Deux des trois meilleures joueuses au monde. Peu, voire pas de rythme. Une guerre de bris – il y en a eu 19. « Un peu comme des montagnes russes », a résumé Jessica Pegula après avoir vaincu la numéro un mondiale, Iga Świątek, et avoir obtenu son billet pour la finale de l’Omnium Banque Nationale, samedi après-midi.

Pegula, 3e mondiale, l’a remporté en trois manches de 6-2, 6-7 (4) et 6-4. C’est donc ici que s’est arrêté le parcours d’Iga au stade IGA – permettez-nous ce jeu de mots une dernière fois.

« C’est toujours plaisant de vaincre la meilleure joueuse au monde », a laissé tomber Pegula, une heure après sa victoire.

On imagine sans peine.

Mais disons que ça n’a pas été simple.

Pour tout dire, aucune des deux joueuses n’a connu un grand match. Aucune n’a réussi à établir son rythme. Pour résumer sommairement, Świątek a été brisée 11 fois et Pegula, 8. Cette dernière a néanmoins réussi à exploiter davantage les erreurs de son opposante polonaise, pour qui rien ne fonctionnait comme prévu.

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Jessica Pegula

Cette semaine, on dirait qu’on a toutes des problèmes avec notre service, même celles qui sont les meilleures à ce chapitre sur le circuit. C’est bizarre. On dirait que les conditions [font en sorte que la balle] tourbillonne.

Jessica Pegula

C’est aussi la première fois que les joueuses testent les balles Wilson Extra Duty – plutôt que les Regular Duty –, qui sont les balles utilisées du côté masculin, a-t-elle rappelé. « Je pense qu’elles sont un peu plus lourdes, alors elles n’ont pas le même effet sur la raquette, ou bien nous n’y sommes simplement pas habituées. »

Toujours est-il que l’athlète de 29 ans atteint la finale de l’OBN pour la première fois de sa carrière. En 2021 et en 2022, son parcours s’était arrêté en demi-finale.

« J’espère que la troisième fois sera la bonne et que je gagnerai le tournoi aussi demain », de dire la principale intéressée.

Les péripéties

Dès le début de la première manche, on a compris que ce match ne serait pas simple. Les deux joueuses se sont échangé les bris à deux reprises avant que Pegula ne remporte finalement un premier jeu au service pour prendre les devants 4-2 en première manche.

Les mésaventures de Świątek, elles, se sont poursuivies. À sa quatrième présence au service, la Polonaise a été brisée une quatrième fois. C’est comme si rien ne fonctionnait pour la numéro un mondiale. La volonté y était, mais pas la précision. Trop souvent, elle commettait des erreurs en tentant le coup gagnant.

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Iga Świątek

Après ce premier set, Świątek a quitté le terrain avec son journal et sa serviette, comme elle l’avait fait la veille face à Danielle Collins. Elle est revenue quelques minutes plus tard et a semblé retrouver un peu de son aplomb au début du deuxième set. Elle a remporté les deux premiers jeux, mais les montagnes russes ont repris ensuite.

Les joueuses se sont brisées sept autres fois dans cette manche, jusqu’à devoir disputer un jeu décisif.

Au jeu décisif, Świątek tirait de l’arrière 4-2 quand la chanson Cotton Eye Joe s’est mise à jouer en plein échange. Pegula allait frapper la balle au moment où l’arbitre a demandé que Świątek reprenne son service. Là, la foule s’est mise à scander « Let’s go, Iga, let’s go ! ». La Polonaise a remporté les cinq points suivants, forçant la tenue d’une troisième manche.

« J’ai juste trouvé ça drôle, a déclaré Pegula à ce sujet. Ça ne m’est jamais arrivé, encore moins avec Cotton Eye Joe. Je me disais : est-ce que c’est vraiment en train d’arriver ? De toutes les chansons… »

« Je ne sais pas si j’aurais gagné le point. Peut-être. J’aurais mené 5-2, mais cela ne veut pas dire que j’aurais gagné le jeu décisif », a-t-elle ajouté.

Dans le set ultime, Świątek a pris les devants 4-2, mais Pegula avait tiré des leçons des deux heures qui venaient de passer. Elle savait que rien n’était joué. L’Américaine s’est approprié les quatre jeux suivants pour, enfin, décrocher son billet pour la finale.

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Jessica Pegula

« Je commençais à être frustrée de ne pas garder mon service, mais en même temps, je savais qu’elle avait des problèmes avec le sien aussi. […] En gros, il s’agissait de voir qui pourrait consolider le bris », a expliqué Pegula au sujet de cette fin de match.

Świątek, toujours peu expressive en conférence de presse, avait de la difficulté à expliquer les évènements.

« Je ne sais pas trop ce qui est arrivé quand je menais, a-t-elle dit. Je vais devoir regarder et analyser le match parce qu’elle se battait pour chaque point, et moi aussi. Ç’a été un match compliqué. »

Une bière pour célébrer ?

Ce n’était que la deuxième fois en 2023 que Pegula accédait à la finale d’un tournoi ; la dernière fois, c’était à Doha, en février, et elle avait été battue par… Iga Świątek. Cette fois-ci, elle affrontera soit Liudmila Samsonova, soit Elena Rybakina, deux joueuses moins bien classées qu’elle.

Après la rencontre, samedi, une vieille vidéo de Pegula a refait surface sur les réseaux sociaux. On y aperçoit l’Américaine, Heineken à la main en conférence de presse après une défaite contre Świątek aux Internationaux des États-Unis il y a un an.

« Peut-être que je m’accorderai une bière après le tournoi », a laissé tomber Pegula en riant.

Pour l’instant, l’heure est au repos et à la préparation. Parce que son premier triomphe de l’année est à sa portée.