Un hasard qui en dit long: quand trois entreprises différentes dévoilent le même jour leur propre solution de développement de sites web mobiles destinés aux PME, c'est qu'une tendance forte se dessine à court terme dans ce créneau. En tout cas, la mobilité n'aura jamais été si séduisante qu'aujourd'hui.

Deux de ces entreprises sont québécoises. Développement Axial et InstaMobile veulent littéralement «mobiliser» les commerçants, à l'aide d'outils simplifiés de développement vendus à prix modique. Compatible avec pratiquement tous les appareils mobiles surfant sur l'internet, un site mobile créé au moyen de ces services ne coûtera qu'une dizaine de dollars par mois. À titre comparatif, la création d'une application pour l'iPhone, d'Apple, coûte au bas mot des dizaines de milliers de dollars...

«Un marchand typique n'a pas les moyens de payer pour ça. Heureusement, un site mobile génère le même genre d'achalandage. Sa fonction est précise : transformer les gens qui passent devant sa vitrine en acheteur», résume Émile Girard, développeur d'InstaMobile. Ce service a été créé en collaboration avec six commerces montréalais qui, après essai, ont unanimement renouvelé leur partenariat avec M. Girard.

De son côté, Développement Axial a dévoilé Ekomobi mardi dernier à Sherbrooke. Le service est similaire à celui d'InstaMobile. Développement Axial juge cette transition vers le mobile vital pour les petits commerçants. D'ici 2015, la consultation de sites mobiles sera plus importante que celle de sites traditionnels, affirme Daniel Giroux, son président.

«Les téléphones intelligents ne servent plus qu'à téléphoner. Ils représentent 10 % des recherches sur Google en ce moment. Ils en constitueront plus de 40% dans deux ans.»

Cela dit, comme un site classique, un site mobile n'est pas un succès garanti. Les outils pour analyser et maximiser le rendement de cet investissement sont toutefois nombreux. «On peut cibler géographiquement, créer un publipostage, générer des bons rabais sur mesure, et voir ce qui marche bien ou moins bien», explique Émile Girard

Sur les traces de Google

Mardi dernier encore, le géant californien Google a annoncé le programme GoMo. GoMo, pour «Go Mobile», est un site web d'information pour marchands et commerces désireux de passer à l'internet mobile.

S'il a le choix, un mobinaute (internaute mobile) à la recherche d'un produit précis ira l'acheter à la boutique qui aura su le lui présenter convenablement sur son téléphone, assure Jesse Hains, responsable du projet. «Une majorité de marchands perdent des centaines de ventes chaque semaine en raison d'un site web qui ne s'affiche pas correctement sur un appareil mobile.»

Naturellement, la société californienne prêche pour sa paroisse. Elle souhaite accélérer la création de sites accessibles à partir des téléphones intelligents animés par son système Android. Supplanté par Apple dans le marché des applications, Google se rabat donc sur le web mobile.

Sa stratégie est simple: plus de sites web mobiles, plus de revenus publicitaires pour sa plateforme Android. D'un milliard de dollars en 2010, ces revenus devraient bondir à 2,5 milliards cette année. Ce n'est pas fini: Google vient de dévoiler toute une palette de nouveaux placards publicitaires de format mobile visant à profiter un peu plus de cette offensive.

Pour des services comme Ekomobi et Instamobile, voilà qui tombe à point : ça stimule grandement l'intérêt des PME. «Pour nous, c'est très gros. C'est comme si Google avait développé notre plan de commercialisation! Ça va éveiller beaucoup de commerçants d'un seul coup», conclut Émile Girard.