«Les Jeux olympiques d'hiver, c'est le ski alpin et un gros tournoi de hockey!» C'est un confrère de Sports Illustrated qui résumait ainsi les Jeux de Vancouver.

C'est peut-être vrai aux États-Unis, mais c'est plus complexe dans le reste du monde. Les Hollandais sont des maniaques du patinage longue piste, plusieurs nations tripent sur le ski acrobatique, d'autres sur les courses endiablées de la courte piste. Et les Scandinaves, les Russes et d'autres pays sont des fans éperdus du ski de fond.

N'empêche que le tournoi olympique de hockey demeure la pièce de résistance des Jeux. C'est bon pour les cotes d'écoute, ça amène de très grandes vedettes populaires russes, slovaques, canadiennes, tchèques, suédoises ou finlandaises aux Jeux. Crosby, Malkin, les Sedin, Jagr et compagnie sont de formidables têtes d'affiche.

À Nagano, la Ligue nationale avait beaucoup à gagner à participer au tournoi olympique. C'était les Jeux précédant Salt Lake City et ils devaient servir de grande répétition pour attaquer le marché américain en 2002.

Les Jeux de Turin étaient parfaits pour faire oublier le lock-out d'une saison. Et puisqu'on s'en venait à Vancouver, encore là la Ligue nationale y trouvait son compte.

Mais pour 2014, à Sotchi, loin à l'est de Moscou dans la vaste Russie, les intérêts de la Ligue nationale sont plus difficiles à cerner. Pourquoi on irait à la limite de la Sibérie pour populariser encore davantage le hockey dans le pays de la Ligue continentale, le circuit qui fait compétition à la Ligue nationale?

Avec un décalage horaire de huit ou neuf heures, comment on va faire pour répondre aux besoins de la riche télévision américaine, qui veut du hockey en heures de grande écoute?

C'est quoi l'intérêt des 30 propriétaires d'équipe de la Ligue nationale?

René Fasel, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, est un habile négociateur. Et Gary Bettman l'a montré lors du dernier conflit opposant les joueurs et la Ligue, il peut être un négociateur féroce.

Les deux hommes se font des sourires en public, mais quand ils se retrouvent devant une table pour discuter de l'avenir du hockey aux Jeux olympiques, ils savent parfaitement que la situation a changé. Le poids pèse lourd du côté de la Ligue nationale.

Si la Corée reçoit les Jeux d'hiver en 2018 comme on le pense, il va falloir que M. Fasel soit extraordinairement inventif et créatif dans son approche. Ces négociations sont déjà commencées par l'entremise des journaux et de la télé. Les deux sont à Vancouver et les deux font des sourires, mais il est évident que Gary Bettman est en demande. C'est lui qu'il faudra convaincre que la Ligue nationale est gagnante à participer aux Jeux de 2014 et de 2018.

Mercredi, M. Fasel, pour qui j'éprouve un respect immense et dont j'admire la fermeté de ses décisions bien cachée sous un sourire charmeur, a parlé de grande fête du sport de deux semaines aux quatre ans. Mais les beaux mots et les grands sentiments ne seront pas suffisants.

Il faudra que le CIO verse du concret dans les coffres de la Ligue nationale. Je ne sais pas comment, mais les Jeux d'hiver auront plus besoin de la Ligue nationale que la Ligue nationale a besoin des Jeux. Dans toute négociation sérieuse, arrive un moment où c'est la force de la position qui permet à une partie d'imposer sa volonté.

Quand on arrive à ce point, l'autre partie doit compenser par des faveurs ou de l'argent. C'est comme ça que ça se passe depuis qu'Ève a convaincu Adam de lui donner une pomme.

C'est simple. Tous les amateurs de hockey veulent que les joueurs de la Ligue nationale participent aux Jeux olympiques. Tous les meilleurs joueurs désirent représenter leur pays et jouer dans le plus grand tournoi au monde.

Mais ce sont les propriétaires qui ont le pouvoir, à moins que les joueurs n'imposent leur participation aux Jeux olympiques dans le cadre de leurs propres négociations. De toute façon, ça va coûter des dizaines de millions à quelqu'un.

Vous commencez à imaginer un peu la complexité des games qui vont se jouer. Bettman et les joueurs, Fasel et les dirigeants des fédérations russes et européennes, puis Bettman et Fasel et le CIO...

À la toute fin, il va y avoir une conférence de presse. Où on va vous remplir de belles phrases sucrées qu'il ne faudra surtout pas croire.

Lysacek et Plushenko, pas de controverse?!?

À minuit et douze, heure de Montréal, j'écrivais donc que la victoire d'Evan Lysacek, l'Américain, contre le tsar russe Evgeni Plushenko avait été belle et nette. Pas de controverse dans l'édifice. Tellement pas de controverse que le premier ministre russe Poutine s'en est mêlé pour fustiger les juges qui ont volé l'or au tsar. Tellement pas de controverse que dans la nuit, Elvis Stojko, l'ancien grand champion canadien, parlait d'une nuit noire et d'un recul de 20 ans pour le patinage artistique international. Tellement pas de controverse que Tiger Woods et Claude Mailhot devaient s'excuser en même temps pour des sujets relatifs à la sexualité!

Pas de controverse? C'est ce qui s'appelle avoir le sens de la nouvelle!

Qu'est ce que vous voulez que je vous dise? Evan Lysacek a été plus parfait dans son programme que Plushenko. Cependant, je reconnais facilement que Plushenko a réussi un quadruple que Lysacek n'a même pas tenté. Mais si le système de pointage favorise davantage les artifices artistiques que les qualités purement athlétiques, ce n'est pas de mon ressort. Selon les règles actuelles, Lysacek méritait l'or. Personnellement, j'aime mieux Plushenko, mais je ne suis pas juge.

DANS LE CALEPIN - Jaroslav Halak vient de faire aux Russes ce qu'il a fait pour le Canadien toute la saison. Voler des matchs de hockey. J'espère que Carey Price se repose bien en attendant de reprendre le collier. Si Halak est échangé, il va avoir du travail sur la table.

 

Photo: AP

René Fasel, le président de la Fédération internationale de hockey sur glace, est un habile négociateur.