Le genou gauche de Geneviève Simard fait encore des siennes. Ce n'est pas un retour à la case départ, mais la skieuse de Val-Morin doit encaisser un sérieux recul en cette cruciale année olympique.

Après une première phase de 10 jours très encourageante, Simard a été forcée de couper court à un camp d'entraînement sur neige en Nouvelle-Zélande, il y a un mois.

Non, son genou opéré au printemps 2007 ne l'a pas lâchée. Mais une injection de nature préventive, visant à lubrifier l'articulation, a mal tourné. Simard a constaté les dégâts le lendemain matin.

«Mon genou était comme un pamplemousse, a relaté l'athlète de 29 ans lors d'une entrevue téléphonique en début de semaine. Je n'étais pas capable de le plier ou de le déplier, je n'étais pas capable de marcher. Ça n'allait vraiment pas bien.»

Depuis sa délicate opération, Simard avait reçu quatre ou cinq injections de Syndisc, le lubrifiant en question. Or, un élément de ce produit peut occasionnellement provoquer une inflammation. «Il y a cinq ou 10 % des chances que ça arrive et j'étais à l'aise avec ça. Je n'avais jamais eu de problèmes avant», a-t-elle dit.

Le lendemain, on a procédé à un drainage du genou. Dans l'espoir de revenir sur ses planches au plus tôt, surtout qu'elle avait annulé deux camps au printemps pour se reposer, Simard a ensuite multiplié les séances en piscine; elle a repris doucement les exercices de musculation. Mais la douleur est réapparue quand elle est retournée sur les pentes, huit jours plus tard.

«C'était le même feeling que d'essayer des souliers deux pointures trop petites, a-t-elle illustré. Ça rentre, mais c'est vraiment serré.»

«Vraiment déprimant»

Déjà ébranlée après un hiver frustrant, son moral en a pris un coup. «C'était vraiment déprimant.»

Ses malheurs se sont poursuivis à son retour à la maison, où une simple marche avec son chien pouvait subitement réveiller la douleur.

Au moins, elle a reçu la confirmation que son genou n'avait pas été endommagé davantage. Et depuis une semaine, les choses se sont replacées. Histoire de changer d'air, Simard est partie au Vermont, lundi, y retrouver un physiothérapeute qui la suit depuis 10 ans.

La saison de Coupe du monde s'ouvre le 24 octobre avec le traditionnel slalom géant de Sölden, en Autriche. La Québécoise ne sait toujours pas si elle pourra y participer. «Je n'ai pas testé mon genou et ma forme physique suffisamment pour prendre une décision éclairée, a-t-elle souligné. Les deux prochaines semaines seront décisives.»

Non qualifiée pour les Jeux olympiques de Vancouver, Simard sait que le temps presse. Après Sölden, cinq slaloms géants sont prévus avant la fin de la période de qualification, le 25 janvier.

Simard, dont le meilleur résultat l'hiver dernier a été une 14e place, devra finir deux fois parmi les 12 premières ou obtenir un top cinq pour satisfaire aux critères du Comité olympique canadien.

Rien d'impossible, sauf que la réduction inattendue de la taille maximale de l'équipe olympique de ski alpin - de 22 à 14 - complique les choses. Spécialiste du slalom géant depuis la guérison de sa blessure, Simard sait très bien que les dirigeants privilégieront une skieuse plus polyvalente en cas de résultats équivalents.

«Je veux m'arranger pour que le choix soit clair», a lancé celle qui s'est classée cinquième aux derniers Jeux de Turin.

Pas question pour autant de précipiter les choses. Simard ne reviendra pas en Coupe du monde tant qu'elle ne sera pas parfaitement remise et en bonne condition physique, seule façon à ses yeux d'obtenir des résultats à la hauteur de ses attentes.

À sa 14e saison dans l'équipe nationale, elle dit aborder ce défi olympique avec sérénité, tout en reconnaissant que ce sera «stressant».

«C'est sûr que c'est un rêve de petite fille, mais je ne vais pas mourir non plus, a philosophé Simard. Je ferai tout en mon pouvoir pour y arriver, je travaillerai fort tous les jours, mais je n'en perds pas le sommeil non plus.»