À l'aube de la quarantaine, le chef-vedette Martin Juneau explore une foule de nouvelles avenues qui le sortent de la cuisine et lui permettent de vivre sa passion pour le vin, son désir de rencontres inspirantes et son rôle d'ambassadeur de la convivialité. Au milieu de tout ça, un livre de recettes, beau et alléchant dans sa Simplicité culinaire.

Pour ce premier ouvrage mettant en vedette sa cuisine à lui et seulement à lui, le copropriétaire du Pastaga et du Cul-sec a fait appel à la lentille de Mickaël A. Bandassak. Le photographe travaille lui aussi dans la simplicité, en lumière naturelle et sans chichi. Le résultat : une exceptionnelle mise en valeur des plats. 

Le livre n'est qu'une des nombreuses occupations récentes de Martin Juneau. Aujourd'hui, le papa de deux petites filles, qui forme maintenant un couple médiatisé avec la sémillante animatrice Valérie Roberts, ne cache pas son envie de gagner décemment sa vie et de s'éloigner d'un métier qui use à la corde. Aussi préfère-t-il aujourd'hui porter le titre de « restaurateur » que celui de chef.

Le vent s'est mis à tourner lorsque le chef au sommet de son art, gagnant des Canadian Culinary Championships (2011), a participé à l'émission Et que ça saute. Peu après, il quittait le Newtown et ouvrait le Pastaga avec son associé Louis-Philippe Breton. Ont suivi le camion Monsieur Crémeux (et sa boutique), la petite cave à manger Cul-sec, l'épicerie de quartier Le Petit Coin, l'émission Les prix Juneau et quelques apparitions à Un chef à l'oreille. Diantre ! On l'a même vu aux Dieux de la danse, avec sa douce !

« C'est comme si j'étais en train d'apprendre une nouvelle carrière. Une carrière médiatique. Il y en a plein, des chefs qui font une super belle cuisine. Mais ça ne veut pas dire qu'ils seront à l'aise à l'écran. »

En effet, Martin Juneau a acquis une certaine assurance devant la caméra, ce qui en fait un candidat convoité pour une foule de projets et de collaborations. Le petit dernier, d'ailleurs, est une websérie qu'il produit lui-même avec Valérie Roberts, intitulée Amuse-bouches. On y voit le couple aborder des sujets épineux en bonne compagnie, comme le fait l'humoriste américaine Chelsea Handler, dans la série Chelsea Does sur Netflix. Le premier épisode d'Amuse-bouches peut être visionné à partir de la page Facebook de la série. Il traite du fait de s'exposer et de travailler en couple. L'argent, le mariage et la relève sont les prochains thèmes au menu.



La Presse photo Patrick Sanfacon

Martin Juneau, chef cuisinier vedette et  copropriétaire du Pastaga et du Cul-sec.

DE LA CUISINE À LA VIGNE

Mais le vrai de vrai dada de la coqueluche grisonnante, c'est le vin. Le bon jus naturel de petits vignerons artisans. Anciennement l'un des « associés » de l'agence Ward & Associés, le bon vivant a lancé son propre volet « importation » avec Louis-Philippe Breton. Les caisses qu'il fait venir au Québec sont destinées avant tout à ses propres restaurants, puis à quelques établissements amis.

« C'est rendu que la plupart des voyages que je fais sont des voyages de vin », constate celui qui est en train d'acheter une parcelle dans l'Hérault, en France, avec un ami vigneron.

Chose certaine, dans un avenir rapproché, Martin Juneau ne voit plus de nouveaux restos. Le mini-empire qu'il a bâti boulevard Saint-Laurent et rue Beaubien suffit amplement à le tenir occupé.

« Je trouve ça quand même un peu paradoxal de constater qu'avant, j'étais caché dans ma cuisine 80 heures par semaine, je m'arrachais les cheveux avec des employés qui me lâchaient pour aller travailler au resto d'à côté pour quelques cennes de plus de l'heure. Puis maintenant que je suis sorti de ma cuisine, que je m'expose plus, je me fais peut-être critiquer, des fois, mais je me fais aussi arrêter dans la rue par des gens qui me disent que je les inspire à cuisiner. »

photo fournie par les éditions La Presse

Simplicité culinaire, de Martin Juneau, aux Éditions La Presse.

SUREXPOSÉ, MARTIN JUNEAU ?

« Là, je surfe sur une vague, c'est sûr. Les gens me proposent toutes sortes d'associations. J'en refuse beaucoup, qui ne me ressemblent pas. Mais moi, je considère que je n'ai fait que des bonnes associations dans ma carrière, que ce soit avec Catelli, avec la boulangerie Ace, avec Boulangerie Québec, etc. Même celle pour laquelle les gens m'ont beaucoup critiqué [une publicité pour McDonald's] m'a sauvé la vie ! J'étais endetté jusqu'au cou après la faillite de la Montée de lait. »

S'EXPOSER EN COUPLE, OUI OU NON ?

« Valérie [Roberts] est très présente sur les réseaux sociaux. Au début, on ne voulait pas s'exposer, puis les autres l'ont fait pour nous ! Après, on ne voulait pas travailler ensemble, puis on a commencé la websérie Amuse-bouches. Jusqu'à maintenant, ça semble marcher. On ne reçoit pas de commentaires négatifs. »

EXPOSER SES RECETTES, POURQUOI ?

« Pour le plaisir, surtout. Ce n'est pas un livre sur le Pastaga. C'est un livre qui reflète ma manière de cuisiner, qui est plutôt simple, même si parfois technique. Chaque ingrédient est décliné en plusieurs recettes, de la plus simple à la plus "compliquée". »

S'EXPOSER AILLEURS, MAIS OÙ ?

« Je considère que je ne suis plus vraiment un chef. Le chef, c'est celui qui est en cuisine. Dans le cas du Pastaga, c'est Jean-Christophe Desfossés. Je suis un restaurateur, oui, mais je ne suis plus cuisinier. Je suppose que j'ai maintenant une nouvelle carrière médiatique. Et ma vraie passion, pour l'instant, c'est le vin. »