Il a fait l'Europe à moins de 100 par jour, les États-Unis à moins de 100$ par jour. Il planifie ses voyages en fonction des jours où les musées sont gratuits. C'est un expert des offres spéciales dans les bars new-yorkais. Pendant quatre ans, Matt Gross a tenu la barre de la chronique du «voyageur frugal» dans le New York Times.

«La chronique existe depuis 1993 et j'ai été le troisième pigiste à m'en occuper», explique M. Gross dans un entretien de son domicile de Brooklyn, lui qui a cédé la place à un successeur au début du mois. «J'ai été le premier qui a pu vraiment profiter des avancées technologiques. Celle qui m'a immédiatement précédé pouvait faire des réservations et vérifier les meilleurs tarifs sur l'internet, mais les réseaux sociaux aujourd'hui sont une merveille pour qui veut voyager pour pas cher. Et avec Twitter et les logiciels de géolocalisation qui permettent de donner les coordonnées géographiques d'une photo, mes périples ont vraiment pu être suivis en direct par mes lecteurs sur le blogue de la chronique.»

 

M. Gross, qui a attrapé le virus du voyage dès l'enfance avec plusieurs déménagements en Angleterre et aux États-Unis, a révolutionné la chronique. «Avant, c'était essentiellement une formule de fins de semaine. Il fallait aller quelque part pour trois jours pour moins de 500$US. Je me suis vite rendu compte que la définition de la frugalité variait énormément en fonction de la ville, du pays, mais aussi du type d'activités recherché. Pour moi, être frugal, ça signifie en avoir le plus possible pour son argent. Donc, je n'hésite pas à payer 88$ pour le meilleur bed and breakfast du monde à Shanghai. Pour moi, c'est une aussi bonne affaire que de payer 10 pour un souper à Paris.»

La frugalité est un concept qui évolue toujours. Le titulaire actuel de la chronique, Seth Kugel, ne s'est pas fixé d'objectif budgétaire rigide pour son voyage allant du Brésil jusqu'à New York, en passant par l'Amérique centrale. Il a trouvé une croisière sur l'Amazone à 17$ par jour, puis un hôtel luxueux au bord d'un lac bolivien à 90$ par jour. Grosso modo, il veut arriver avec 500$ par semaine, mais avec des variations importantes d'une semaine à l'autre.

L'autre innovation de M. Gross est d'avoir adapté le concept de frugalité aux préférences de chacun. «Pour moi, ce n'est pas un absolu. On peut préférer mettre beaucoup d'argent sur l'hôtel mais manger sur le pouce. Ou alors se priver matériellement mais faire des activités culturelles ou sportives inoubliables. J'ai aussi lancé un blogue de voyages pour les pères, parce que j'aime beaucoup voyager seul avec ma fille.»

 

Par-dessus tout, M. Gross a privilégié les contacts humains. «J'essaie toujours de me faire diriger vers quelqu'un qui habite sur place pour avoir un sentiment humain de l'endroit. Les gens sont souvent très accueillants et désireux de faire découvrir leur ville à des étrangers. Et c'est la meilleure manière de sortir des sentiers battus. Pas besoin d'être un chroniqueur du New York Times pour y arriver: souvent, je faisais mes contacts avant de m'identifier formellement comme journaliste.»

Au passage, il a rencontré des personnages hors du commun. Entre autres, il se souvient avec affection de Matt Getze, fondateur de WheelAdventure, un site web donnant des conseils de voyages à budget aux personnes en fauteuil roulant. «Matt a tout fait ce qu'un voyageur normal à sac à dos considère comme normal: les hôtels à 10$, les autocars interurbains en Malaisie, la nourriture dans les étals de rue. Mais il est en fauteuil roulant. Son énergie est incroyable.»

Sur le web: www.worldmatt.org

frugaltraveler.blogs.nytimes.com

Photo fournie par Matt Gross

Matt Gross a parcouru le monde à la recherche de bonnes affaires pour le blogue Frugal Traveller du  New York Times. Ici, une cafétéria bon marché à Paris.