Pendant que les fromages fins gagnent en popularité auprès des Québécois, la mozzarella et les autres fromages dits «à pizza» ou en tranches sont de plus en plus boudés. Après une augmentation continue de leur consommation de 2003 à 2008, ces fromages ont en effet perdu du terrain l'an dernier, avec une consommation de 12,7 kg par personne, soit à peine 0,2 kg de plus qu'en 2003.

Les fromages de spécialité, sur la sellette depuis la signature de l'accord de libre-échange avec l'Union européenne, occupent toujours plus d'espace dans le réfrigérateur des Québécois. Il en va de même pour le cheddar. Dans son dernier rapport annuel, publié récemment, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) note que la consommation de ces deux catégories de fromage a augmenté - de 76% en 2003 à 79% en 2012.

Selon Félicien Hitayezu, expert du MAPAQ, les données sur les produits laitiers laissent aussi entrevoir un impact positif du récent baby-boom sur cette catégorie de produits. Au cours des cinq dernières années, le MAPAQ a en effet enregistré une certaine croissance dans le lait concentré (0,4 litre par personne), le lait au chocolat (0,3 litre), la crème et le yogourt. Mais le verre de lait est un peu moins prisé: sa consommation est passée de 83,3 litres par habitant en 2003 à 77,3 litres en 2012.

La directrice du marketing de la Fédération des producteurs de lait du Québec, Nicole Dubé, préfère ne pas s'aventurer sur le terrain politique glissant du déclin du fromage à pizza. Elle estime toutefois que la promotion du lait au chocolat comme boisson à consommer après un effort physique intense et la mise en marché de lait au chocolat fin jouent en faveur des Québécois. «Quand on regarde les autres provinces, on observe une augmentation de la consommation du lait au chocolat de 10,5% au Québec, versus 3,8% en Colombie-Britannique. En ce qui concerne le lait de consommation, il faut souligner que la baisse touche aussi le Canada, ainsi que l'Europe.»

Largement grâce aux oeufs, qui font davantage partie du régime alimentaire des Québécois, la catégorie «oeufs et produits laitiers» demeure en tête dans les dépenses alimentaires avec une augmentation de 2,8%, pour des ventes qui atteignaient 2,650 milliards en 2012. 

L'alcool et la volaille en hausse

Les données démontrent aussi que les Québécois sont de grands buveurs, puisque les ventes de boissons, incluant l'alcool, occupent encore la deuxième position - 2,498 milliards, en hausse de 4%. La viande arrive en troisième, malgré un déclin pour les pièces rouges, surtout grâce à la volaille qui est en hausse, avec 2,424 milliards de ventes l'an dernier.

Grâce à ces données, le MAPAQ est en mesure de faire des prévisions sur les dépenses alimentaires des Québécois dans le commerce de détail jusqu'en 2022. Son étude démontre que la population tend à manger moins, et différemment, en adoptant résolument le régime méditerranéen. Paradoxalement, les chiffres démontrent qu'il s'est vendu moins de poissons et de fruits de mer (diminution de 1,4 kg par personne l'an dernier). Cette baisse pourrait toutefois être attribuable à un attrait moindre pour les produits surgelés et aux prix plus élevés dans les poissonneries.