Sundar Pichai, le patron de Google, l'une des entreprises les plus à la pointe de l'intelligence artificielle (IA), estime qu'il est légitime de s'inquiéter de son application, mais juge que les entreprises sont capables de s'autoréguler.

Dans une entrevue publiée mercredi par le Washington Post, quotidien détenu par Jeff Bezos, le fondateur d'Amazon, un autre « grand » de l'AI, Sundar Pichai estime que les entreprises actives dans ce domaine - qui promet une révolution de l'ampleur de la révolution industrielle - doivent en priorité mettre en place des règles éthiques régulant l'usage de ces nouveaux outils informatiques extrêmement puissants.

« Réguler une technologie naissante est difficile, mais je pense que les entreprises devraient s'autoréguler », déclare M. Pichai.

L'argument n'est pas propre à la haute technologie et a été avancé de longue date par le secteur privé pour éviter toute ingérence de la puissance publique, arguant qu'il y avait un risque d'étouffer dans l'oeuf l'innovation.

Les critiques de cette approche estiment au contraire que le conflit d'intérêts inhérent à cette approche est dangereux.  

M. Pichai affirme que Google a bien pris les devants. « C'est pour cela que nous avons fait beaucoup d'efforts pour essayer de mettre sur pied des principes en matière d'IA. Je ne dis pas que nous avons tout juste, mais pour nous il était important d'entamer un débat », dit-il.

« Je pense que le secteur de la tech doit réaliser qu'il ne peut pas juste le bâtir et le réparer ensuite. Je pense que cela ne peut pas marcher », insiste M. Pichai.

Aux États-Unis, Google, Amazon, Microsoft, Apple, Facebook et même « l'ancêtre » IBM font la course dans ce domaine encore relativement nouveau et dont les possibilités n'ont pour l'heure qu'été effleurées.

L'IA est aujourd'hui utilisée pour les voitures autonomes, les haut-parleurs connectés ou comme filtre pour enlever des contenus indésirables d'un réseau social. Elle permet déjà d'automatiser la reconnaissance faciale à des fins de répression, et pourra piloter à terme des armes létales autonomes.

Le débat fait rage aujourd'hui entre ceux qui y voient une menace existentielle et ceux qui au contraire estiment que l'IA est une chance.

M. Pichai est dans ce camp.

En juin, Google a publié une série de principes guidant sa recherche et son usage de l'IA, avec comme principe fondateur que l'IA doit profiter à la société.

« Google étant une meneuse en IA, nous nous sentons profondément responsables de ne pas nous tromper », avait alors écrit M. Pichai dans un blogue.

Google s'était notamment engagé à ne pas aider à développer des armes ou des outils permettant de violer les droits de la personne.