Sept facteurs de risque supposés de la maladie d'Alzheimer, la plupart liés au style de vie, contribueraient à près de la moitié des cas dans le monde, suggère une étude présentée mardi à Paris à l'occasion de la Conférence internationale de l'Association Alzheimer (AAIC).

Selon un modèle mathématique construit par les chercheurs de l'Université de Californie (San Francisco), une réduction de 25% de ces facteurs de risque modifiables pourrait prévenir plus de 3 millions de cas d'Alzheimer dans le monde. Pour une réduction de seulement 10%, le gain potentiel serait déjà d'un million de cas.

Pour arriver à cette conclusion, l'équipe de Deborah Barnes a estimé le nombre de cas actuellement attribuables à chaque facteur de risque supposé dans le monde. Arrive en tête le faible niveau d'instruction (19%), l'activité intellectuelle semblant exercer un effet protecteur. Viennent ensuite tabagisme (14%), inactivité physique (13%), dépression (11%), hypertension (5%), obésité (2%), diabète (2%).

«Nous avons été surpris que des facteurs de style de vie tels que l'inactivité physique et le tabagisme puissent contribuer à un aussi grand nombre de cas de maladie d'Alzheimer que les maladies cardiovasculaires dans notre modèle», a déclaré le Pr Barnes.

Les chercheurs soulignent cependant que ces estimations reposent sur des suppositions importantes qui n'ont pas été prouvées : qu'il existe une relation de cause à effet entre les facteurs de risque examinés et la maladie d'Alzheimer et que le fait de les modifier diminuera le risque de développer la maladie.

Des observations antérieures avaient identifié un certain nombre de facteurs de risque modifiables, notamment les maladies cardiovasculaires et leurs propres facteurs de risque (hypertension...), le niveau d'activité physique et de stimulation mentale, ainsi que le régime alimentaire. Mais il n'est pas démontré que le fait de modifier ces facteurs de risque pourrait diminuer le nombre de cas de la maladie d'Alzheimer.

La prochaine étape consiste à réaliser des études à grande échelle pour savoir si le fait de modifier ces facteurs de risque peut effectivement diminuer le risque de développer la maladie, ont précisé les chercheurs.

Leurs résultats sont publiés en ligne dans la revue Lancet Neurology.

«La maladie d'Alzheimer est une urgence mondiale et nous devons accélérer la découverte de méthodes visant à la dépister et à la prévenir dès maintenant», a déclaré le Dr William Thies, responsable scientifique de l'Association américaine Alzheimer, cité dans un communiqué de l'AAIC.

Le nombre de malades d'Alzheimer et des démences apparentées devrait doubler en 20 ans dans le monde, passant de 35,6 millions aujourd'hui à 65,7 millions en 2030, selon des estimations de l'association Alzheimer's Disease International.