C'est finalement le mois prochain que Research in Motion (RIM) offrira une importante mise à niveau du logiciel de sa tablette PlayBook. Prévu pour l'automne dernier, le Tablet OS 2.0 arrive trop tard au goût des analystes, qui ne voient pas l'entreprise de Waterloo, en Ontario, regagner le terrain perdu dans ce créneau dominé par Apple, Amazon et Google.

La mise à jour offerte dès février est imposante. Elle corrige la principale lacune de la tablette BlackBerry: l'absence des applications de bureautique du téléphone BlackBerry, comme la messagerie et la gestion des contacts. Jusqu'ici, il faut relier la tablette à un téléphone BlackBerry pour pouvoir y arriver. Le Tablet OS 2.0 ajoute à ces nouveautés une intégration complète des principaux médias sociaux, une fonction d'appels vidéo et, pour couronner le tout, un outil de transfert des applications offertes sur la plateforme Android.

RIM estime que 60% des quelque 340 000 titres présents sur le marché d'applications du système Android, de Google, fonctionnent déjà sur la PlayBook. Le fabricant pense que ce seront avant tout des jeux qui feront le saut, mais il affirme travailler étroitement avec de nombreux développeurs pour accélérer le processus.

«C'est une mise à niveau qui va plaire aux gens déjà familiers avec la plateforme BlackBerry, mais elle s'adresse aussi au grand public. Nous avons voulu proposer une tablette capable de faire le travail quand c'est nécessaire, mais qui sait aussi s'amuser», résume Michael Wenley, responsable de la Playbook pour RIM, à Waterloo.

Étroite marge de rentabilité

Le Tablet OS 2.0 sera la seule nouveauté dans le marché des tablettes en 2012, dit l'entreprise. Dotée d'un écran de 7 pouces et vendue à bas prix, la Playbook devrait tout de même connaître un sursaut de popularité, avec des ventes prévues de 1,7 million d'exemplaires, pour l'année à venir.

«C'est encourageant pour les résultats de RIM à moyen terme», note Shaw Wu, analyste pour la firme Sterne Agee, et qui a assisté à la présentation de RIM au Consumer Electronic Show, à Las Vegas. «Le nouveau logiciel réduit les risques que l'entreprise manque ses cibles», conclut-il. M. Wu attribue toujours une cote neutre à l'action du fabricant canadien.

Cela dit, les chances que RIM rattrape Apple, Samsung ou même Amazon dans le marché des tablettes demeurent très minces. Amazon a fait flèche de tout bois ces derniers mois avec sa propre tablette bon marché, la Kindle Fire. Samsung, de son côté, semble intouchable du côté des tablettes Android, grâce à une gamme très complète de tablettes de toutes tailles, plus performantes et plus puissantes que la Playbook, à un prix parfois à peine supérieur.

«La PlayBook s'est bien vendue lorsque son prix a été fortement réduit. Il est difficile d'imaginer comment RIM pourra faire de l'argent avec ce produit en 2012», résume Matt Thornton, d'Avian Securities, à Boston.

Hier, le titre de RIM a gagné 15 cents pour clôturer à 15,92$ à la Bourse de Toronto.