vidéo diffusée par l’entreprise en prévision de la reprise du service « régulier », le 1er juillet prochain. Le géant — Ryanair transporte plus de passagers en Europe que tous ses concurrents — y explique qu’en temps de pandémie, il vaut mieux éviter de s’entasser à la file indienne dans une étroite allée d’avion en attendant que la toilette se libère… une situation qui ne va pas de pair avec la distanciation physique. Pour rassurer les voyageurs (et ainsi favoriser le retour des clients), la firme Simpliflying suggère même aux transporteurs de proposer une application qui permettrait aux passagers de suivre en temps réel la fréquence de nettoyage des unités. Simpliflying recommande aussi l’embauche de « concierges de vol » voués au nettoyage des surfaces communes. Emirates l’a fait pour sa première classe et assure une désinfection des douches entre chaque utilisateur.

Embarquement

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Zone 1 ? Zone C ? L’embarquement dans l’avion pourrait être l’une des rares étapes qui seront simplifiées lors des voyages en période de pandémie. On n’appellera plus les voyageurs à se présenter au comptoir par « section » comme avant, créant un rassemblement incompatible avec la notion de distanciation physique. À la place, on appellera les passagers un par un, par nom ou par numéro de siège. Le billet en papier sera relégué aux oubliettes, éclipsé par l’usage exclusif de son rival électronique pour éviter tout contact entre les passagers et le personnel. Vous aurez probablement à porter un masque en tout temps, de l’arrivée à l’aéroport à la sortie de l’avion : KLM et Air Canada, entre autres, l’obligent déjà.

Milieu

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Est-ce la fin du mal-aimé « siège du milieu » ? Des transporteurs — Air Canada et Delta, notamment — ont annoncé qu’ils veilleront à favoriser la distanciation physique en vol en évitant de vendre les billets pour des sièges contigus — sauf aux membres d’une même famille. Mais la mesure est temporaire et il est peu probable qu’elle perdurera quand les limitations de voyage seront levées : le PDG de l’Association internationale du transport aérien (IATA) estime que le prix des billets bondira de 50 % si le tiers des sièges ne peuvent être vendus à cause des mesures de distanciation. D’autres avenues pourraient être explorées, comme l’adoption de séparateurs en plexiglas proposée par la firme italienne Aviointeriors.

> Relisez l’article de La Presse sur le sujet

Passeport

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La question d’un passeport immunitaire faisant foi que le passager est porteur d’anticorps du coronavirus — donc potentiellement immunisé — est loin de faire consensus, tant sur le plan éthique que scientifique. Un tel document n’est pas pour demain, donc. N’empêche, des contrôles sanitaires sont déjà imposés dans certains aéroports ou par certains transporteurs. À la fin du mois d’avril, Emirates a mené un projet-pilote de dépistage rapide du coronavirus chez tous les passagers, avec un résultat obtenu en 15 minutes et refus de vol pour les malades. L’Islande a également introduit un contrôle systématique de toutes les personnes atterrissant à l’aéroport international de Keflavík (qui dessert la capitale Reykjavik), lesquelles seront contraintes de s’isoler jusqu’à ce que le résultat de l’analyse leur soit communiqué — théoriquement le jour même — ou jusqu’à 14 jours si le test est positif. À Vienne, ce test est optionnel et coûte 190 euros (environ 290 $), mais permet d’éviter une réclusion de 14 jours, rapporte The Telegraph. Plus couramment, on verra probablement se répandre la prise de température des passagers, comme ce fut le cas en Asie dans la foulée de l’épidémie de SRAS. Des contrôles de température devraient être installés dans 12 aéroports américains au début du mois de juin. Les clients de Frontier Airlines ne pourront embarquer si leur température excède 37,8 oC.

Bagages

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En 2018, une enquête menée en Finlande révélait que les bacs de plastique utilisés aux contrôles de sécurité contiennent plus de bactéries et de microbes que toute autre surface dans les aéroports. Oui, incluant les toilettes. Le passage des contrôles de sécurité sera certainement revu : on pourrait décourager les bagages de cabine — versus ceux dans la soute — pour limiter les objets manipulés et soumis au contrôle manuel des agents de sécurité. Il faudra aussi prévoir plus de temps pour assurer une désinfection régulière des bacs et autres surfaces aux points de contrôle — l’aéroport de Heathrow a d’ailleurs entrepris, le 8 mai, un projet-pilote de désinfection à l’aide de rayons UV, une méthode plus rapide et plus sécuritaire pour le personnel que d’autres procédures manuelles. Comme dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, le passage des diverses étapes de contrôle sera donc fort probablement allongé et il faudra prévoir arriver plus tôt à l’aéroport.

Plastique

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Engagées ces dernières années dans une course à qui allait réduire le plus le plastique à usage unique en vol — et ainsi gagner quelques points dans l’opinion publique —, les compagnies aériennes risquent de faire marche arrière dans ce domaine au cours des prochains mois. Par souci d’hygiène, tout ce qui sera proposé en vol sera enveloppé individuellement. Des gants, des lingettes, des flacons de gel nettoyant et des masques à usage unique seront distribués par plusieurs transporteurs, dont Air Canada. Par contre, les publications proposées à bord — le magazine du transporteur, les journaux, le catalogue de la boutique hors taxes — sont appelées à disparaître pour éviter la contamination d’un passager à l’autre.