Le Chili propose une exposition inédite qui dévoile au public les plus anciennes momies au monde, vieilles de plus de 7000 ans.

Elles proviennent de la culture indigène Chinchorro, dont les vestiges ont été retrouvés à partir des années 20 dans la région d'Arica, à l'extrême nord du Chili, le long de la côte Pacifique, où résidait cette population primitive qui vivait de la chasse, de la pêche et de la cueillette des algues.

«Cette exposition qui se tient à Santiago a pour but de montrer aux Chiliens que nous détenons les plus vieilles momies au monde, ce qui est reconnu par la communauté archéologique internationale», a déclaré l'archéologue Hermann Mondaca.

Ornées de masques et d'une chevelure noire et rouge, ces momies, qui ont conservé les proportions corporelles, ont révélé une technique très particulière de préservation, 2000 ans avant l'apparition des exemplaires égyptiens. «Leurs corps étaient démembrés, leurs organes retirés, les os enlevés et la peau était mise à sécher. Puis leurs os étaient replacés avec des joncs pour être ensuite recouverts de boue et les visages portaient des masques», explique M. Moncada, qui compare ces momies à de «véritables oeuvres d'art».

«On trouve des momies noires. Ce sont celles qui acquièrent cette couleur après avoir été recouvertes d'un mélange de magnésium et de boue, ce qui leur donne un aspect mortuaire impressionnant», poursuit l'archéologue.

Plus récentes, puisqu'elles ne datent que de... 4600 ans, les momies rouges ont été fabriquées en remplissant l'abdomen des défunts, vidé de leurs organes, avec des peaux d'oiseaux marins.

L'Université de Tarapaca à Arica a sauvegardé plus d'un millier de ces momies. Elles ont été découvertes dans un bon état de conservation grâce à l'air marin, «un phénomène unique au monde», selon M. Mondaca. «Le nombre important de momies démontre que les Chinchorros ne faisaient pas de discrimination pour la momification, à la différence de la culture égyptienne où seuls les pharaons et les prêtres étaient momifiés. Trois de ces momies, deux adultes et un enfant, ont été expédiées d'Arica vers la capitale chilienne pour cette exposition, baptisée Arica, une culture millénaire.

Les pièces sont exposées dans le pavillon culturel du Palais de la Moneda, au terme d'un transport très méticuleux, toute hausse de température pouvant produire des dommages irréversibles.

«Il a été nécessaire d'aménager une salle spéciale dans le bâtiment: la température oscille entre 20 et 25 degrés et le taux d'humidité est maintenu constamment à 30 %», a précisé Catalina Guerrero, guide de l'exposition.

Les autorités chiliennes ont annoncé leur intention de solliciter l'an prochain auprès de l'UNESCO le classement de ces momies au Patrimoine mondial de l'humanité.