Un «party cochon» a eu lieu hier soir à la Gare Windsor de Montréal. Pour reconquérir le marché intérieur, dont 30% est occupé par le porc américain, la Fédération des producteurs de porcs du Québec a servi un méchoui de porc concocté par les chefs Louis-François Marcotte et Jonathan Garnier, rare moment de réjouissance dans un secteur où un producteur sur cinq a cessé ses activités depuis quatre ans.

«On veut revaloriser le porc du Québec», a dit à La Presse David Boissonneault, 35 ans, nouveau président de la Fédération. Le porc d'ici se distingue de celui de nos voisins du Sud, notamment parce que certains antibiotiques bannis ici sont encore utilisés aux États-Unis, a fait valoir le président.

Mais les Américains ont un avantage, qui était le nôtre avant: un dollar faible qui favorise les exportations. «On perd de 40 à 50 fermes porcines par an, a indiqué M. Boissonneault. Il y a des entreprises qui vivent des drames.» Le prix élevé du maïs dont sont nourris les porcs, le dollar fort et les craintes suscitées par la grippe porcine ont fait mal aux producteurs québécois.

Dans le mémoire présenté à la consultation sur la future politique bioalimentaire du Québec, la Fédération rappelle la «nécessité du soutien de l'État dans un contexte d'agriculture nordique» aux normes strictes. Elle dénonce une fois de plus l'empressement que met la Financière agricole à se faire rembourser une dette, ce qui pousse des producteurs à la faillite.

«Le message qui ressort, c'est qu'on a besoin de temps», a plaidé M. Boissonneault, qui demande que les mesures que prend la Financière agricole soient plus graduelles. Lui-même possède deux fermes de 350 truies chacune, qui produisent 16 000 porcs par an. La situation actuelle «est très difficile», a-t-il témoigné. M. Boissonneault, qui est père de quatre enfants, a perdu 30% de ses revenus par rapport à 2006.

Près de 200 mémoires

Au total, la Commission sur l'agriculture, qui a lancé hier ses travaux sur le livre vert pour une politique bioalimentaire, a reçu près de 200 mémoires. «Cette forte participation témoigne, avec justesse, du grand intérêt que suscite la future et première politique agricole du Québec», a indiqué par communiqué Pierre Corbeil, ministre de l'Agriculture.

L'Union des producteurs agricoles (UPA) a pour sa part fait valoir, aussi par communiqué, qu'il «importe d'abord et avant tout de sauver des milliers de fermes de la faillite, à très court terme». L'UPA réclame par ailleurs que des normes strictes soient imposées aux produits étrangers vendus ici et que l'on donne priorité aux produits québécois dans les supermarchés et les établissements publics.