Comment résister à un petit manchot curieux qui vient picorer votre pantalon? Impossible ! En Antarctique, terre de beautés sauvages, cela n'a rien d'inhabituel. Il n'y a qu'à admirer la nature et faire un safari photo pour immortaliser ces moments de grâce.

Les Malouines

Les îles de Margaret

Un joli bungalow blanc surmonté d'un brillant toit rouge. Une pelouse soignée. Un arbre vénérable qui distribue généreusement de l'ombre sous un radieux ciel bleu. C'est un bien étrange endroit pour commencer une croisière vers l'Antarctique.

Devant le bungalow, on a installé un écriteau pour bien identifier la rue: Thatcher Drive. Thatcher, comme Margaret Thatcher, l'ex-première ministre britannique.

Aucun doute, nous sommes dans les îles Malouines, Falkland Islands en anglais, actuellement sous contrôle britannique, mais revendiquées par l'Argentine.

Les Argentins ont d'ailleurs envahi l'archipel en avril 1982. Margaret Thatcher n'a pas apprécié et a envoyé la marine sur place pour ramener les îles dans le giron britannique.

Depuis, tous les ans, le 10 janvier, les habitants des Malouines célèbrent le Margaret Thatcher Day.

Les rues tranquilles de la capitale des Malouines, Port Stanley, semblent bien loin de ce conflit. Et pourtant, il suffit de pénétrer à l'intérieur du petit musée local pour réaliser que la guerre des Malouines a profondément traumatisé ses habitants. Des photos d'époque montrent les rues envahies par les soldats argentins alors que les rares passants rasent les clôtures.

Heureusement, le musée ne s'appesantit pas sur conflit et cherche surtout à illustrer la vie des habitants du passé, avec de vieux phonographes et la reproduction d'une cuisine complète de l'ère victorienne.

La ville moderne est décidément plus rieuse. Les habitants semblent apprécier les couleurs vives et n'ont pas lésiné lorsqu'est venu le temps de peindre les murs et les toits de leurs demeures.

Nous sommes à Port Stanley un peu par hasard. Nous devions visiter aujourd'hui quelques îlots des Malouines pour admirer la faune locale, et notamment des colonies de gorfous sauteurs. Mais la mer, trop grosse, ne permettait pas à nos Zodiac d'accoster.

Dommage. Je tenais vraiment à voir ces manchots: petits, boulots, dotés de quelques longues plumes jaunes au dessus de l'arcade sourcilière pour se donner un air distingué.

Heureusement, le vent tombe un peu le lendemain et nous pouvons accoster sur l'île Bleaker, un long îlot doté de plages, de prés et de quelques promontoires rocheux où nichent des oiseaux de mer. Et voilà qu'entre des cormorans élégants flânent quelques dizaines de gorfous sauteurs. Nous nous approchons le plus discrètement possible et tentons de conserver la distance recommandée de 5 m entre eux et nous. Notre présence ne semble pas trop les déranger. Ils semblaient sommeiller, ils rouvrent un peu l'oeil, d'un rouge profond, nous observent un instant et retournent à leur rêverie sans bouger une plume. Nous luttons contre l'envie folle d'aller les caresser.

Grâce à eux, nous nous sentons beaucoup plus près de l'Antarctique.