Ça ne paraît pas au premier coup d'oeil, mais les raquettes évoluent sans cesse. En 2017, on est loin de la bonne vieille babiche !

Comme sur la lune

Si on se fie aux historiens, les premières raquettes à neige ont vu le jour en Asie centrale il y a plus de 4000 ans. Leur évolution aurait donné naissance au ski de fond, dans le nord de l'Europe, et à la raquette en babiche typiquement nord-américaine. Silencieuses et souples, même par temps très froid, ces anciennes raquettes font encore le bonheur de certains nostalgiques du bon vieux temps...

Ces vieilles histoires ont également inspiré Jake Thamm et Tamara Laug, cofondateurs de Crescent Moon Snowshoes à Boulder, au Colorado. Il y a deux ans, ils ont lancé un projet plutôt audacieux sur la plateforme de financement participatif Kickstarter : créer une raquette à partir d'un matériau inédit jusqu'ici dans le domaine. Selon eux, le même polymère qu'on retrouve tant dans les semelles de chaussures de course que dans certains tapis pour la maison, et ailleurs encore, permettrait de concevoir une raquette à la fois légère, durable et abordable.

« Elles sont faites entièrement de mousse. Elles flottent comme un papillon. On se sent comme si on faisait de la raquette sur la Lune », dit Jake Thamm.

Et en effet, le résultat est convaincant. La production de ces raquettes, simplement appelées EVA (du nom du polymère en question, de l'éthylène-acétate de vinyle), a débuté plus tôt cette année, et les premiers exemplaires sont enfin sur le marché. Les critiques sont élogieuses, et le prix de détail est resté compétitif.

Une innovation lente, mais régulière

Sur 4000 ans d'histoire, les innovations des dernières années dans la raquette semblent révolutionnaires. Sur un horizon moins lointain, c'est plus progressif, observe Benoît Lapierre, conseiller senior à la Mountain Equipment Coop spécialisé en sports d'hiver.

« De temps en temps, on voit des vagues de nouveaux matériaux apparaître, mais ça demeure assez marginal. »

Les grandes marques, MSR, Tubbs, Faber, s'en tiennent généralement à des formules éprouvées, se contentant d'améliorer certains composants, comme les courroies ou les crampons, poursuit-il.

Il y a quelques années, la marque américaine MSR a introduit le polymère dans les raquettes afin de les rendre plus légères. Ces derniers temps, plusieurs autres fabricants ont tenté de revoir les fixations, généralement très simplistes, de ces raquettes. Les courroies plus traditionnelles ne tiennent pas toujours fermement ou finissent par faire mal aux pieds.

L'an dernier, le fabricant québécois Faber a attisé la curiosité des amateurs de glisse hivernale avec ses S-Line, une sorte d'hybride à mi-chemin entre un ski de fond et une raquette. Leur format permet de glisser aisément en descente ou sur du plat, puis de reprendre le contrôle en ascension, un peu à la manière des skis de haute route.

Des nouveautés abordables

« On a encore une image très folklorique de la raquette, mais c'est un accessoire très technique », assure M. Lapierre, qui précise que ces innovations ne sont pas toujours synonymes d'un prix de détail plus élevé. Détail important, puisque c'est généralement le contraire qui se produit. Parlez-en à vos amis skieurs...

« En fait, le prix des raquettes varie davantage en fonction de l'usage : plus c'est spécialisé, plus ça coûtera cher », ajoute l'expert montréalais en plein air. Ça semble se confirmer avec les nouveautés de l'hiver qui s'en vient : tant du côté de Faber que de Crescent Moon, qui proposent des nouveautés parmi les plus innovatrices sur le marché, le prix de détail reste assez abordable.

Des modèles adaptés

Le poids et l'enjambée


Le détail le plus important : quel est votre poids ? Ça déterminera la taille idéale de vos futures raquettes, mais ce n'est pas le seul facteur à considérer non plus : certains modèles disent convenir à des poids variant de 70 à 120 kg (150 à 250 lb), mais renfonceront bien plus facilement dans la neige poudreuse si le poids est plus élevé... Ce qui fait qu'en plus du poids, il faut tenir compte de la longueur de l'enjambée, ce qui explique pourquoi les raquettes sont souvent vendues en version pour hommes (ayant une plus longue enjambée) et pour femmes (aux pas plus rapprochés).

