Gardienne de but de l'équipe canadienne de hockey féminin, Kim Saint-Pierre ne se contente pas de s'entraîner sur la glace et au gymnase. Grâce à la réalité virtuelle, elle exerce son cerveau et développe ses réflexes... en 3D!

Au-delà de leurs aptitudes physiques, les grandes légendes sportives telles que Wayne Gretzky, Michael Jordan et Roger Federer auraient une aptitude particulière à prendre des décisions rapides et efficaces dans le feu de l'action. Mais saviez-vous qu'on peut muscler ses neurones? L'an dernier, des chercheurs de l'École d'optométrie de l'Université de Montréal ont démontré que le cerveau des athlètes peut être entraîné au même titre que les muscles.

 

Des athlètes d'élite ont vu leur performance perceptivo-cognitive augmenter de 53% en moyenne après quatre séances d'entraînement attentionnel en chambre d'immersion 3D. «On a même observé des pics de performance de 150% par rapport à la performance de base. C'était bien au-delà de nos attentes», indique l'orthoptiste David Tinjust, instigateur de la recherche.

Parmi les exercices proposés, les sujets de l'étude doivent suivre du regard des balles qui se déplacent de plus en plus rapidement et désigner celles qui avaient changé de couleur pendant quelques secondes. «Cet entraînement convient surtout aux sports collectifs où l'on reçoit simultanément de multiples informations visuelles «, affirme M. Tinjust.

Kim Saint-Pierre a participé à l'étude. Elle compte bien réitérer l'expérience après les Jeux olympiques. «C'est intéressant pour un gardien de but, confie-t-elle. Ça m'aide à prendre des décisions plus rapidement dans un environnement où je dois suivre la rondelle, mais aussi voir mes coéquipières et les joueuses adverses.»

Si les résultats sont concluants en laboratoire, on ne connaît pas encore leur impact réel sur le terrain. «J'aimerais étudier l'efficacité de l'entraînement du cerveau dans l'action. C'est la prochaine étape», explique David Tinjust. L'impact sur la performance peut être grand, selon lui. «Si on arrive à aller chercher une amélioration de 1 ou 2%, ça peut faire la différence entre la défaite et la victoire.»

Les chercheurs ont breveté leur technologie. En novembre, la firme Cognitive Sensing a annoncé qu'elle mettra au point et commercialisera des simulateurs portatifs sous forme de casque 3D pour rendre plus accessible cet entraînement nouveau genre.

«Nous sommes dans une nouvelle ère, avance David Tinjust. Les gens sont conscients de la plasticité du cerveau, mais on a peu investi dans cet aspect de la performance sportive. Des exploits qui paraissent aujourd'hui surhumains vont devenir presque communs avec l'entraînement cérébral.» Avis à ses rivaux, le club de soccer Manchester United a déjà manifesté son intérêt.