Alors qu'ils dominaient autrefois l'équipe canadienne olympique de longue piste, les patineurs québécois sont aujourd'hui réduits à un statut minoritaire.

Comme à Turin il y a quatre ans, il n'y aura que trois Québécois aux Jeux de Vancouver, sur une délégation de 18 patineurs. En plus de Mathieu Giroux (voir texte en page 5), Clara Hughes, qui est née à Winnipeg et s'entraîne à Calgary, et François-Olivier Roberge, de Québec, seront les seuls représentants de la province. Tout un changement en deux décennies: en 1988, à Calgary, 13 des 16 patineurs venaient du Québec.

Roberge, 16e au 1000 m à Turin, s'est qualifié de justesse sur la distance, la semaine dernière, son temps de 1:08.66 lui valant la quatrième et dernière place disponible, derrière Jeremy Wotherspoon, Denny Morrison et Kyle Parrott. Il a terminé la course avec une avance d'à peine trois centièmes sur l'Albertain Jamie Gregg.

Cette qualification à l'arraché est néanmoins très méritoire, quand on sait dans quelles conditions s'entraînent les patineurs affiliés au centre national Gaétan-Boucher, à Québec. Faute d'anneau couvert, qu'on leur fait miroiter depuis des années, Roberge et ses coéquipiers passent leur vie dans leurs valises, entre Québec, l'Europe, Calgary et Richmond, où auront lieu les épreuves de longue piste lors des Jeux de Vancouver.

«On va avoir des questions à se poser quand on va analyser tout ça à la fin de la saison, dit Roberge. Tout l'été, on n'a jamais passé plus de deux semaines à un endroit. Côté vie personnelle, je ne veux plus jamais refaire ça. Ça m'a drainé. Depuis juin, on a passé plus de la moitié de notre temps à l'extérieur. Quand la saison a commencé en octobre, on était déjà lassés de patiner.»

Les deux autres patineurs de Québec qui faisaient partie de l'équipe de Coupe du monde cet automne, les sprinters Vincent Labrie et Muncef Ouardi, n'ont pas obtenu leur billet pour Vancouver.

Après une brillante carrière junior et une participation précoce aux Jeux de Turin, où il n'avait que 20 ans, Roberge a connu des résultats plus modestes au cours des dernières années. Il n'arrêtera pas de rêver à un podium, mais il est suffisamment pragmatique pour constater que l'objectif sera extrêmement difficile à atteindre à Vancouver. «Pour l'instant, je vise un top 10 olympique. Si je finis huitième ou neuvième, je ne pourrais pas être déçu. C'est un objectif réaliste.»