L'efficacité du tamoxifène, traitement hormonal utilisé dans certains cancers du sein, serait réduite par la prise concomitante d'un antidépresseur, la paroxétine, montre une étude canadienne publiée en ligne mardi par le British Medical Journal (BMJ).

Le tamoxifène est utilisé chez les femmes atteintes d'un cancer du sein avec des récepteurs hormonaux positifs pour réduire les risques de récidive. Il est en général prescrit pendant cinq ans.

Pour être efficace, cette molécule doit cependant être transformée en un composé actif, l'endoxifène, par une enzyme du foie, la CYP2D6.

Mais certains médicaments peuvent interférer avec ce processus.

L'équipe du Dr Catherine Kelly (Institute for Clinical Evaluative Sciences de Toronto) a ainsi cherché à savoir si certains antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), pouvaient réduire en pratique l'efficacité du tamoxifène.

Les ISRS sont prescrits chez les femmes avec un cancer du sein sous tamoxifène pour traiter la dépression et l'anxiété, mais aussi pour réduire les bouffées de chaleur.

Les chercheurs ont étudié les données concernant 2.430 femmes âgées d'au moins 66 ans qui avaient reçu du tamoxifène entre 1993 et 2005. Environ 30% de ces femmes avaient également reçu un antidépresseur pendant leur traitement, et la paroxétine était l'agent le plus fréquemment utilisé.

Ils ont montré que le risque de décès par cancer du sein, 5 ans après l'arrêt du tamoxifène, augmentait avec la durée d'utilisation de la paroxétine, mais pas avec celle d'autres ISRS.

Les chercheurs soulignent que leurs résultats ne doivent pas conduire les patientes à arrêter le tamoxifène, et qu'ils ne signifient pas que la paroxétine est elle-même facteur de cancer. "C'est seulement une situation dans laquelle la paroxétine réduit l'efficacité du tamoxifène".

Dans un éditorial également publié par le BMJ, Frank Andersohn et Stefan Willich (Charité University Medical Centre - Berlin) estiment que les médecins devraient éviter de prescrire en même temps la paroxétine et le tamoxifène chez les femmes avec un cancer du sein, mais mettent en garde contre un arrêt brutal du traitement par ISRS.