Le fabricant américain Tupperware, qui fête les 50 ans de l'arrivée en France de ses fameuses boîtes hermétiques, tente, devant une baisse de ses ventes, de déringardiser avec des ateliers culinaires la «réunion Tupperware» d'antan.

Toujours numéro un de la vente à domicile dans l'Hexagone malgré la concurrence d'autres fabricants et les ventes directes sur internet, Tupperware organise chaque année 500 000 ateliers «savoir-faire», animés par un réseau de 31 500 «conseillères de vente», dont, signe de très légère évolution, 5% d'hommes.

«Il y a eu une baisse de consommation entre 2000 et 2004 et il a fallu rajeunir l'image», reconnaît Denis Gruet, PDG de Tupperware France. D'où ce «virage» vers les ateliers culinaires, qui répondent selon lui au «retour du fait maison» et au fait que «de plus en plus d'hommes cuisinent».

Le virage semble réussi: Tupperware France a réalisé un chiffre d'affaires de 220 millions d'euros en 2010, en hausse de 20% sur 2009.

Sa clientèle ne se recrute plus uniquement parmi les femmes au foyer de 45 ans et plus, mais aussi parmi les jeunes actifs. «Un client sur dix aujourd'hui est un homme», assure Denis Gruet.

Les sociologues se sont penchés sur le phénomène Tupperware, comme Catherine Achin et Delphine Naudier, qui s'interrogent dans un article publié en 2009 («La libération par Tupperware?») sur sa contribution à «la diffusion des idées et pratiques féministes».

Dans «Tupperware: The Promise of Plastic in 1950's America» l'Américaine Alison J. Clarke explore l'objet dans ce qu'il révèle de l'homogénéisation des foyers américains dans l'Amérique d'après-guerre, autour de l'image d'une femme au foyer plus soucieuse de consommation que de lutte féministe.

«Si vous pensez que les réunions Tupperware sont des trucs de mémères qui auront bientôt disparu de la circulation, vous faites erreur. Aujourd'hui encore, il s'en tient une dans le monde toutes les trois secondes. Le récipient de plastique a connu depuis les années cinquante un succès planétaire, lié notamment à la performance de son réseau de vente directe», écrivait le magazine «Histoire d'entreprises» en 2009, retraçant la saga Tupperware.

Philippe Benito est un des maillons de ce «réseau de vente directe»: cet animateur d'ateliers culinaires a supplanté la gentille «démonstratrice» de réunions Tupperware des années 1970.

«Tupperware s'est déringardisé. Ce n'est plus la boîte hermétique de nos grands-mères», assure cet homme de 39 ans au sourire enjôleur rencontré lors d'un atelier accueilli chez elle près de Lyon par une «hôtesse» de Tupperware, récompensée d'un cadeau comme au bon vieux temps.

Avec la dizaine d'amies réunies par cette secrétaire de 24 ans, Philippe Benito a réalisé un brownie aux noix et un moelleux aux pommes dans des moules high-tech et avec des ustensiles Tupperware, produits phares d'une gamme que Tupperware ne cesse de moderniser, insistant sur le fait que le classique récipient en plastique est désormais en queue de ses ventes.

Parmi les participantes, Annie, 31 ans, confie qu'elle "ne cuisinait pas du tout" avant d'assister à son premier atelier.

Primé comme au bon vieux temps en fonction des commandes passées à l'issue de l'atelier, Philippe Benito l'a même convaincue d'en organiser un dans son entreprise à la pause déjeuner.