Le vagin dégage des odeurs. Ces odeurs sont bien souvent normales, inhérentes à notre condition de femme, quoi! Dans certains cas, un changement d'odeur peut être le symptôme d'une pathologie. Six questions pour s'y retrouver.

D'où viennent les odeurs vaginales?

L'odeur vaginale est sans doute une combinaison d'odeurs, explique la Dre Laurence Simard-Émond, obstétricienne-gynécologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM). La flore bactérienne vaginale, les sécrétions provenant de différentes glandes et les phéromones, notamment, y contribuent. «Dans l'odeur vaginale, il y a une partie qui est physiologique, qui est normale, souligne la Dre Simard-Émond, également professeure adjointe de clinique au département d'obstétrique-gynécologie de l'Université de Montréal. On sent tous quelque chose, et l'odeur vaginale fait partie de l'odeur de notre corps.»

Qu'est-ce qui fait varier l'odeur vaginale?

Chaque femme est habituée à une odeur qui lui est propre et qui demeure assez stable, mais certains facteurs peuvent faire varier l'odeur, comme le stade du cycle menstruel. Par exemple, en toute fin de menstruations, des femmes peuvent être dérangées par l'odeur de sang qui se décompose dans le vagin. La présence de sperme peut aussi modifier l'odeur vaginale. «Au lendemain d'une relation sexuelle, même s'il n'y a plus beaucoup de sperme dans le vagin, il peut y avoir un changement d'odeur, parce que le sperme est alcalin et change le pH du vagin», explique la Dre Simard-Émond.

Comment contrôler l'odeur normale?

La région des parties parties génitales reste un endroit assez confiné, humide, où la sueur peut s'accumuler, note Laurence Simard-Émond. «C'est normal, c'est comme ça que le corps est fait, dit-elle. Si les gens trouvent qu'il y a trop d'odeurs ou que c'est dérangeant, on peut conseiller certains trucs.» Et ces trucs visent essentiellement à permettre une meilleure aération de la région. On peut par exemple opter pour des sous-vêtements qui respirent davantage, pour des pantalons plus amples, pour des jupes, énumère la gynécologue. Les femmes qui portent des protège-dessous tous les jours peuvent voir leur odeur changer simplement en modifiant cette habitude.

Et l'hygiène?

«Les gens vont développer parfois de mauvaises habitudes d'hygiène à cause de leur problème perçu ou réel d'odeurs vaginales», constate la Dre Simard-Émond. Certaines vont se nettoyer plusieurs fois par jour, «mais plus on se lave, plus on assèche les muqueuses, plus ça peut devenir irritant». Il suffit de se laver une fois par jour, avec un savon doux. Par ailleurs, il est déconseillé de procéder à des douches vaginales («ça peut entraîner d'autres problèmes par la suite») ou d'utiliser des lingettes humides ou tout produit désodorisant («c'est irritatif»). «Il ne faut pas trop croire les gens du marketing en matière d'hygiène vulvaire», résume la Dre Simard-Émond, qui donne l'exemple des publicités de Lysol qui incitaient jadis les femmes à appliquer du désinfectant sur leur vulve.

Qu'est-ce qu'une odeur anormale?

Les odeurs vaginales qui sortent de la norme sont souvent causées par une pathologie fréquente: la vaginose bactérienne. Il s'agit d'un déséquilibre de la flore microbienne du vagin, qui se manifeste par des pertes vaginales plus abondantes et par un changement d'odeur. «On la qualifie souvent comme une odeur de poisson», indique Laurence Simard-Émond. La vaginose bactérienne se traite par antibiotiques, mais le taux de récurrence est élevé (50 % après un an). «Si les personnes ne sont pas symptomatiques et ne sont pas enceintes, on ne le dépiste pas», explique-t-elle.

La ménopause change-t-elle l'odeur vaginale?

Après la ménopause, les sécrétions diminuent, la muqueuse devient atrophique, la flore vaginale change. «Tout ça entraîne un changement d'odeur, et c'est assez fréquent que des patientes consultent pour cette raison, constate Laurence Simard-Émond. Elles sentent une odeur qu'elles n'aiment pas, qu'elles ne reconnaissent pas, quelque part», explique Laurence Simard-Émond. Le gynécologue leur explique alors que, même si cette odeur leur est étrangère, elle demeure normale. «Si ça dérange vraiment une patiente, on peut recommander d'utiliser des oestrogènes locaux, au niveau du vagin. Les patientes retrouvent une odeur qu'elles connaissent et qui, pour elles, est normale.»