Le type de terrain

Le type de terrain déterminera l'importance d'avoir différents types de crampons. Ça donnera aussi une bonne idée de la dimension et des matériaux composant vos raquettes : la neige poudreuse des champs entourant votre chalet requiert une raquette « flottant » davantage que les sentiers damés de la plupart des parcs nationaux, eux-mêmes à mi-chemin entre le hors-piste et la surface glacée du lac situé à proximité du chalet...

Le type d'activité

Les deux grands critères définissant une raquette sont sa flottaison, soit sa capacité à vous soutenir sur la neige, et son adhérence, qui est surtout l'affaire des crampons. Selon que vous partiez à la conquête de nouvelles contrées, à travers forêts, champs et lacs gelés, ou que vous vous contentiez de visiter des sentiers de neige compacte tracés d'avance, la combinaison de ces deux composants pourrait varier. Évidemment, la raquette n'est pas une science exacte, alors aussi bien considérer le confort également. À cet égard, il est conseillé de comparer les divers types de fixations et de pivot, qui auront un effet à long terme sur la qualité de vos sorties, peu importe la nature du sol.

Des nouveautés qui se démarquent

À la maison, au chalet ou à la montagne, voici de nouvelles pointures pour ne pas trop s'enfoncer dans la neige cet hiver.

Crescent Moon Eva

Le fabricant américain compare ses nouvelles raquettes en mousse d'éthylène-acétate de vinyle (EVA) au croisement entre une chaussure de course et un pneu d'hiver, et on comprend vite pourquoi : ce matériau est souple et rigide à la fois. Sa semelle courbée et son poids plume en font une raquette idéale (et silencieuse !) pour dévaler les sentiers à vive allure. 

210 $

TSL Symbioz Elite

La marque française TSL fait parler d'elle cet hiver avec ces raquettes qui ont des airs de ski alpin. Elles sont certainement très confortables, avec une semelle qui soutient tout le pied plutôt que seulement la pointe. Pour de longues randonnées sur des sentiers sans trop de poudreuse, ça fait une différence... à condition de ne pas jouer dans une neige poudreuse trop profonde...

330 $

MSR Evo Ascent

S'il vous prend l'envie de grimper vos sentiers de montagne favoris hiver comme été, ces raquettes faciliteront la tâche sans vous ruiner. Elles sont un peu courtes, mais sont légères et ont du mordant, même en pente. Le système d'attache est un peu simpliste, mais on finit par s'y faire. 

200 $

Faber S-Line

Ski de fond surdimensionné ? Raquette ultramince ? Difficile de définir clairement les S-Line, que le fabricant québécois Faber qualifie tout simplement de « raquettes à pas glissé ». Leur forme allongée convient bien à la glisse, en descente, tandis que leur structure a été pensée en fonction d'une remontée pas trop pénible. Le meilleur des deux mondes ? Pour sortir des sentiers battus, au propre comme au figuré...

200 $

Tubbs Mountaineer

Les raquettes Tubbs sont généralement plus longues et plus mordantes que les rivales, et les Mountaineer ne font pas exception. Ça en fait un modèle idéal pour les explorateurs qui comptent ouvrir de nouveaux sentiers tant dans le sous-bois que sur la surface glacée d'un lac. Seul défaut : ces raquettes ne sont pas les plus légères ni les plus abordables.

300 $

Kahtoola NanoSpikes

Pour le pleinairiste urbain, ces crampons feront mieux que des raquettes puisqu'ils assurent une bonne prise dans la glace ou la neige bien tapée, tout en étant conçus pour survivre au contact avec l'asphalte, le ciment ou toute autre surface dure. Les amateurs de course qui s'exercent même l'hiver apprécieront fort probablement...

54 $